Budget 2017-2018 : un chapelet d’effets d’annonce à nouveau?

Avec toutes les ressources engagées dans la préparation d’un Budget, le mettre en scène et le présenter dans le cadre d’un show au parlement, la population en général est dans l’attente de ce que le Premier ministre (nommé) et ministre des Finances présentera comme Budget ce jeudi.
Un Budget qui aura à définir les priorités de Pravind Jugnauth et les enjeux économiques après deux précédents exercices qui n’ont été qu’un chapelet de promesses; et cerise sur le gâteau, c’est-à-dire l’Economic Mission Statement présenté en août 2015 comme étant la feuille de route du gouvernement pour mener le pays, l’économie « ek so lepep », vers un deuxième « miracle économique » selon les bons mots du Premier ministre élu des élections de 2014, sir Anerood Jugnauth.
Mais la tâche risque d’être compliquée pour Pravind Jugnauth, en particulier depuis que celui-ci s’est tourné vers la Grande Péninsule pour un emprunt – non pas nécessairement pour les détenteurs du titre de Super Cash Back Gold qui avaient placé beaucoup d’espoir en sa visite en Inde et qui restent désormais sur leur faim –, mais afin de réaliser ses ambitions. Un emprunt et un accomplissement, selon ce qu’il clame haut et fort, n’impacteront pas négativement la dette publique. Mais la réalité semble tout autre.
Eh oui ! Les Rs 18 milliards accordés par l’Inde n’augmenteront pas pour autant la marge de manoeuvre de Pravind Jugnauth, mais l’argent de remboursement devra bien sortir à un moment donné des caisses de l’État – avec les 1,8% de taux d’intérêt soi-disant préférentiel – comme les montants colossaux demandés en réparation par les victimes d’une « vendetta politique ». Bref, une solution de facilité qui définitivement risque de peser lourd sur l’endettement du pays.
Et le comble, c’est que, jusqu’à présent, le gouvernement n’a pu rendre publiques les conditions rattachées à ce prêt de Rs 18 milliards, bref un déficit de transparence et de bonne gouvernance de la part de l’alliance Lepep, du moins de ce qu’il en reste. À noter que la population est toujours en attente d’une Freedom of Information Act.
Si l’on considère que la dette publique se situe officiellement à 55,6% du PIB à mars 2017 (en ne comptant que l’endettement de l’État lui-même), mais à 65% si, selon la norme internationale, l’on tient aussi compte de l’endettement des corps parapublics, cette hausse de la dette nationale avec l’emprunt de l’Inde et les réclamations de dommages, comme mentionné ci-dessus, pourraient pousser le gouvernement à travers divers mécanismes d’imposition de prix à taxer la population – ce qui aurait alors une répercussion sur l’État-Providence sur le long terme.
L’exercice de ce jeudi devrait être un moment de gloire sauf qu’avec le « Prime ministership » de Pravind Jugnauth, qui a déjà provoqué une déception certaine. Et ce, au vu de la continuation malsaine d’un accaparement de nos institutions. Honteux et inacceptable; comme à la MBC, la nomination de certains conseillers proches du Premier ministre au sein de plusieurs conseils d’administration, etc., les scandales en cascade depuis décembre 2014 et les deux précédents budgets qui ont été un échec. L’opinion publique s’interroge déjà sur la nature de cette opération de communication de Pravind Jugnauth et son mode opératoire en vue de se rattraper et compenser les deux budgets précédant celui-ci ? Comment compte-t-il dépenser judicieusement cette fois-ci? C’est-à-dire ne plus caresser dans le sens du poil tel ou tel groupe.
Selon certaines sources au sein des secteurs public et privé, le monde des affaires s’attend à ce que le ministre des Finances apporte une profonde réforme structurelle afin de booster l’investissement et la croissance. D’autres réclament des emplois durables et des mesures adéquates pour fournir de l’emploi à ceux qui quittent l’université par exemple.
Peut-être que la confirmation de l’Office national des statistiques sud-africaines du fait que l’Afrique du Sud est officiellement entrée en récession hier agitera un peu le raisonnement de nos dirigeants puisque l’économie la plus industrialisée du continent a vu son Produit intérieur brut (PIB) reculer de 0,7% au premier trimestre 2017, après s’être contracté de 0,3% au quatrième trimestre 2016. Une première depuis 2009, qui pourrait accentuer la pression sur les épaules des dirigeants de la région. Une menace qui pourrait planer et se concrétiser sur notre économie mauricienne.
Rappelez-vous les 100 000 emplois promis sur les cinq prochaines années (il ne reste que trois ans) ; la création de pas moins de 7 000 postes dans la fonction publique; des projets du secteur privé nécessitant des investissements de Rs 183 milliards, dont Rs 140 milliards de l’étranger, de la création d’une compagnie d’aviation régionale avec le soutien d’Air Mauritius, qui se restructure sous la supervision du Premier ministre sir Anerood Jugnauth, une croissance annuelle de 5,5 % à partir de 2017; et des revenus de USD 13 500 par tête d’habitant d’ici l’année prochaine, etc. Alors, aurons-nous droit encore une fois, pour la troisième année consécutive, à un chapelet d’effets d’annonce ? Qui plus est, les milliards dans l’affaire Betamax n’arrangent guère les choses…

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