Chagos : budget de Rs 80 M par an pour la réinstallation

  • C’est ce qu’indique un Chagos Preliminary Resettlement Plan, préparé par Jean-Michel de Senneville et Yuvan Beejadhur, soumis au leader du GRC, Olivier Bancoult
  • La gestion des Fishing Rights dans les eaux de l’archipel présentée comme étant « of paramount importance and concern »
  • Une stratégie visant à brasser large préconisée pour le prochain voyage envisagé par Maurice aux Chagos d’ici la fin de l’année

En dépit de la position d’entêtement politique et diplomatique de la Grande-Bretagne face à la double injonction d’évacuer l’archipel des Chagos, émanant de la Cour internationale de Justice de La Haye en date du 25 février et de l’Assemblée générale des Nations unies du 22 mai, Maurice maintient le cap sur la souveraineté sur cette partie de son territoire. Durant le week-end, en marge des Jeux des Îles de l’océan Indien, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a reçu en tête-à-tête le président de la République des Maldives, Ibrahim Mohamed Solih, samedi. L’archipel des Maldives est un des rares Etats-membres des Nations unies à avoir soutenu la position de la Grande-Bretagne en mettant en avant un différend avec Maurice portant sur la délimitation du Plateau Continental au Nord des Chagos. En parallèle, l’hôtel du gouvernement étudie les différentes options à être adoptées au-delà des six mois accordés aux Anglais depuis le 22 mai. Le projet de voyage aux Chagos vers la fin de l’année retient toujours l’attention avec une proposition émanant du tandem Jean-Michel de Senneville et Yuvan Beejadhur en vue de brasser large pour constituer une flottille de bateaux conséquente face à l’interdiction brandie jusqu’ici par la Grande-Bretagne. Par ailleurs, un Chagos Preliminary Resettlement Plan, élaboré par le tandem de Senneville/Beejadhur et soumis au leader du Groupe Réfugiés Chagos, Olivier Banoult, met l’accent sur la gestion des Fishing Rights dans les eaux des Chagos et prévoit un budget annuel de Rs 80 millions pour la réinstallation initiale de quelque 400 Chagossiens à Peros Banhos et Salomon.

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À ce stade, très peu de détails ont transpiré des consultations de samedi entre Maurice et les Maldives au Treasury Building. La partie maldivienne, dans un communiqué émis dès samedi à Malé, fait état de la nécessité pour les deux Etats riverains de l’océan Indien de « speak with one voice » sans faire allusion aucune au différend sur le Plateau Continental des Chagos, le litige remontant à des années déjà. À Maurice, l’on se garde de faire état des commentaires sur la teneur des échanges au plus haut niveau même si avant l’arrivée du président des Maldives, l’on faisait comprendre que « ces discussions allaient constituer une occasion de Ironing Out le litige sur la délimitation du Plateau Continental au Nord des Chagos ».

D’autre part, le Chagos Preliminary Resettlement Plan, présenté à Oliver Bancoult à fin juin dernier, représente un tremplin en vue de concrétiser les premières étapes d’un retour des Chagossiens dans leurs îles natales après un demi-siècle d’exil. Dans le document préparé par Jean-Michel de Senneville et Yuvan Beejadhur, le début du Resettlement devra porter sur quelque 400 personnes sur une population globale de quelque 5 000 Chagossiens, disséminés à Maurice, aux Seychelles et en Grande-Bretagne, principalement dans la région de Crawley.

Les deux endroits identifiés pour accueillir ce repeuplement des Chagos sont Peros-Banhos, comprenant 32 îles et Salomon avec sa douzaine d’îles. Dans un premier temps, il faudra prévoir un budget annuel de quelque Rs 80 millions, soit deux millions d’euros, en vue d’assurer la subsistance de ces quelque 400 personnes. Le plan évoque également la possibilité d’une croissance démographique de l’ordre de 10% annuellement sur une période de dix ans tout en s’assurant d’un programme de développement durable dans cet écosystème des plus fragiles.

