BUDGET: Un « Rainy Day Fund » face à la crise

A cinq semaines de la présentation du Budget 2012 et de la première lecture du Budget Speech du vice-Premier ministre et ministre des Finances, Xavier-Luc Duval, le principe d’un Rainy Day Fund ou d’un Fighting Fund a été entériné. L’urgence de cette initiative budgétaire se justifie par la détérioration de la situation économique sur le plan international, notamment dans les économies de l’Euro Zone et des États-Unis. Entre-temps, le Bureau Central des Statistiques a révisé à la baisse les prévisions de la croissance économique pour cette année, soit à 4,1%, taux qui est inférieur à la performance de l’année dernière. Au ministère des Finances, les préparatifs budgétaires ont abordé une nouvelle étape avec le retour de Xavier-Luc Duval de l’assemblée générale conjointe de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire international (FMI). Mardi, est prévu un tour d’horizon entre le Grand Argentier et les dirigeants du Joint Economic Council en toile de fond le Budget Memorandum du secteur privé.
En début d’après-midi d’hier, après une séance de travail avec ses principaux collaborateurs, le vice-Premier ministre et ministre des Finances a confirmé à Week-End le projet visant à instituer un fonds spécial en vue de faire face aux retombées de la crise économique internationale sur les secteurs stratégiques à Maurice. « Nous ne pouvons que constater un net ralentissement dans l’économie mondiale. Cette tendance nous préoccupe actuellement et davantage pour l’année prochaine. La réflexion autour des orientations pour le prochain budget doit tenir compte de cette réalité incontournable », a-t-il fait ressortir.
Dans cette perspective, le ministère des Finances se penche déjà sur les modalités et le mode de fonctionnement de ce fonds spécial en vue de permettre à Maurice de parer à toute éventualité économique. « Nous pouvons l’appeler un Fighting Fund ou un Rainy Day Fund. Néanmoins, la finalité de cette démarche budgétaire est de mettre en place des moyens pour venir en aide aux secteurs stratégiques de l’économie et aussi pour soutenir les emplois et la croissance », a poursuivi Xavier-Luc Duval.
A ce stade, très peu de détails ont transpiré quant au montant des fonds qui seront alloués à ce Rainy Day Fund, ou encore le mécanisme d’intervention prévu. Depuis la crise internationale de 2008, le gouvernement dispose de mécanisme pour venir en aide aux secteurs productifs de l’économie et pour sauver des emplois. L’Additional Stimulus Package initial (Rs 10,4 milliards) de Rama Sithanen a été revu et corrigé par son successeur, Pravind Jugnauth (Rs 12 milliards). Avec le prochain budget, Xavier-Luc Duval apportera sa touche personnelle au Fighting Fund.
Toutefois, des indications préliminaires pourraient être déduites lors du tour de table prévu mardi prochain au ministère des Finances dans le cadre des consultations prébudgétaires. En effet, le Joint Economic Council, qui ne cache pas ses appréhensions devant l’évolution économique sur le front international, aura des discussions avec le vice-Premier ministre et ministre des Finances. Le JEC, qui a déjà soumis aux autorités son Budget Memorandum, ne manquera pas d’aborder les premières esquisses des mesures à prendre pour faire face à la détérioration de l’économie mondiale.
« Nous allons participer au tour d’horizon économique en apportant notre contribution. Nous constatons très vite de gros nuages ont assombri les perspectives vantées par le Monetary Policy Committee de la Banque de Maurice. La vigilance et la prudence restent de mise dans la conjoncture », a déclaré Raj Makoond, directeur du JEC, sans s’aventurer sur la teneur des propositions du secteur privé.
De son côté, le vice-Premier ministre et ministre des Finances note que les préparatifs pour le budget 2012 sont « on target« . « Je pense que le budget, qui sera présenté à la population le 4 novembre sera un bon budget. Un bon budget dans le sens que it will address les problèmes économiques et sociaux de l’heure. Néanmoins, la crise internationale pèsera de tout son poids », a-t-il poursuivi.
Les principaux axes d’interventions pour le prochain exercice financier mettront l’accent sur la relance des exportations, un coup de fouet aux investissements et une nouvelle vigueur à l’industrie touristique. Le manque à gagner sur le plan des recettes fiscales, conséquence du ralentissement des activités économiques, figure parmi les préoccupations au ministère des Finances.
Dès l’année prochaine, Maurice compte renforcer sa présence et assurer une plus grande visibilité sur les marchés à l’étranger, notamment en Afrique, en Asie (Inde et République populaire de Chine) et dans la zone Euro. « Le choix de ces pays et régions reflète une volonté de maintenir nos acquis sur nos marchés traditionnels, d’accorder une plus grande importance aux marchés émergents d’Asie et de développer une stratégie porteuse en Afrique », a ajouté Xavier-Luc Duval.
La stratégie élaborée vise à atteindre divers objectifs de manière simultanée, soit attirer des investissements de ces régions, promouvoir des exportations de biens et services, soit du Seafood Hub aux activités d’Outsourcing (BPO), aussi bien que de l’industrie touristique tout en privilégiant des Joint Ventures entre les entités mauriciens et les groupes économiques étrangers.
Commentant sa première participation à la grand-messe du FMI et de la Banque mondiale, le vice-Premier ministre et ministre des Finances se félicite de l’atmosphère lors des consultations bilatérales. Les principaux sujets de discussions ont été l’intégration régionale, l’infrastructure publique, l’efficacité des services publics, la réforme des services de Santé, l’allègement de la pauvreté et l’amélioration de la productivité et de l’efficience de l’économie.
« Que ce soit avec le FMI ou avec la Banque mondiale, les discussions se sont déroulées dans un esprit de dialogue et de partenariat. Ces deux agences internationales ne sont pas des bailleurs de fonds pour Maurice. Nous disposons de Stand-by Loans pour un montant de 800 millions de dollars de diverses institutions internationales. Le FMI et la Banque Mondiale sont davantage une source d’expertise et d’assistance techniques pour mener à bien les réformes en profondeur enclenchées. Nous comptons cash in on the best practice disponible de ces institutions », s’est-il appesanti.
Ainsi, du 6 au 20 courant, une mission de la Banque Mondiale sera à Maurice pour une série de consultations avec différents ministères engagés dans le processus de réforme. Le déplacement de cette mission a été décidé en fonctions des quatre priorités établies par le gouvernement : favoriser la croissance, améliorer le système de protection sociale, renforcer le mécanisme économique en cas de récession mondiale et rendre le système fiscal plus efficace, plus performant et plus juste.
Au cours de cette même période, le FMI procédera à l’ouverture de l’Africa Regional Techical Assistance Centre (AFRITAC). La cérémonie est prévue pour le 17 à Port-Louis.
Lors de son passage à Washington, le vice-Premier ministre et ministre des Finances a également eu des séances de travail avec son homologue chinois, Xi Xuren, et avec le US Trade Representative, Demetrios Merantis sur le dossier de l’Africa Growth and Opportunity Act (AGOA).
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