Budget 2018/2019 : au chevet du sucre et des entreprises locales

  • Confirmation du plaidoyer de Business Mauritius pour un régime fiscal « bas, simple et prévisible », dont un taux d’imposition de 3% pour l’industrie locale stratégique
  • Des mesures d’accompagnement réclamées pour le secteur sucrier, dont une revalorisation de la bagasse

     

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    Le secteur privé, par le truchement de Business Mauritius et des organisations sectorielles regroupées au sein de cette instance suprême, est revenu hier après-midi sur ses propositions en prévision du budget 2018/2019 lors des consultations avec le Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, et des membres du gouvernement au Treasury Building. « L’ambition de Business Mauritius est de travailler avec le gouvernement pour avoir une économie durable », a déclaré Cédric de Spéville, président de Business Mauritius, à l’issue de cette rencontre, qui aura duré un peu plus d’une heure et demie. Le secteur privé, dans son ensemble, estime que la stimulation de la croissance se fera par le truchement de l’expansion et la facilitation de l’activité entrepreneuriale. Il prône un régime fiscal « bas, simple et prévisible » en particulier pour le secteur des services financiers et un taux d’imposition de 3% pour les industries locales stratégiques, celles dont les activités ont un poids dans la chaîne des valeurs. Des mesures de soutien sont aussi réclamées pour le secteur sucrier frappé par une baisse de prix à l’exportation, la Chambre d’agriculture estimant, entre autres, qu’il faut une revalorisation de la bagasse à travers une hausse de prix qui sera bénéfique à toutes les parties concernées dans l’industrie

    Business Mauritius estime avoir été « bien écouté » lors des consultations prébudgétaires où ses dirigeants ont eu l’opportunité de revenir sur les points saillants du “Budget Memorandum”. Cédric de Spéville est d’avis qu’une réduction du taux d’imposition à 3% pour les entreprises domestiques stratégiques est nécessaire, afin de les encourager face à une concurrence internationale forte, surtout avec la politique d’ouverture au niveau des importations dans le sillage des accords commerciaux régionaux ou bilatéraux. Il y a des entreprises, fait-on ressortir, qui ont un poids important en termes d’emploi et de valeur ajoutée et qu’on se doit de soutenir. A la Mauritius Chamber of Commerce and Industry (MCCI), on plaide pour des mesures pour prévenir la désindustrialisation. Le poids de l’industrie dans le Produit intérieur brut du pays est actuellement de 13%. Il y a, selon la Chambre, un grand pas à faire pour que sa contribution au PIB atteigne les 25% visés par les autorités.

    Les mesures d’accompagnement de l’industrie, souligne-t-on dans les milieux du secteur privé, ne se limitent pas à une baisse de l’impôt mais comprennent également des actions pour améliorer l’accès aux marchés, pour assurer un coût de fret abordable, pour réaliser une intégration efficace du secteur des entreprises tournées vers l’exportation et celui des entreprises domestiques. Le soutien aux entreprises domestiques est primordial compte tenu du “multiplying effect” de ce secteur dans l’économie. La stratégie de “Business expansion” préconisée par la MCCI porte également sur la promotion de l’intra entrepreneurship et le développement des PME. Le secteur privé considère qu’il faut revoir à la hausse le “Value Added Tax Threshold” de Rs 6 millions à Rs 15 millions pour ce qui est de l’enregistrement des entreprises auprès du bureau de la TVA.

    On soutient également du côté du secteur privé qu’il faut trouver des mesures pour inciter une plus grande participation des femmes à l’activité économique. Il n’est pas normal, souligne-t-on, qu’un pays comme Maurice ait un “female labour activity rate” de 46% alors que ses paires enregistrent un taux de 55%. De plus, les milieux du secteur privé sont d’avis qu’il faut revoir les procédures afin d’encourager les talents étrangers aussi bien que mauriciens à venir travailler à Maurice. La diaspora mauricienne représente environ 300 000 personnes. Il faut pouvoir susciter son

    intérêt pour le pays, surtout dans les secteurs où il y a un manque de compétences. Le secteur privé soutient, au chapitre de la facilitation des affaires, qu’il y a des mesures à prendre telles un “impact assessment” des diverses lois régissant le monde des affaires. À l’instar du Trade Obstables Alert Mechanism, la création d’un Business Obstacles Alert Mechanism est suggérée.

    Intervenant en tant que président de la commission économique de Business Mauritius, Gilbert Gnany, économiste, a observé que pour réaliser ses ambitions de croissance (soit un taux proche de 5%), le pays se doit d’élargir et de diversifier son “market space”, d’où la nécessité d’avoir « recalibrated and reenergised Africa Strategy » car le continent africain regorge d’opportunités et peut donner l’opportunité de faire face aux défis économiques, cela en boostant les exportations de biens et services. Gilbert Gnany est aussi d’avis qu’il faut mettre en place une structure institutionnelle robuste et pragmatique pour accompagner le développement des marchés à l’exportation et encourager l’investissement direct sur le continent. Il considère que le mandat et les responsabilités de l’Africa Centre of Excellence doivent être élargis. L’Economic Development Board peut agir comme une instance de coordination entre les institutions publiques et les organisations du privé. Il insiste sur le renforcement de la position de Maurice en tant que centre financier international et comme une plateforme économique régionale crédible, de réputation et offrant de la substance.

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