CEB et DBM : Des sanctions qui interpellent

Hassan Fakim, ingénieur de son état et Deputy General Manager technique du Central Electricity Board, a été suspendu de ses fonctions mardi dernier après qu’un comité d’enquête lui a reproché d’être à l’origine d’une fuite d’informations sur le projet de centrale à gaz aux Salines. Informations sous forme d’une lettre en date du 8 octobre 2015 du directeur général Gérard Hebrard à la PS du ministre des Services publics, Nirmala Nababsing, demandant une intervention auprès du comté Ramsar pour qu’il enlève ses objections au projet. Cette lettre s’était retrouvée en possession du leader de l’opposition, Paul Bérenger, qui l’avait déposée lors de sa Private Notice Question du 3 novembre 2015 à Ivan Collendavelloo.
À l’époque où des questions étaient posées sur le choix du site péremptoire, Ivan Collendavelloo avait, lors d’une visite sur le terrain identifié, parlé de “prétendus marécages”. Lorsque l’affaire de la lettre du DG du CEB tentant d’influencer les décisions du comité Ramsar s’est ébruitée après la PNQ, le projet a dû être abandonné, le ministre concerné lui-même devant finalement reconnaître qu’il y avait bel et bien des marécages à l’endroit choisi pour les installations de production de gaz aux Salines.
L’affaire de la lettre déposée au Parlement qui intervenait peu de temps après qu’un autre document eut été circulé par Paul Bérenger sur les comptes du CEB indiquant des profits excédentaires de Rs 3 milliards avait provoqué le courroux du ministre et de ses troupes du ML dont Ravi Rutnah, qui est constamment revenu sur ces fuites lors de ses questions au Parlement.
C’est ainsi qu’en sus d’un enquête confiée à la police, un comité avait aussi été mis sur pied pour essayer de situer les responsabilités dans la fuite qui a permis au leader de l’opposition d’avoir accès à la lettre de Gérard Hébrard à la PS des Services publics. C’est ce comité composé d’un ancien haut cadre du CEB, d’un ancien PS du ministère des Services publics et surtout de Me Canen Colunday, qui n’est autre qu’un membre des Collendavelloo Chambers, qui a statué qu’il y a eu “gross negligence” et qui a poussé le CEB à suspendre son No 2.
“Le véritable whis-tleblower mérite une décoration”
Réagissant immédiatement, Paul Bérenger a, le mercredi 1er juin, dénoncé des “lâches” avant de qualifier de “choquante et terriblement injuste” la décision du CEB à l’encontre de ce cadre qu’il dit ne pas connaître et n’avoir peut-être rencontré qu’une fois dans sa vie. « J’espère que le CEB corrigera cela tout de suite », a indiqué le leader de l’opposition, qui n’a pas manqué d’ajouter que « le véritable whistleblower mérite une décoration pour avoir évité une catastrophe qui aurait coûté des milliards de roupies au pays ». Même si la sanction est tombée, au CEB on avance qu’il n’y a pas eu de lien direct établi entre le leader de l’opposition et Hassan Fakim, et que c’est plutôt sur l’insistance du ministre, qui a laissé des plumes dans toute cette affaire et qui s’est royalement contredit sur les marécages, exigeant ainsi des têtes et qu’il fallait “à tout prix” lui en fournir une.
Cette affaire est non seulement commentée au MMM mais aussi au PTr. Intervenant à une réunion de son parti vendredi à Curepipe, en sus d’avoir dit “bravo” à Paul Bérenger pour avoir évoqué cette affaire de “tank farms” au Parlement et poussé à l’annulation du projet, Navin Ramgoolam a dénoncé la suspension de Hassan Fakim qu’il dit connaître, qu’il ne lui a jamais refilé des informations et être certain que ce n’est pas lui qui est à l’origine de la fuite de lettre en la possession du leader de l’opposition. Élaborant sur les Private Notice Questions, Navin Ramgoolam en a profité pour révéler que c’est nul autre que Gérard Hébrard lui-même, alors un haut cadre du CEB, qui lui refilait des informations avant 1995 à l’époque où il était le leader de l’opposition.
Autre suspension enregistrée cette semaine, celle de Siddick Maudarbaccus de la Banque de Développement. Il a été reproché à cet employé à un poste nondécisionnel d’avoir assisté à la journée de réflexion organisée par le MMM le 1er mai dernier. Il devrait passer devant un comité disciplinaire dans le courant de la semaine prochaine. Selon la direction d la BDM, l’employé aurait enfreint le code de conduite de la banque qui interdit à ses employés de faire de la politique ou de participer à des activités partisanes.
Si l’employé juge la sanction qui lui a été infligée arbitraire, dans la mesure où d’autres collègues participent eux aussi à des activités des partis politiques, la direction de la BDM, elle, fait valoir que le même employé avait déjà écopé dans le passé d’un avertissement pour participation à une activité politique.

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