BUDGET 2017-18—CONSULTATIONS: Pravind Jugnauth écoute les consommateurs, les jeunes et les écologistes

Dans le cadre des consultations pour la préparation de son budget 2017-18, le Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, a reçu et écouté hier au Sir Harilall Vaghjee Hall les représentants d’associations des consommateurs, d’organisations de jeunesse et d’associations pour la protection de l’environnement. Le Premier ministre était entouré pour l’occasion des ministres Toussaint (Jeunesse et Sports), Gungah (Commerce et Protection de l’Environnement), de ses conseillers, du Financial Secretary et de hauts cadres des ministères concernés.
D’entrée de jeu, Georges Chung Tick Kan, conseiller spécial auprès du bureau du Premier ministre, qui agissait également comme coordinateur de l’événement, avait demandé aux participants de cette consultation d’être « brefs et concis » dans leurs réclamations et d’aller directement au but sans entrer dans les détails. « Si l’équipe du Premier ministre veut davantage d’explications, ils consulteront vos mémos ou prendront contact avec vous ! » a-t-il expliqué. Georges Chung Tick Kan a ensuite invité ceux qui voulaient intervenir à se faire connaître. Il a ainsi d’abord demandé aux représentants des associations de consommateurs d’exprimer leurs demandes, puis les représentants des associations de jeunesse et, enfin, ceux des associations pour la protection de l’environnement.
Les deux représentants des deux principales associations pour la protection des consommateurs ont exprimé des points de vue opposés sur la façon de régler le problème de la congestion routière à Maurice. Si l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM) s’est exprimée en faveur du « bus lane », l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs (APEC), elle, a dit sa préférence pour le métro léger. « Le « bus lane » va unir les villes et les villages du pays tandis que le métro léger ne profitera qu’aux citadins et négligera ceux qui habitent la campagne », a plaidé Jayen Chellum, de l’ACIM. Le président de l’APEC, Suttyhudeo Tengur, s’est pour sa part inquiété des Rs 4 milliards que coûte par an la congestion routière à Maurice alors que l’on prédit que le trafic plus que doublera d’ici 2030. « Il est donc impérieux de s’attaquer à ce problème maintenant ! » a-t-il plaidé. Dans ce contexte, il a dit sa préférence pour le métro express, ajoutant que ce mode de transport « réduira nos émissions de CO2 ».
L’ACIM a également réclamé une consolidation de la Consumer Protection Act avec un meilleur contrôle des frais bancaires, et ce alors que l’APEC a pour sa part réclamé une politique de structuration des prix. « Rendre publique la structure des prix – en termes d’assurance et de frais de transport payés, ainsi que la marge de profits, par exemple – permettra au gouvernement comme aux consommateurs de s’assurer que les commerçants ne sont pas en train d’exagérer leurs coûts juste pour mieux les tondre », a-t-il élaboré.
Pour leur part, les représentants des associations et autres clubs de jeunesses ont été unanimes à réclamer un meilleur encadrement des jeunes par rapport à un manque de loisirs sains et face à la menace des fléaux sociaux. « Les centres de jeunesse proposent des loisirs aujourd’hui inadaptés pour les jeunes. Qui s’intéresse au carrom aujourd’hui ? » s’est demandée par exemple Brigitte Michel, de l’association Aides, Info, Liberté, Espoir et Solidarité (AILES). Elle a aussi réclamé des lieux d’accueil pour une prise en charge globale des mineurs toxicomanes. « Il s’agit de les éloigner de leur milieu toxique et de leur donner accès à des loisirs sains », a-t-elle expliqué.
Dana Chengan, président du Mauritius Council for Social Services (MACOSS), a lui plaidé pour l’introduction de l’entreprenariat, des arts et de la culture dans le programme scolaire normal. « Face aux fléaux qui guettent les jeunes, il faut des écoles de l’entreprenariat de proximité, qui permettront aux jeunes d’avoir l’accès à l’innovation et à la créativité », a-t-il estimé. Le président de la Muslim Youth Federation, Raffick Saumtally, a de son côté regretté l’absence d’infrastructures sportives et sociales de proximité. « Des cours de leadership et de théâtre, par exemple, les éloigneront de la drogue », a-t-il argué.
Georges Chung Tick Kan a ensuite invité les écologistes à faire état de leurs points. Le développement durable, la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la réduction de nos ressources étaient au centre de leurs préoccupations. Yan Hookoomsin, porte-parole des Ong Aret kokin Nu Laplaz et Kolektif Enerzi Renouvab, a longuement plaidé pour la création de fermes agrisolaires à travers le pays. « Celles-ci nous permettront de produire de l’électricité propre et de donner les débouchés aux petits planteurs tout en encourageant la production de légumes bio dans les villages », a-t-il dit.
L’écologiste s’est lui aussi opposé au projet de métro express et a plaidé à la place pour l’introduction d’un « bus lane », avec des bus électriques. « La totalité de nos bus roulent au diesel et les convertir en bus électrique n’est pas si onéreux. Sans compter qu’avoir des bus électriques rehaussera notre image sur le plan international au niveau de la défense de l’environnement », a-t-il élaboré.
Yan Hookoomsing a également plaidé pour une révision de notre politique de développement touristique. Il s’est ainsi élevé contre la construction croissant d’hôtels sur nos côtes et a préconisé une politique de « tourisme chez l’habitant », expliquant que « tout le monde y trouve son compte, les petits mauriciens comme les touristes, qui recherchent de plus en plus l’authenticité ».
Soobaraj Sok Appadu, porte-parole de l’Association pour le développement durable, a pour sa part plaidé pour un meilleur suivi de la réalisation des projets environnementaux à Maurice. « Il faut suivre les projets phase à phase dans leur réalisation au quotidien pour s’assurer que les ressources financières ou autres, qu’on a mis à leur disposition, sont judicieusement utilisées, et non attendre la fin pour voir qu’il y a eu gaspillage ! » a-t-il dit. Pendant presque deux heures, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a prêté une oreille attentive aux propositions qu’on lui soumettait.

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