“BULLYING” ET HARCÈLEMENTS ALLÉGUÉS : Une plainte déposée au BIT face au « silence » du ministère

Durant ces dernières années, des membres de la Ministry of Health Employees Union (MHEU) auraient été victimes de cas de bullying (intimidations), de harcèlement et d’humiliations. Au point que l’un d’eux, un infirmier, a même dû mettre un terme à sa carrière. La MHEU a rapporté tous ces cas au ministère de tutelle, mais celui-ci aurait « systématiquement gardé le silence ». C’est ce qu’a déclaré le président de ce syndicat, Amaljeet Seetohul, jeudi lors d’un point de presse. Face à cette « indifférence » du ministère, la MHEU a déposé une plainte au Bureau international du Travail (BIT).
« Depuis 2010, nous avons enregistré plus d’une dizaine de cas de “bullying” dans nos hôpitaux », indique le président de la MHEU. Ce terme, il le définit comme « un acte, une intention ou un comportement qui traumatise une autre personne ». En 2014, il y aurait eu plus de six cas similaires, selon Amaljeet Seetohul. « C’est un gros problème qui affecte l’employé, qui continue à vivre dans le traumatisme. Il perd le goût du travail et songe parfois au suicide. Cela a par ailleurs un impact sur sa famille et sur la société. Le personnel est affecté », ajoute-t-il.
En 2014, selon le président de la MHEU, deux ECG Technicians ont été harcelés par leur supérieur, dont des représentants syndicaux. « Le syndicaliste en question a tenu une réunion dans le département d’ECG et certains employés ayant refusé d’y assister ont tété harcelés. Parmi eux, un ECG Technician, ne pouvant tenir la pression, a dû abandonner son travail. Nous avons écrit au ministère de la Santé, avec l’aide de la Fédération des Syndicats du Secteur public, à laquelle nous étions alors affiliés, pour dire que ce syndicat a utilisé de son pouvoir pour tenter de gagner plus de membres. Le ministère nous a totalement ignorés. » En août 2014, poursuit-il, un autre membre de la MHEU, un malentendant, devait essuyer une humiliation publique de la part de son supérieur. « Là encore, nous avons écrit au ministère. Un deuxième cas, le même mois a été enregistré, cette fois d’un supérieur humiliant un employé. Celui-ci, traumatisé, devait se faire admettre pour des problèmes cardiaques. On a écrit à nouveau au ministère. » Amaljeet Seetohul poursuit : « Ce n’est qu’en septembre 2014, suite à des revendications et manifestations continues, que le Senior Chief Executive a annoncé qu’il met sur pied un comité d’enquête. Il s’est dit d’accord pour que le syndicat soit représenté au niveau du comité pour plus de transparence. Mais par la suite, le ministère a coupé toute communication. » Le président de la MHEU déplore que le comité d’enquête n’ait pas informé le syndicat des personnes y siégeant et ne les ait pas inclus comme prévu. « Voyant que l’impartialité n’était pas assurée et qu’il pouvait y avoir des risques de conflits d’intérêts, on a demandé à nos membres victimes des cas de harcèlements rapportés de ne pas y participer. Le ministère a poursuivi avec ce qu’on peut appeler son “one party enquiry” et, finalement, les harceleurs ont été blanchis. » Selon Amaljeet Seetohul, ce n’est qu’en mars 2015 qu’une rencontre avec l’Acting Senior Chief Executive du ministère a eu lieu et que la MHEU est informée que celui ayant présidé au comité d’enquête était le directeur des infirmiers. Pour le président de la MHEU, un tel choix est inacceptable. « Les personnes incriminées étaient des infirmiers et c’est le directeur des infirmiers qui a présidé le comité d’enquête. Il y a un complet manque d’objectivité. On a pris en considération juste la version des personnes incriminées. » Face à la protestation de la MHEU, le ministère dévoilera une partie des conclusions de l’enquête : « Deux simples transferts. »
Dans une correspondance en juin 2015, la MHEU dira son désaccord : « Nous avons refusé les conclusions de l’enquête et avons demandé une nouvelle enquête avec des personnes indépendantes. » La MHEU dénonce par ailleurs le fait que lorsque le syndicat susmentionné ayant « harcelé des ECG Technicians pour venir assister à une réunion », il l’a fait pendant une heure de pointe, où beaucoup de patientes cardiaques attendaient de passer un ECG. « Ils ont fermé le département d’ECG pour les femmes. Or, c’est un département d’urgence. Ils ont mis à risques ces patients. Et en dépit du fait que ce syndicat a reconnu que cette réunion n’était pas autorisée, aucune sanction n’a été prise à son encontre. C’est extrêmement grave. Nous demandons des actions. »
Le président de la MHEU déplore par ailleurs avoir été victime de « persécutions et d’avoir subi des transferts à plusieurs reprises », dont une fois dans un département insalubre. « Aujourd’hui, je souffre d’une pathologie incurable découlant de ces conditions de travail. »
Dans sa correspondance au BIT, la MHEU écrit : « The Ministry of Health and Quality of Life adopts an attitude as if it is blind and deaf to all representations made by the MHEU », ajoutant : « There are systematic attempts by the ministry to prevent the union to function as it has denied the union the right to defend its members by attempting to prevent its officials to make use of their time-off facilities on various occasions. These time facilities are absolutely indispensable to all its executive members so as  to allow the union to function normally to give satisfaction to its members. »

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