CENTRALE À CHARBON : Zones d’ombre et entraves ?

Se battre pour la conservation de l’environnement et contre la pollution n’est pas une mince affaire. Il faut convaincre les autorités et la population du bien-fondé de votre démarche. Quand des groupes s’opposent à votre lutte pour des raisons occultes, la tâche se complique. C’est le cas de la bataille que mènent la Plate-forme Citoyenne et ses alliés contre l’implantation de la centrale à charbon à Pointe aux Caves. Projet qui est entouré de nombreuses zones d’ombre.?Depuis que le consortium malaisien a eu gain de cause devant le Tribunal de l’Environnement, des voix se sont élevées contre la mise en place d’une centrale à charbon à Pointe aux Caves. La pollution que cela engendrera semble assez évidente, le site choisi étant proche d’une zone résidentielle qui n’a cessé de croître ces dernières années. Par ailleurs, l’utilisation du charbon pour produire de l’électricité est tout simplement archaïque et contraire à la durabilité de notre île, comme le prône le gouvernement mauricien. Maurice aura certes besoin d’une production accrue d’électricité dans les années à venir, mais il existe d’autres moyens d’en produire.?
Petroleum hub.
Malgré tout cela, la lutte que mène la Plate-forme Citoyenne se heurte à des embûches. La dernière en date est dans la décision de l’État de construire une oil jetty dans la région de Pointe aux Caves. L’argument soutenu est que cela facilitera l’accostage des tankers qui transportent du carburant. Mais personne n’est dupe. Un tel projet ne ferait qu’avancer le dossier de la centrale à charbon. Rappelons qu’une des conditions imposée à CT Power pour l’octroi d’un permis EIA était justement la construction d’un quai dédié au débarquement du charbon pour alimenter la centrale. “Le ministre de l’Environnement s’est transformé en porte-parole de CT Power. Après avoir déclaré que CT Power n’est plus d’actualité, ils annoncent à présent la création d’un petroleum hub”, s’insurge Fabiani Balisson de la Plate-forme Citoyenne.?
FCM.
Avant cette décision, il y a eu la prise de position du Front Commun Hindou (FCM), qui ne s’est pas privé de donner une dimension communale au débat. Aussitôt enclenchées les manifestations par la Plate-forme Citoyenne, le FCM a signifié son intention de descendre dans la rue afin de contrer la démarche anti-centrale à charbon. Plusieurs arguments ont été présentés, comme le besoin de démocratiser l’économie et le fait que CT Power proposait de vendre l’électricité à un prix relativement faible au CEB. Ce n’était là qu’un effet d’annonce et probablement une tentative de faire pression sur le gouvernement pour que celui-ci permette au consortium malaisien d’aller de l’avant avec son projet.?
Propriétaires inconnus.
À ce jour, les actuels propriétaires de CT Power ne sont pas connus. Rappelons que les promoteurs initiaux, Subramanian Mariappan et Chay Kwong Min, ont vendu toutes leurs actions à CT Holdings en 2008, sans révéler l’identité des nouveaux propriétaires. Or, selon les lois en vigueur, “an EIA report shall contain a true and fair statement… and shall include the ownership of the undertaking”.
“Il faut connaître le hidden agenda de certaines personnes qui sont en faveur du projet. Au fur et à mesure, on commence à comprendre qui sont ceux qui se cachent derrière la fumée de CT Power. Il y a des intérêts politiques”, analyse Fabiani Balisson.?
Rôle du CEB.
Fabiani Balisson souligne également qu’il existe un lien entre le gouvernement mauricien et CT Power. “Pour les élections générales de 2005, c’est CT Group Ltd, auquel appartient CT Power, qui a imprimé les affiches de l’Alliance Sociale; la firme a été incorporée à Maurice en 2006. Sans oublier que ce groupe a vingt ans d’expérience dans l’imprimerie et n’en a aucune en matière de production d’électricité à partir du charbon. Il ne faut pas non plus oublier que cette centrale à charbon est un unsolicited bid.”
D’autre part, le rôle du CEB dans l’affaire ne peut que susciter des interrogations. Car c’est cet organisme qui a mis à la disposition des promoteurs le terrain qui servira à la construction de la centrale à charbon et c’est le CEB qui accepte de fournir CT Power en charbon.
Le jugement de la Cour suprême, attendu pour la mi-janvier, devrait permettre de voir plus clair dans ce dossier brûlant. D’autres batailles se profilent à l’horizon…

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