CAS DE FIGURE – Pour une couche sociale — Facture d’électricité prépayée: analyses et propositions

Le Central Electricity Board (CEB) a mis l’accent à la fin de 2011 sur l’application de ses tarifs. L’idée de passer du mode « post-paid » au « pre-paid » a été évoquée dans certains milieux. Le « pre-paid » consiste en un paiement avant la consommation du produit ou service. Le consommateur mauricien est déjà habitué à ce mode de paiement grâce au téléphone mobile qui carbure aux cartes prépayées.
Cet éventuel projet du CEB ne date pas d’hier. Il fut annoncé au début de 2005 par Ravin Dajee, alors le directeur de cette instance. Il a fallu attendre que le CEB enregistre une baisse de ses profits de 35% de 2010 à 2011 pour que le président de cet organisme Balraj Narroo ne ressorte, semble-t-il, ce projet du tiroir. Cinq ans de perdu !
Les gros avantages pour le CEB, c’est de pouvoir bénéficier des recettes avant même la consommation du produit, de ne pas subir des retards dans les paiements et aussi de simplifier le règlement des factures. Simplification des paiements rime avec service plus rapide et fini les longues queues et autres procédures interminables – enfin nous l’espérons ! Aux consommateurs, ca nous permettra de contrôler notre consommation d’électricité.
Mais le hic dans ce nouveau mode de facturation est l’application des tarifs. Les tarifs du CEB actuellement sont comme suit par unité d’électricité consommée pour l’usage domestique :
Inversement à la facturation pour la téléphonie mobile, qui est fixe par minute de communication ou par SMS, la grille tarifaire du CEB n’est pas unique et varie selon les paquets d’unités consommés. Nous sommes en droit de nous demander comment le CEB – si le projet en question est enclenché – compte facturer les abonnés ayant basculé sur le ‘pre-paid’.
Payer par paquet d’unités consommé, tarif fixe ou tarif multiple ?
Le « paquet d’unités » comme l’est actuellement est d’ordre croissant ; c’est-à-dire, plus nous consommons, plus nous payons plus cher. Avec une hausse de la consommation, on peut imaginer que nous allons payer exponentiellement plus cher dans les années à venir avec ce modèle.
Le paiement fixé par unité nous permet d’avoir un tarif fixe. Cela va de ce fait générer un système de métrage non-complexe. Aussi, le tarif fixe permet de ne pas avoir une hausse exponentielle du prix de vente d’électricité par rapport à une hausse dans la consommation d’électricité.
Quant au tarif multiple, il est question de payer différents tarifs à différentes saisons et à différents moments de la journée. Pour cela, beaucoup des pays comme l’Italie, le Japon, l’Espagne et le Canada ont adopté les « Smart Meters » qui permettent d’avoir des données sur la consommation, de contrôler celle-ci et aussi de faire un monitoring du prix selon la saison et des périodes de pointe ou hors pointe de consommation durant la journée. Cela donne lieu à des tarifs qui reflètent mieux les prix de génération et de consommation d’électricité. De plus, les « Smart Meters » favorisent une consommation écologique au vu de la gestion efficace de la production et de la consommation d’électricité.
Paramètres pour les « pre-paid cards » qui restent encore à être finalisés et communiqués aux abonnés :
1. Carte à prix singulier ou variante ;
2. Prix des cartes ;
3. Date d’expiration et moratoire d’utilisation du crédit de chaque carte ;
4. Type de tarifs (paquet d’unités, par unité, tarifs multiples) ; et
5. Conditions de recharge.
L’éventuel passage du « post-paid » au « pre-paid » nécessitera des investissements massifs pour le remplacement des compteurs actuels en compteurs électriques numériques pourvus de système de communication par transmission, par exemple le Global System for Mobile Communication (GSM). La question qui s’impose est de savoir qui prendra en charge les frais relatifs à ces changements éventuels, et si le coût de ces investissements ne sera pas au final passé aux consommateurs ?
De plus, de 2007 à 2008, la consommation d’électricité a connu une hausse de 4%, passant de 1,975 GWh à 2,054 GWh. Le prix moyen de vente d’électricité a, lui, fait l’objet d’une hausse de 26.9% durant la même période passant de Rs 3.79 par kWh à Rs. 4.81 par kWh. Qu’une hausse moyenne de 4% dans la consommation ait résulté en une hausse moyenne aussi importante du prix de vente est impensable !
En tant que consommateurs, nous nous attendons à ce que le CEB reste ouvert à nos analyses, critiques et propositions, et ce dans le dialogue.

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