BRAQUAGE OU MISE EN SCÈNE: Le trajet du fourgon, la clé du mystère du butin de Rs 30 M

Le mystère de la disparition de pierres précieuses, soit 40 kilos de lingots d’or et 120 kilos d’argent évalués à Rs 30 millions, ne pourra être élucidé que par les témoignages des deux employés de la Société Mauricienne de Sapphire de Goodlands. C’est du point de vue des limiers de la CID de la Northern Division, menés par le chef inspecteur Sailesh Kumar Behary et comprenant les sergents Poovindren Ramasawmy et Krishna Nair. À hier après-midi toutefois, les enquêteurs de la police n’ont pu engager l’audition d’Aslam Khodabaccus et Hans Shameelall, toujours admis au Sir Seewoosagur Ramgoolam National Hospital. Ils sont hospitalisés sous foirte surveillance policière. La déposition de Jean Fernand Ulysse Matthieu (38 ans), directeur de SMS, habitant Grand’Gaube, a permis à la police de baliser les paramètres de ce qui est présenté initialement comme un braquage et qui pourrait d’un moment à l’autre devenir une mise en scène.
À ce stade de l’enquête où aucune trace de la cargaison de pierres précieuses réceptionnée du Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport jeudi en début d’après-midi n’a été retrouvée, la piste du trajet emprunté par le fourgon de la marque Ford de couleur blanche et immatriculé 2130 MY 07 est privilégiée comme la clé de tout le mystère entourant cette affaire. Le véhicule a été abandonné en bordure d’un champ de canne hier matin sur la route menant à Bassin-Blanc, dans les parages du Mont-Blanc.
Les premières contradictions ont déjà surgi. Dans une première version des faits, il était question que le 2 x 4 de la marque Ford aurait été pris dans un énorme embouteillage au carrefour de Phoenix vers 17 heures jeudi. C’est ce qu’auraient fait comprendre les deux préposés assurant le transfert de cette importante cargaison de pierres précieuses à leur employeur, qui était déjà inquiet de leur retard.
Or, il semblerait qu’à cette heure précise, le fourgon de la Société Mauricienne de Sapphire aurait été impliqué dans un cas de « hit and run » dans la région de Moka / Saint-Pierre. Les membres de la CID du Nord  contre-vérifient actuellement les faits alors qu’une expertise approfondie du véhicule devrait compléter ce volet de l’enquête.
En cas de confirmation de ce cas présumé de délit de fuite sur le coup de 17 heures, l’enquête policière sur le braquage de ces pierres précieuses d’une valeur de Rs 30 millions devrait prendre une autre tournure pour s’apparenter davantage à une mise en scène qu’autre chose. La police devra approfondir cet exercice en vue de reconstituer le trajet emprunté par le véhicule de l’aéroport de Plaisance en début d’après-midi pour se retrouver dans la nuit de jeudi à vendredi à Bassin-Blanc en passant à Mare-aux-Vacoas, où les deux employés ont été récupérés par Jean Fernand Ulysse Matthieu à la suite d’un appel téléphonique enregistré à 22 h 48 jeudi.
Un autre élément contradictoire a surgi avec la récupération du véhicule dans les rampes de Bassin-Blanc vers Mont-Blanc. Dans des explications initiales à leur employeur, Aslam Khodabaccus et Hans Shameelall ont affirmé qu’ils avaient été victimes d’un braquage et que des suspects avaient tiré des coups de balles contre le véhicule, notamment au niveau des pneus. Cette attaque aurait été commise à la hauteur du rond-point de Calebasses en route pour Goodlands. Un premier examen « forensic » par des spécialistes du Scene of Crime Office (Soco) infirme cette thèse de coups de feu en direction du 2 x 4, qui ne porterait aucune trace de ce genre.
Dans cette perspective, les hommes du chef inspecteur Behary s’interrogent sur le fait que si les pneus avaient été crevés à coups de feu comment le véhicule a pu reprendre la route pour se rendre dans les Plaines-Wilhems, notamment à Mare-aux-Vacoas, avant d’être abandonné à Bassin-Blanc.
Toutes ces questions attendent réponses de la part du tandem Khodabaccus-Shameelall aussitôt le feu vert des médecins traitants obtenu. La police n’écarte pas la possibilité de complicité dans ce qui apparaît comme un made-up case dans une tentative de mieux maquiller le véritable scénario.
Au Police Headquarters des Casernes centrales, on laissait entendre tard hier que le concours des membres du Central Criminal Investigation Division (CCID), voire de la Major Crimes Investigation Team (MCIT), pourrait être sollicité pour compléter le travail déjà couvert par la Local CID.
Les renseignements glanés par Le Mauricien soutiennent que l’homme d’affaires français a fait comprendre aux enquêteurs que ce n’était pourtant pas la première fois que sa compagnie allait récupérer des cargaisons de pierres précieuses de grande valeur à l’aéroport de Plaisance. Il a ajouté que la société n’a pas eu recours à des services spécialisés de sécurité dans une tentative de ne pas éveiller des soupçons outre mesure.
Lors de son audition par le CID du Nord, le propriétaire de la Société Mauricienne de Sapphire a confirmé que ses deux employés n’étaient pas armés pour le convoyage d’une telle cargaison de pierres précieuses. Des compléments d’informations sur les mesures de sécurité adoptées par cette société pourraient être sollicités par la police au fil de l’enquête.
Parallèlement, un certain nombre de préposés affectés à l’aéroport de Plaisance, notamment au service des douanes, ont été déjà entendus par la police concernant l’arrivée de lingots d’or et de l’argent volatilisés. Ces 40 kilos d’or et 120 kilos d’argent sont, selon des sources policières autorisées, couvertes par des polices d’assurance souscrites en France…

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