CATHÉDRALE SAINT-LOUIS : Hommage interreligieux touchant à Mandela

Les deux évêques de l’Église catholique et de l’Église anglicane avaient invité hier après-midi les représentants des différentes religions du pays à se joindre à eux en la Cathédrale Saint-Louis pour un temps de prière en mémoire de Nelson Mandela. Une cérémonie en toute simplicité mais touchante et à laquelle ont assisté les dirigeants du pays, les députés et les membres du corps diplomatique.
Ceux qui sont intervenus hier ont été unanimes à dire que c’était « un homme exceptionnel » en mettant en exergue sa capacité à pardonner à ceux qui l’ont envoyé en prison et à réconcilier un pays qui était emporté par la haine. « Ne nous contentons pas de lui rendre hommage, laissons ses paroles nous interpeller, nous guider sur notre chemin », a dit Mgr Maurice Piat.
« Nous sommes là pour rendre grâce à Dieu pas seulement pour un grand homme d’État mais pour un grand homme tout court », a dit le chef de l’Église catholique dans son mot d’accueil. Mgr Ian Ernest et lui-même ont pris l’initiative de ce temps de prière oecuménique pour cet hommage à Mandela. « Un homme qui a su allier une lutte sans merci contre l’oppression à un immense pardon et avec un coeur ouvert pour réconcilier son pays ; un homme qui a su être attentif aux plus petits, aux plus pauvres. C’est lui qui disait “like slavery and apartheid, poverty is not natural, it is man-made and it can be overcome and eradicated by actions of man”. Un homme qui avait un coeur grand, à la dimension de l’accueil à être réservé à l’humanité », a poursuivi le chef de l’Église catholique. Ce dernier a aussi fait mention de l’importance que Mandela accordait aux relations humaines vraies et à son sens de l’amitié. « Il a dit, le jour de ses 90 ans : “As years progress one realise the importance of friendship and human solidarity. And if a ninety-year old can offer an unsollicited advice on this occasion, it could be that you irrespective of your age can place solidarity, the concern of the other, at the centre of the values by which you live”. Ne nous contentons pas de lui rendre hommage, laissons ses paroles nous interpeller, nous guider sur notre chemin », a terminé Mgr Piat.
Mgr Ernest s’est référé aux paroles de Winston Churchill, ancien premier ministre britannique, pour évoquer le parcours de « l’apôtre du pardon et de la réconciliation » que fut Mandela. « Winston Churchill a dit “Toutes les grandes choses accomplies sont simples et beaucoup de ces choses peuvent être exprimées en ces mots qui sont la liberté, l’honneur, le devoir, la bonté et l’espérance” ». Pour l’évêque de Port-Louis, ces mots traduisent concrètement ce qui est mis en relief par l’engagement de Mandela. Il faut remercier Dieu, dit-il, pour cet homme qui a été un inconditionnel amoureux de liberté, d’équité et de pardon et pour son héritage qui est d’une valeur inestimable pour la race humaine. « Nous nous réjouissons de sa contribution car dans son combat contre le racisme et l’injustice il a relevé la dignité humaine la où elle a été bafouée et piétinée. En étant l’architecte d’une nation libérée des tentacules de l’apartheid, il devient une source d’inspiration pour la terre entière car il a démontré que la paix et la justice peuvent s’embrasser là où il y a des hommes et des femmes de bonne volonté qui prônent la réconciliation et le pardon comme style de vie », a dit l’évêque de Maurice. Ce dernier a eu une pensée pour Mgr Trevor Huddleston, évêque de Maurice et archevêque de l’océan Indien de 1978 à 1983, en soulignant que ce dernier été un proche de Nelson Mandela et de Desmond Tutu et qu’il a aussi été « un mentor de grande envergure pour ces deux hommes ». « Mon souhait est que l’île Maurice, aussi une nation arc-en-ciel, s’abreuve de cette eau de justice et de pardon qui coule du combat d’un homme qui avait remis entre les mains de Dieu la destinée d’un pays meurtri par l’arrogance, la vanité et la violence des hommes et des femmes ».
Le père Gérard de Fleuriot, qui a été choisi pour prononcer l’homélie hier, a travaillé pendant 25 ans en Afrique du Sud, soit pendant la période où la lutte contre l’Apartheid mûrissait avec Mandela. Il a retracé les différentes étapes de l’engagement de Madiba contre l’Apartheid jusqu’à son accession au poste de président de l’Afrique du Sud, et même après. Il a d’abord mis l’accent sur la simplicité qu’a témoigné Mandela durant toute sa vie, et ce à tous les niveaux. « Il n’a été qu’un homme et un homme simple. Il détestait les piédestal où, souvent, les politiciens essaient de s’accrocher. Il s’est ensuite attardé sur son ardent désir de pardonner et de réconciliation nationale », a dit Gérard de Fleuriot. Celui-ci s’est par la suite attardé sur le choix, sans demi-mesure, qu’a fait Mandela pour la non-violence, le pardon et la réconciliation. « Il avait dit à un codétenu : ‘Si, à la sortie de prison, tu as toujours en toi un désir de vengeance, cela veut dire que tu n’as pas été libéré, cela veut dire que tu seras toujours en prison.’ Ce n’est donc pas étonnant qu’à sa libération, il a fait la paix avec ceux qui l’avaient cruellement punis. On sait que son gardien blanc, alors qu’il était en prison, avait eu une place de choix le jour de son élection et il a voulu l’avoir à ses côtés », a dit le père de Fleuriot. Et de poursuivre : « S’il n’y a pas pardon, il y a violence et on se rend compte que la violence appelle la violence. On assiste aujourd’hui à des massacres dans divers coins du monde et cela n’aboutit nulle part. C’est ce qu’a compris Mandela pendant les 27 années qu’il a passées en prison. »
A noter que malgré un appel général lancé depuis vendredi pour assister à cet hommage à Madiba à la cathédrale Saint-Louis, peu auront fait le déplacement, à l’exception bien entendu des officiels du pays.

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