Ceteris Paribus* ? (*Toutes choses étant égales par ailleurs?) (II)

DAVIN APPANAH

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Salaire minimum

Le salaire minimum est un vaste débat où les spécialistes du travail ont beaucoup publié. Encore une fois, ce sujet a été maintes fois récupéré par des idéologues qui vont dire qu’un salaire minimum va favoriser l’emploi ou que ça va décourager les employeurs à recruter. Comme habitude, en économie la réponse est « ça dépend ». Prenons un secteur où l’emploi sous-qualifié est une composante majeure, par exemple, la restauration rapide. La rentabilité des restaurants ou d’autres points de consommation est une fonction directe du salaire proposé. Aux États-Unis, en 1992, le salaire minimum a augmenté de 19 % dans le New Jersey. En revanche, ce même salaire n’a pas bougé dans l’état voisin de la Pennsylvanie. Donc ici, comme par magie, deux groupes se forment où on pourra analyser les effets. Huit mois après cette augmentation on constate que cette hausse de salaire n’a pas eu d’impact négatif sur l’emploi, bien au contraire elle a sensiblement augmenté dans le New Jersey. Ce résultat a surpris les économistes mais en cherchant davantage on constate dès lors qu’il y a une mobilité importante, les employeurs vont livrer bataille pour recruter. Ils fixent alors un salaire égal à ceux que rapportent les travailleurs car ils ont peur que ces derniers démissionnent. L’écart entre ce que rapporte un travailleur (sa productivité) et ce qu’il coûte (son salaire) est donc insignifiant. Si, dans cet environnement, l’action publique impose un salaire minimum supérieur à la rémunération à laquelle aboutit le jeu de la concurrence, certains employés reviendront plus cher à leurs entreprises qu’ils ne leur rapportent, et elles finiront par s’en séparer. Si l’État décide de fixer le salaire minimum légèrement supérieur au salaire choisi par l’employeur, celui-ci voit sa marge réduite. Tant que cette marge reste positive, il n’a aucune raison de se séparer de son personnel. L’augmentation du salaire minimum peut inciter certaines personnes sans emploi à chercher plus activement du travail et à s’intéresser à des propositions qu’elles délaissaient auparavant. Cependant, une élévation fréquente du salaire minimum va baisser la marge sur ceux qui sont déjà employés et donc, au final, certains employés vont coûter plus cher qu’ils ne rapportent. En définitive, tout est une question du lien entre la productivité et le niveau du salaire minimum.

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