Brexit et la Banque centrale irritants prébudgétaires

Le compte à rebours pour la présentation du budget 2016/17 est bel et bien enclenché à l’entame de la seconde quinzaine de juillet, sauf que le ministre des Finances, Pravind Jugnauth, maintient le suspense quant à l’annonce officielle de la date. Toutefois, il doit faire face à deux irritantes questions majeures dans le Run-Up budgétaire, à savoir les relations de plus en plus difficiles entre la Bank of Mauritius Tower et l’Hôtel du gouvernement et la confirmation des difficultés sur le plan économique avec le Brexit, le retrait de la Grande-Bretagne de l’Union européenne. L’un des derniers éléments dans l’escalade des différends avec la Banque de Maurice (BM) porte sur la décision d’émettre une nouvelle famille de coupures bancaires avec la signature de Ramesh Basant Roi en tant que gouverneur. Dans nul autre forum que l’Assemblée nationale, le Grand Argentier a apporté un cinglant camouflet à la Banque centrale en refusant de s’associer à ce projet prestigieux au coût de Rs 600 millions et la question a été de nouveau abordée lors des délibérations du Conseil des ministres de vendredi. Au chapitre purement économique, le Fall out du Brexit préoccupe les capitaines de l’industrie aussi bien que les décideurs politiques. La livre sterling continue à être cotée à son niveau le plus bas de ces 30 dernières années avec le Fonds monétaire international (FMI) et d’autres pundits économiques misant de plus en plus sur une économie britannique en récession dès 2017.
La semaine écoulée a vu un nouveau différend venir se greffer sur les relations délicates depuis le début de l’année entre la BM et l’Hôtel du gouvernement. Il n’y a pas que le refus du ministre des Finances de donner son accord au terme de la section 36 de la Bank of Mauritius Act à l’émission de nouveaux billets prévue pour le second semestre de l’année prochaine. Les relations entre la BM et l’Hôtel du gouvernement sont telles que la question de la New Family of Banknotes a été débattue de nouveau au Conseil des ministres de vendredi.
En passant ce dossier au crible, le gouvernement a relevé un premier point litigieux portant sur les dispositions de l’article 36 de la Bank of Mauritius Act, à savoir les consultations avec le gouvernement. Des sources autorisées avancent que la controverse prend à contre-pied le communiqué officiel du 17 juin dernier, notamment le paragraphe 5 au sujet des « Governor’s consultations with the Prime Minister and the Minister of Finance ». Elles s’interrogent encore sur les dates précises de ces consultations, si elles ont eu lieu. La réponse du ministre des Finances ne fait aucune mention à ce sujet.
Une autre zone d’ombre s’articule autour du Board of Directors de la Banque de Maurice, qui se serait trouvé en face d’un fait accompli devant ce projet de nouveaux billets de banque. Dans le libellé de sa réponse à l’Assemblée nationale, Pravind Jugnauth prend le soin de relever qu’« I am informed by the Bank of Mauritius that its Board of Directors was apprised on 18 February 2016 about the decision of the Bank to launch a new family of banknotes and the setting up of a Banknote Design Committee». Un choix minutieux des mots utilisés qui veut tout dire. Toutefois, l’interrogation la plus pertinente soulevée concerne le stock de billets de banque dans les Vaults de la Banque centrale et ce qu’il adviendra de lui dans moins d’un an d’autant que depuis août 2013, soit il y a à peine trois ans, des Polymer Banknotes de Rs 25, Rs 50, Rs 500, les coupures les plus utilisées, ont été mises en circulation.

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