LE CHALAND RESORT—CONTESTATION DU PROJET: Les écologistes s’en remettent à la Présidente de la République

Intensifiant leur combat contre la construction du projet hôtelier du groupe Currimjee Jeewanjee, Le Chaland Resort, dans le parc marin de Blue-Bay, à La Cambuse, les écologistes et autres citoyens engagés, réunis au sein de la coalition Aret Kokin Nu Laplaz, ont écrit à la Présidente de la République. Ils en appellent à la « sensibilité d’Ameenah Gurib-Fakim à préserver notre environnement » et « à guider positivement le développement de la République » durant son mandat en tant que scientifique.
« En tant que scientifique reconnue par la communauté nationale, régionale et internationale pour son travail inestimable à préserver notre patrimoine médicinal, Mme Ameenah Gurib-Fakim est à même de mieux comprendre le sens de notre combat à préserver notre patrimoine environnemental et cette urgente nécessité de tout faire pour promouvoir une gestion durable de nos zones côtières avant qu’il ne soit trop tard, pour nous et pour les générations de Mauriciens à venir », a confié au Mauricien Yan Hookomlsing, citoyen engagé de la coalition Aret Kokin Nu Laplaz pour expliquer les raisons de leur lettre adressée à la Présidente de la République afin de lui demander une rencontre pour discuter de toute la question.
Dans leur lettre, les écologistes rappellent d’emblée à la Présidente de la République la mise en garde qu’elle a lancée lors de sa causerie aux TED Talk : « We don’t realize how valuable and how precious the resources (of the habitats) are and yet through our “insouciance” we keep on destroying them. »
Les membres de la coaliton expliquent qu’ils s’opposent à ce projet hôtelier à La Cambuse « à cause de son potentiel effet désastreux sur le Blue Bay Marine Park ». Ils se disent également préoccupés par le nombre « inquiétant » de projets hôteliers « in the pipeline » dans des endroits encore sauvages de Maurice. Ils citent à cet effet le Koki Bay IHS Resort à Melville (Grand-Gaube), un hôtel sept étoiles à Pointe-des-Lascars (Rivière-du-Rempart), un hôtel cinq étoiles à Haute Rive (Roches-Noires) et enfin un hôtel-casino à Grand-Gaube (en face de l’île d’Ambre).
« Déjà, nous constatons que les projets hôteliers grignotent de plus en plus les 10% de plages restant pour le public mauricien (contre 20% pour les hôtels, IRS et terrains de golfs, et les 13% pour les bungalows privés), et que nous ne sommes pas loin de voir notre île recouverte de béton. D’autre part, le faible taux d’occupation de nos hôtels (65%) ne justifie aucunement la construction de nouveaux hôtels », élabore la coalition.
Les écologistes s’alarment également du peu de cas que font les promoteurs hôteliers de l’impact de leur projet sur leur environnement immédiat. Ils citent à cet effet la mise en garde du Blue Bay Marine Park Management Plan contre le projet de Currimjee Jeewanjee. « If approved, this development could have serious consequences for coastal and marine ecosystem health », prévient le plan de gestion.
Dans ce contexte, citant une étude de l’Ong EcoSud et un rapport du ministère de la Pêche au Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE – 2012), la coalition soutien que le parc marin de Blue-Bay est « sévèrement dégradé et souffre déjà des activités humaines excessives ».
Les écologistes déplorent en outre, dans leur lettre à la Présidente, que le ministère de l’Environnement n’a jusqu’ici élaboré aucun plan de gestion intégré de nos zones côtières, et ce malgré la mise sur pied d’un Integrated Coastal Zone Management (ICZM) Department il y a 13 ans. « Nous nous battons pour une bonne gestion de nos zones côtières, mais si rien n’est fait en termes d’un changement de politique solide, demain, des endroits tels que Saint-Brandon, Agaléga ou encore l’Île Plate seront très probablement en danger, parce qu’ils ne feraient pas partie d’une vision intégrée et durable à long terme », prévient la coalition. Réclamant une rencontre avec la Présidente pour discuter de toute cette question, la coalition Aret Kokin Nu Laplaz en appelle à la « sensibilité d’Ameenah Gurib-Fakim à préserver notre environnement » et « à guider positivement le développement de la République » durant son mandat.

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