Circulation routiére | Au moins 50 minutes entre GRNO et la place de l’Immigration

  • Un parcours de combattant pour les passagers d’autobus sur un tracé de 7,9 kilomètres, avec les travaux de l’autopont de Decaen (Caudan), en attendant le chantier du projet Metro Express

Depuis le début de la semaine, la circulation routière devient de plus en plus dense en raison du début des préparatifs pour le chantier de construction de l’autopont de Decaen, à hauteur du rond-point du Caudan, et la fermeture des “fast lanes” dans les deux sens de la Nationale. La journée de mardi a été quelque peu plus difficile. En effet, le trajet en autobus entre la Place Victoria et Cité Vallijee – comptant deux arrêts plus loin en passant par Caudan et La Butte – prend au moins 25 minutes de plus qu’en temps normal. Toutefois, le véritable casse-tête reste les heures de pointe en raison du goulot d’étranglement au rond-point du Caudan rejoignant la jonction de La Butte. Cette bretelle est des plus cruciales pour des lignes de transport en commun desservant Pointe-aux-Sables, les régions de l’Ouest jusqu’à Baie-du-Cap, de même que les autres destinations dans le district de Moka. Tous les autobus assurant le service sur ces lignes doi- vent impérativement emprunter la route entre la gare Victoria et La Butte en passant par la Nationale, amputée de ses “fast lanes” sur 300 mètres.

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Une expérience vécue à bord d’un des autobus à l’heure de pointe hier après-midi s’est révélée un calvaire occasionné par des bouchons. Il est 15h45, c’est le rush à travers la gare, où tous sont mouillés par la pluie, qui s’abat copieusement sur la capitale. La foule à l’arrêt réunit sous un ciel gris comprend des collé- giens, mais aussi ceux qui sortent du travail et s’empressent pour occuper des places assises dans le bus. Dans l’ensemble, ces usagers du transport en commun savent que, pour la majorité d’entre eux, le service se fera en “portemanteau”, soit debout dans l’étroit couloir entre les rangées de sièges du bus. Ils seront dès lors systématiquement bousculés par le receveur faisant son travail ou encore les passagers qui descen- dent et montent à chaque arrêt. Mais la priorité reste de se retrouver dans le bus.

« Degaze ! Deza sime bloke Caudan-la », entend-on dans le couloir des passagers se dirigeant vers Pointe-aux-Sables. Un collégien se plaint, lui, auprès de ses amis ; ils seront en retard à leurs leçons particulières. « Misie kone larout bloke do », tente de rassurer l’un d’eux.

À 15h55, le chauffeur démarre et à peine a-t- il quitté la gare du Nord qu’intervient le premier ralentissement au coin de l’Aapravasi Ghat. Pour sortir de la gare du Nord, tout chauffeur de bus sait qu’il doit faire preuve de dextérité pour se faufiler entre passants et autres bus entrant ou quittant cette gare routière, tandis que les receveurs tentent de racoler le plus grand nombre de passagers. Sur la Nationale, le trafic avance au ralenti au niveau de la Poste, en face du marché central. À cette heure, les feux de signalisation sont caducs. Un policier positionné à la hauteur de Mc Donald’s, à l’entrée de la Place d’Armes, donne les directives pour faire avancer les automobilistes dans trois sens, notamment vers Port-Louis en face de l’hôtel du gouvernement, soit vers la gare du Sud ou encore vers le nord. L’attente sur le front de mer s’ajoute à l’impatience et la fatigue de ceux qui veulent rentrer au plus tôt. Il n’y a rien à faire car le chauffeur n’a aucun contrôle sur les directives du “fixed point”.

Le feu vert du policier obtenu, le bus se dirige tranquillement vers un premier stop, à la gare du Sud, d’où on peut voir les terres déblayées de l’autre côté de l’autoroute, à l’entrée du Caudan Waterfront. À cet arrêt, souvent, des receveurs et chauffeurs de bus font la pluie et le beau temps. Avant même ce premier arrêt de bus, le chauffeur a déjà coupé la sonnerie. Le bus, que ce soit des opérateurs privés ou de la CNT, fait un de ses longs arrêts à la gare Victoria, pour plus de cinq minutes.