Toutefois, les autorités mauriciennes doivent prévoir des investissements pour aménager une piste d’atterrissage de quelque 800 mètres de long pour accueillir des ATR-42. Le plan Senneville/Beejadhur souligne l’importance et l’urgence d’une gestion à toute épreuve des ressources marines dans la zone avec « the elements of the Blue Economy being of prime importance ». Cette question devrait constituer l’ossature du « Development Budget not only to the benefit of the Chagossians who have long awaited their return to their ancestral land, but also to Mauritius, as a whole, marine scientists and climate change experts from around the globe ».

Toutefois, les activités de pêche demeurent la priorité pour tout développement de l’archipel des Chagos. De ce fait, le Chagos Preliminary Resettlement Plan souligne que « the question of fishing rights and conditions to foreign countries and fishing companies is of paramount importance and concern ». D’ailleurs, la démarche de Maurice au sein de l’Indian Ocean Tuna Commission, contestant la présence de la Grande-Bretagne à travers les Chagos comme Overseas Territory (OT), s’inscrit dans cette perspective. La demande de Maurice réclamant l’expulsion des Britanniques devrait être à l’ordre du jour de la prochaine réunion ministérielle de cette instance.

Le Resettlement Plan définit également les pistes d’opérations économiques pour occuper les premiers Chagossiens. « While priority may initially be given to Fresh Fish Capture, Salted Fish and selected Seafood Processing, Oyster Beds, Sea Cucumbers, Shrimps, Octopus, Squid, Crabs, Sea Urchins, Clams, Aquatic Plants, Algae and other Crustaceans, Moluscs and Organisms Farming, Salt &“Fleur de Sel”, Guano, Coconut Milk, Meat & Oil production, Bio-Diesel (Transesterification), Handicrafts, as well as Marine Business Services, Mooring Facilities and Marine Tourism on a small scale, coupled to the Eradication of Rodents and the protection of Shore-lines, Turtles, Coconut Crabs, Bird Nesting & Breeding sites, we hope to establish as soon as possible a first-class Marine R&D and Education facility with an Ocean University (in partnership with reknown International ones) where Ocean Knowledge will be provided on short-term to International Students », font comprendre Jean-Michel de Senneville et Yvan Beejadhur, tout en rappelant l’urgence d’une Blue Carbon Initiative en vue d’atténuer les répercussions des activités d’aquaculture.

« A careful study and evaluation will need to be made on such activities as Sea-Weed Cultivation, Coral Reef Conservation, Bird Sanctuaries, Mariculture, Exploration of Sea-bed Minerals, Sea-bed Mining, Oil & Gas, Marine Biotechnology (Pharmaceuticals & Cosmetics), Marine & Sea-bed Mining, Hi-tech Marine Products & Services, Ocean Renewable Energy, and Deep Ocean Water Applications », recommande le rapport entre les mains d’Olivier Bancoult.

Toujours en ce qui concerne les interdits pour le Resettlement, l’attention est attirée sur le fait que « one will most certainly try to avoid all together any such high potential environment polluting activities such as large Ports, Bunkering, Off-shore Bunkering, Ship-building & Repairs, Marine Manufacturing & Construction ».

Néanmoins, le constat unanime de tout développement dans l’archipel des Chagos est que toute initiative, et surtout en matière de Marine Safety and Surveillance de cette immense zone dans l’océan Indien devra se faire en étroite collaboration avec les Etats de la région et d’autres partenaires stratégiques.

En conclusion, ce projet préliminaire pour la réinstallation des Chagossiens dans leur archipel, tout en invitant d’autres contributions, avance que « we believe that a trained and happy resident population with community engagement regarding conservation and sustainable living conditions can be a major asset to the World in the assessment of the impact of Global Warming on Marine Eco-Systems. After all, Chagossians may well become known around the World for tackling Climate Change with success ».

En ce qui concerne le projet de voyage aux Chagos vers la fin de l’année, annoncé par le gouvernement, Jean-Michel de Senneville est d’avis que l’invitation pour constituer la flottille la plus importante devra être lancée à toutes les parties concernées dans le monde. « My suggestion regarding the proposed group visit to the Chagos is that we should adopt the same format as that of the Allied Forces on the beaches of Normandy – an open invitation to every kind of floating vessel to join-in. One can be very bold when you know that you hold the moral high ground and that the World is behind you! », préconise-t-il.
Affaire à suivre…

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