CHAGOS: Nous ne sommes pas pris au sérieux par Londres, a déclaré Bérenger

Paul Bérenger, leader de l’opposition et du MMM, juge « très humiliant » pour Maurice le résultat de la rencontre grandement médiatisée à Londres cette semaine entre le Premier ministre britannique, David Cameron, et son homologue mauricien, Navin Ramgoolam, au cours de laquelle la question de  souveraineté de Maurice sur les Chagos allait, en principe, être abordée. « Il est évident que nous ne sommes pas pris au sérieux par Londres », a estimé hier lors de son point de presse hebdomadaire le leader de l’opposition. Ce dernier annonce dans la foulée que sa PNQ de mardi prochain sera justement consacrée à cette question de souveraineté sur l’archipel. « Pas dans un but de marquer des points », assure-t-il, mais en vue de « savoir comment amener Londres et Washington à nous prendre au sérieux ». Le chef de l’opposition laisse comprendre qu’il a son opinion sur le sujet mais qu’il n’entendait pas « en discuter en public ».
Paul Bérenger réitère qu’il y aurait eu « fuite » du côté du gouvernement mauricien dans la presse britannique pour laisser entendre que la rencontre entre David Cameron et Navin Ramgoolam allait être « cruciale » et qu’il allait y avoir un « breakthrough » à propos du dossier des Chagos. Ce qui, dit-il, a créé beaucoup d’attentes. Il explique que, dans le même contexte, le communiqué du Prime Minister’s Office (PMO) publié dimanche dernier insistait sur le fait que, hormis la question de la piraterie, la rencontre des deux Premiers ministres à Londres allait aussi porter sur la reconnaissance de la souveraineté de Maurice sur les Chagos.
Il poursuit en soulignant que cette rencontre initialement prévue pour mercredi a été reportée à vendredi. Mais, pour le leader de l’opposition, ce qui constitue une « véritable honte » c’est le fait que, dans un communiqué publié, le 10 Downing Street « prend un malin plaisir » pour expliquer qu’en fait le Premier ministre britannique n’a fait que « se joindre » vendredi à une cérémonie de signature d’accord sur la piraterie dans l’océan Indien entre son Foreign and Commonwealth minister, M. Bellingam, « un Junior Minister », et le Premier ministre mauricien.
« Le communiqué ne pipe pas un mot sur les Chagos », soutient M. Bérenger. Il cite de même Navin Ramgoolam qui, dans une déclaration à The Guardian, insiste sur le fait que sa rencontre avec M. Cameron aura été « très cordiale », que cela était « de bon augure pour l’avenir », sans que le Premier ministre mauricien ne parle des Chagos. Pour le leader de l’opposition, ce qui s’est passé est, selon lui, « très humiliant ». « Il est évident, dit-il, que nous ne sommes même pas pris au sérieux par Londres ».
Il trouve qu’en voulant aider Maurice, Me Geoffrey Robertson nous a en fait « aidés à perdre la face ». Alors que dans sa déclaration à The Guardian Navin Ramgoolam a déclaré qu’il entendait se rendre à Washington prochainement, Paul Bérenger trouve qu’il convient qu’il y évite la même « humiliation » subie, selon lui, à Londres. Le leader de l’opposition, qui annonce que sa PNQ de mardi portera sur toute cette question de recouvrement de la souveraineté mauricienne sur les Chagos.
« Le but n’est pas de marquer des points. La question-clé est de savoir comment amener Londres et Washington à nous prendre au sérieux sur la question des Chagos ». Le leader de l’opposition laisse comprendre qu’il a son opinion sur la question mais qu’il n’entendait pas « en discuter en public ».
Au chapitre économique, il trouve que tout ce que le MMM avait prévu intervient plus vite qu’attendu. Il cite à témoin pour cela les derniers chiffres pour le premier trimestre des investissements directs étrangers, de la balance commerciale et du déficit du compte courant. Paul Bérenger insiste sur le fait que c’est l’ensemble de l’Union européenne (UE) et pas seulement les pays membres de la zone euro qui est en crise.
Métro léger et péage :
« la vérité a éclaté »
Il s’insurge dans ce contexte qu’au moment même où le ministre des Finances, Xavier Duval, persiste à dire que tout va pour le mieux et accuse l’opposition MMM d’être alarmiste, le gouverneur de la Banque de Maurice, Manou Bheenick, est venu, dans l’édition de Week-End de la semaine dernière, dire sa « grande inquiétude ». Il juge ainsi « grotesque et dangereux » que ces deux responsables n’arrivent même pas à s’entendre sur la situation. « Le plus tôt une nouvelle équipe économique s’installe, le mieux ce sera pour le pays », trouve-t-il, ainsi.
Revenant par ailleurs à ses deux dernières PNQ consacrées, d’une part, au métro léger et, d’autre part, au droit de péage, Paul Bérenger trouve que la vérité a éclaté. « Ces PNQ ont prouvé que le ministre Anil Bachoo ne contrôle rien ». Pour lui, il est évident que le ministre de tutelle ne s’est pas interrogé sur l’impact réciproque de ces deux projets l’un sur l’autre. « Il a été incapable de dire quand l’un et l’autre projet va être opérationnel. » Il en est de même, dit-il, quant au coût éventuel des tickets de métro et du droit de péage.
Le leader de l’opposition critique aussi le fait que, selon lui, en ce qui concerne le métro léger, tout aurait été laissé entre les mains des Singapouriens. Or, selon lui, Singapour ne dispose pas d’expertise en matière du type de transport alternatif en commun que l’on contemple pour Maurice. Pour M. Bérenger en effet, le métro léger dont on parle pour Maurice s’apparenterait davantage au tramway en opération à Montpellier en France. Il s’étonne d’autre part que le ministre Bachoo n’était pas au courant que la maison mère de l’un des consortiums qui travaille sur le péage est sur la liste noire de la Banque mondiale tout comme une filiale de l’autre.
Paul Bérenger revient aussi sur le tollé soulevé ces deux derniers mois autour du projet d’introduction d’un droit de péage sur des routes dans la région de Johannesburg en Afrique du Sud. Il souligne qu’Anil Bachoo n’a pas aussi été en mesure de donner la garantie qu’un droit de péage ne serait éventuellement appliqué que là où des routes alternatives existent. « S’il a laissé entendre que des subventions seraient accordées sur le droit de péage, il n’a en revanche rien dit quant à des subventions visant à rendre abordable le coût des tickets de métro. »
À propos du métro léger toujours, M. Bérenger regrette que le « travail en profondeur » sur la question, réalisé selon lui à l’époque par le gouvernement de 2000 à 2005, a été mis de côté entre 2005 et 2010 par le nouveau gouvernement. Et de conclure en annonçant qu’il viendra aussi prochainement avec des PNQ pour, d’une part, tirer au clair les coûts additionnels des grands projets d’infrastructures routières et, d’autre part, les entreprises « blacklisted » par des institutions internationales.
Le leader du MMM tient aussi à démentir que les meetings du Remake de 2000 déjà programmés auraient été renvoyés.

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