La sonnerie étant momentanément hors de service, le chauffeur n’a nullement à s’inquiéter des protestations des passagers : « Sofer, nou ale enn fwa ! Ki pe atann ankor la ? » Le receveur, qui se trouve en dehors du véhicule, n’entend rien et tente de convaincre d’autres passagers. Certaines fois, des policiers de faction tentent d’intervenir en rappelant aux employés du transport en commun concerné que ce “lay-by” de la gare Victoria n’est que pour permettre à des passagers de descendre et de monter du bus, rappelant que n’est pas une gare routière. Mais les policiers n’y sont pas tous les jours alors que les inspecteurs de la National Transport Authority, qui devraient réglementer la situation, sont encore plus rares.

Une des conséquences de ces longs arrêts se répercute sur le flot des véhicules quittant la capitale. La situation risque de s’aggraver avec la fermeture de la “fast lane” sur 300 mètres, un peu plus loin. La prochaine étape s’avère être encore plus compliquée, soit la bretelle quittant la Nationale pour se diriger vers La Butte. La circulation conf lictuelle entre le trafic venant de rue Deschartes pour rejoindre la Nationale n’arrange nullement les choses.

Quelques mètres en avant, un policier, malgré la pluie, parvient à canaliser les véhicules vers la déviation qui mène rue Moka. Les automobilistes convergeant vers Port-Louis peinent à se frayer un chemin. Puis, l’arrêt de bus de Vénus où, de manière systématique, des autobus se retrouvent bloqués, gênant la circulation dans les deux sens. Le cauchemar des usagers pointe déjà du nez.

Aux feux de Bell-Village, à côté de Courts, la circulation avance à petits pas, traversant les locaux de la National Transport Authority, l’arrêt de bus de Cité Vallijee, pour arriver à Grande-Rivière-Nord-Ouest. Ce trajet a pris 24 minutes, soit de 15h55 à 16h19. Toutefois, l’on notera que la file de véhicules tentant de prendre la route menant vers les régions basses des Plaines-Wilhems est encore plus conséquente. Ceux qui utilisent l’axe Pailles à partir de la Nationale jusqu’à GRNO aux heures de pointe, que ce soit le matin ou l’après- midi, concèdent que cette route de dégagement est encore plus saturée.

Et le trajet retour s’annonce plus difficile. La priorité est de faciliter la sortie des véhicules de la capitale. Il est 16h20. Les passagers déjà dans l’autobus ont les nerfs à fleur de peau. Depuis Coromandel, ils subis- sent ce long ralentissement. Et ils sont plus vocaux. « Get sa kouma bloke. Kiler pou rant lakaz ? », se demande un homme, visiblement impatient. « Mo pe fer pas pran mwa lor moto », dit-il à son ami assis devant lui.

Un premier ralentissement intervient à hauteur du garage Ballah. Puis à l’arrêt de bus de Cité Vallijee. Les véhicules tardent à bouger et les minutes défilent. Les passagers ont l’air inconfortables avec la chaleur causée par la pluie un peu plus tôt. Petit à petit, on traverse Vénus. La rue Moka est cependant bloquée dans les deux sens vers les 16h45. Après beaucoup de temps d’arrêt, nous parvenons au coin des Casernes centrales. Effectivement, le passager à nos côtés avait fait appel à son fils pour qu’il vienne le récupérer à moto.

Le bus arrive péniblement à avancer rue John Kennedy pour se retrouver à la Place d’Armes et ensuite emprunter l’autoroute pour rentrer à la gare du Nord. Une femme laisse entendre : « Paret pou pli bloke ankor dan bann zour a venir. » Il est 17h10 lorsque le bus dans lequel nous sommes s’arrête à destination. Interrogé, le receveur indique qu’il a l’habitude de réaliser ce parcours, qui prend « entre 20 à 25 minutes dans le pire des cas ». Lui aussi est d’avis que cette situation risque de s’aggraver dans les jours à venir.

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