CHASSÉ CARSENAC : Le mystère du coup de feu plane encore

Depuis dimanche dernier, des limiers du CID de Flacq, sous la supervision de l’assistant surintendant de police Ramgoolam, tentent de démêler l’écheveau de ce coup de feu tiré à bout portant sur Jeetendra Moneea, alias Pipone, âgé de 42 ans et amateur de chasse. A ce stade, deux suspects : le gardien de chassé, Atmanand Deenoo, qui avait donné l’alerte, dimanche après-midi, au sujet d’un premier coup de feu entendu dans le chassé Carsenac, Poste-de-Flacq, et Marquelin Eulalie, 62 ans, chauffeur, qui avait fait une course pour la victime plus tôt ce dimanche, ont été placés en détention policière sous des inculpations provisoires respectives de meurtre et de complicité de meurtre. Sept fusils et des téléphones cellulaires utilisés par les principaux protagonistes ont été saisis dans cette affaire et les analyses balistiques et le relevé des mémoires des portables seront déterminants pour la suite de l’enquête. En début de semaine, la police prévoit de nouvelles arrestations après la confrontation des résultats des analyses scientifiques des exhibits versés dans le dossier à charge.
A leur arrivée sur les lieux du crime dans le chassé Carsenac à Poste-de-Flacq, peu avant 19 heures, dimanche dernier, des membres de la Major Crime Investigation Team (MCIT), menés par le surintendant Manaram, ont dressé trois constats majeurs : d’abord que la victime a été retrouvée allongée sur le dos, alors que la logique voudrait que recevant une balle tirée « at close range » dans le dos, son corps soit projété par devant et, par conséquent, retrouvé allongé sur le ventre. D’où les enquêteurs on conclu que le cadavre a été déplacé. A côté de la dépouille, se trouvaient une carcasse de cerf abattu et un fusil de calibre 22 portant le numéro AS 31142 et équipé de silencieux et de télescope. La victime portait un impact de balle d’envergure dans son dos tirée d’un calibre 16, dite balles fanées.
L’autre élément encore intrigant et éveillant de sérieux soupçons chez les limiers  de la MCIT est que Atmanand Deenoo, le gardien de service au moment des faits, n’était pas à la disposition des enquêteurs pour un premier Statement de routine dans la soirée. En effet, les enquêteurs se sont rendus en vain dans la soirée de dimanche au domicile de ce témoin devenu suspect sans pouvoir l’interroger.
Un troisième facteur, considéré comme troublant et susceptible d’accréditer la thèse d’un maquillage de la scene of crime, est que le cadavre était nettement refroidi et devenu raide selon un constat du Chief Police Medical Officer, le Dr Sudesh Kumar Gungadin. Cet élément vient conforter l’orientation de l’enquête policière remettant en cause la première version des faits des principaux suspects au sujet d’une affaire d’activités de braconnage dans un chassé.
Philippe Rivalland, âgé de 49 ans, habitant Grande-Retraite, responsable du Chassé Carsenac, avait initialement indiqué que vers les 17 h 15, dimanche dernier, il avait reçu un appel téléphonique du gardien de chassé l’informant d’un coup de feu tiré dans l’enceinte de la propriété. Il s’est rendu vite sur les lieux en compagnie du Chief Watchman, un dénommé, José Léveillé. Entre-temps, Atmanand Deenoo, qui aurait eu pour consigne de son patron de « rest anplas ! Pa bouzé ! », aurait entendu un second coup de feu environ cinq minutes après l’appel téléphonique. Le gardien de chassé, qui rejette les allégations de meurtre à son encontre, a dit qu’il n’était armé que d’un sabre et affirme qu’il se tenait à ce moment précis à environ 300 mètres des lieux de la découverte du corps de la victime.
Les premières recherches entreprises par Philippe Rivalland en compagnie de José Léveillé et Atmanand Deenoo aboutirent à la découverte macabre d’un homme abattu en tenue de camouflage dans les environs d’un marécage. La police fut informée de la situation vers les 18 h 50. Une fois sur les lieux, les policiers ont relevé des traces de sang sur une distance de 25 mètres mais aucune présence de douilles.
Les premiers éléments d’enquête indiquent que le dénommé Atmanand Deenoo était introuvable dans le chassé par les enquêteurs de la police. D’autres gardiens, en l’occurrence Vishal Kunthasami, 32 ans, habitant Argy, Sooryadev Ramprosand, 50 ans, de Mare-La-Chaux, Rishisamy Kunthasami, 64 ans d’Argy et Ajitsing Ramduth, 43 ans, qui y avaient été entre-temps déployés, avaient été entendus avant d’être remis en liberté sans aucune charge.
Avec l’inculpation provisoire d’Atlanand Deenno, qui a soutenu lors de son interrogatoire n’avoir jamais côtoyé la victime Pipone, le CID de la Eastern Division a appréhendé le chauffeur qui avait déposé Jeetendra Moneea aux abords du chassé et qui avait eu pour mission de venir le chercher dans l’après-midi de dimanche.
Quand Marquelin Eulalie était revenu pour reprendre son client à l’endroit indiqué, il ne devait pas le rencontrer. Il dit s’être rendu par la suite au domicile de Jeetendra Moneea, alias Pipone, en vue de retourner l’étui de l’arme à feu de ce dernier, qui était resté dans la voiture. Il a été longuement entendu sur son emploi du temps de dimanche et a été inculpé de complicité de meurtre lors de sa comparution en Cour de Flacq mardi dernier.
D’autre part, les responsables de cette enquête devront être en mesure de réorienter cette affaire après les conclusions du Forensic Science Laboratory (FSL) au sujet de l’arme à feu utilisée pour abattre Jeetendra Moneea sur les sept fusils saisis par la police. Les téléphones cellulaires des principaux protagonistes, dont celui d’Atmanand Deenoo, devront apporter d’autres éléments en vue de faire la lumière sur cette affaire.
L’enquête policière se poursuit avec de nouvelles arrestations à prévoir…
 

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