POUR CAUSE D’INSALUBRITÉ: Trois propriétaires de poulaillers enfin sommés d’arrêter leurs activités

Sont-ils au bout du calvaire qu’ils vivent chaque jour depuis plus de 10 ans? Un sentiment de soulagement habite les résidents de Pailles qui ont dû cohabiter avec trois poulaillers dépourvus de toute hygiène. Outre la volaille, l’on y trouve en grande quantité des asticots… connus des Mauriciens comme moutouks. Alertés par de nombreuses plaintes, le ministre de l’Environnement, des représentants du Conseil de district de Rivière-Noire et des officiers du ministère de la Santé, entre autres, se sont rendus sur les lieux, mercredi. Un constat si accablants que le ministre Deva Virahsawmy s’est dit « profondément choqué. »
La sentence ne s’est pas fait attendre. Dès le lendemain, jeudi, un stop order a été émis contre ces trois propriétaires – Wayed Mamode Hossen, Ahmad Muthy et Fazle Hack Maudarbux. Il s’avère que ne possédant pas de permis pour cette ferme, les contrevenants disposent de 48 heures pour dégager les lieux. S’ils ne se plient pas aux règlements, une plainte sera logée en Cour. Selon nos informations, les propriétaires ont assuré qu’ils videront les lieux dès demain.
Lors de sa visite des lieux, mercredi, le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Deva Virahsawmy, s’est dit outré quant au manque cruel d’hygiène de ces poulaillers situés dans le quartier:  « Je suis, d’une part, choqué de constater les conditions d’insalubrité dans lesquelles les promoteurs opèrent ces poulaillers et, d’autre part, attristé de voir les conditions déplorables dans lesquelles les habitants d’ici sont obligés de vivre!
« Nous avons reçu des plaintes des habitants, des conseillers du village de Pailles et du conseiller de district, Noorani Aurdally, concernant ces poulaillers qui leur pourrissent la vie depuis des années », poursuit-il.
L’on peut donc aisément se demander pourquoi ce n’est que maintenant que ces propriétaires sont sanctionnés. Perdant son calme face à un officier de la Santé qui devait montrer à la délégation ministérielle qu’un stop order ne devrait sans doute pas tarder à  être émis, le conseiller devait lancer: « Ce n’est pas maintenant que vous allez débiter vos grandes théories. Pas aujourd’hui et pas devant le ministre. Qu’aurait-il advenu si M. le ministre ne s’était pas déplacé? Où étiez-vous et pourquoi s’en est-il sorti jusqu’ici qu’avec des amendes uniquement? » Interrogé, le conseiller devait, par la suite, expliquer à Week-End qu’il y a eu deux jugements de la Cour mais que le propriétaire Muthy s’en est sorti avec deux amendes s’élevant à Rs 2,500 parce que les officiers du Conseil de district de Rivière Noire auraient, à l’époque, mal rédigé la plainte, ce qui explique que jusqu’ici aucun stop order n’a été émis.
Toutefois, il nous revient que le ministère de la Santé a récemment servi un sanitary notice pour l’interdire de nourrir la volaille. Un mois de délai avait été accordé pour tout arrêter puisqu’ils ne sont même pas censés être dans cette forestry zone. Ce notice était accompagné d’une contravention sous la section 26 du Rivers and Canal Act. « Toute ferme doit être à 100 pieds d’une rivière et une plainte est logée en Cour de district de Rose-Hill. Mais avant, il faut convaincre le State Law Office qui se chargera de rédiger la plainte. C’est pour cette raison qu’il faut que toutes les instances s’accordent. Si chaque autorité sévit de son coté, l’on est loin de trouver une solution durable », fait-on ressortir.
Une fois sur place, toute la délégation – composée d’habitants qui en ont profité pour vider leurs sacs remplis à ras bord, d’officiers, de policiers et de journalistes – a été assaillie par une odeur pestilentielle en provenance des poulaillers incriminés. Deva Virahsawmy a, d’ailleurs, dû se boucher le nez avec son mouchoir tant l’odeur était incommodante. Mais ce sont les asticots ou moutouks et la fiente de volaille à hauteur de cheville qui ont convaincu les membres de la délégation ministérielle qu’il y avait une menace certaine à la santé publique. « C’est un scandale! », s’est alors écrié le ministre.
Deva Virahsawmy a indiqué à la presse que son ministère a reçu des plaintes selon lesquelles une odeur nauséabonde émane de ces poulaillers, les carcasses de poulets sont brûlées et jetées dans la rivière et des mouches ont envahi tout le secteur.
« Isi sitan santi pi, ou onté kan fami vinn rann ou enn visite. Manze pa kapav manze », s’indigne une habitante. « Enn voisin li pa kapav zouir so pisinn, li trouv moutouk pe naz ar li », ironisent des jeunes, venus très nombreux.
Ces poulaillers constituant une atteinte très grave à l’environnement, le ministère « usera de tous les moyens à sa disposition pour mettre hors d’état de nuire ces infrastructures. » « Ce n’est pas possible qu’en 2012, alors que le gouvernement s’efforce de faire de Maurice une île où il fait bon vivre et de permettre aux Mauriciens de bénéficier d’un cadre de vie convenable à travers le projet Maurice île Durable (MID), qu’il y ait des gens qui ne s’inquiètent guère du bien-être de leurs concitoyens et menacent leur santé », s’insurge-t-il.
« Je ne crois pas qu’une autorité ait pu donner la permission à un promoteur d’opérer dans de telles conditions insalubres! Ou bizin respecter la santé ou voisin ek l’environnement ! Isi pé zet malprop dan la rivière », fait ressortir le ministre à une question lui faisant observer que le propriétaire a dit détenir les permis nécessaires.
Pris d’un malaise, le propriétaire Muthy n’a pu s’adresser à la presse si ce n’est que pour clamer son innocence. Les deux autres étaient absents.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -