CIVISME—PROPOSITION DE JACQUES DINAN: Un groupe de travail pour contrer la dégradation sociale

Un groupe de travail pourrait être institué au niveau du Diocèse de Port-Louis pour réfléchir sur la constante dégradation sociale du pays et la façon de réaliser le bien commun à Maurice. C’est ce qu’a suggéré hier soir le conférencier Jacques Dinan, à l’Institut Cardinal Jean Margéot (ICJM), Rose-Hill, dans le cadre du Cardinal Jean Margéot Memorial Lecture. L’intervention de ce consultant en relations publiques avait pour thème Le Civisme.
« Afin d’aider à la réalisation du bien commun dans notre pays, ne serait-il pas opportun d’instituer un groupe de travail, au niveau du Diocèse de Port-Louis, qui aurait pour mission de réfléchir sur toute la question, dont les propositions de développer une stratégie adéquate, de proposer un plan d’action et d’assurer sa mise en oeuvre », a proposé hier soir Jacques Dinan, devant une cinquantaine de personnes.
« Nous sommes tous concernés et ensemble nous pouvons relever le défi et faire ainsi honneur à la mémoire du Cardinal Jean Margéot », a exhorté le conférencier en conclusion à sa causerie.
Jacques Dinan a axé sa conférence sur Le Civisme sur la Lettre Pastorale de Mgr Jean Margéot en marge du carême 1970, et qui portait justement ce titre.
D’emblée, le conférencier a expliqué que son intervention comportait cinq parties : d’abord un résumé de cette Lettre Pastorale, puis le contexte des années 1960-1970, ensuite les diverses initiatives prises à Maurice pour promouvoir le civisme ou le bien commun, quatrièmement la situation aujourd’hui et enfin les moyens et stratégies pour réaliser le bien commun.
Afin de bien expliquer la thématique de sa conférence, Jacques Dinan a cité les diverses définitions du mot “civisme” : « Dévouement pour l’intérêt public, pour la collectivité ; respect du citoyen pour la collectivité dans laquelle il vit et de ses conventions, dont notamment sa loi ; respect de la “chose publique” et de l’affirmation personnelle d’une conscience politique ; connaissance de ses droits comme de ses devoirs vis-à-vis de la société ; priorité donnée par le citoyen aux intérêts de la nation sur ses intérêts particuliers ; ensemble des qualités propres au bon citoyen ; zèle, dévouement pour le bien commun de la nation ».
Selon l’orateur, Mgr Margéot a, dès 1970, précisé le fondement chrétien du civisme : la poursuite du bien commun en mettant en pratique ce précepte du Christ « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Il cite à cet effet Mgr Margéot : « Nous cesserons d’être seulement un pays pour devenir une nation, lorsque, brisant la solitude, nous nous unirons en vue du bien commun. Notre nation deviendra une patrie quand, combattant l’égoïsme, nous nous aimerons vraiment les uns les autres ». « Nous retiendrons les recommandations de cette lettre de Mgr Margéot : rechercher le bien commun, connaître les autres cultures, réagir contre l’immoralité publique, comprendre que le civisme est à base d’amour », a élaboré le conférencier.
Engagement civique
Jacques Dinan avance toutefois que dès février 1970, Mgr Margéot avait déjà identifié le communalisme et la corruption comme les deux principaux obstacles à la réalisation de ce civisme.
Et le conférencier de rappeler le contexte de la publication de cette Lettre : les bagarres raciales de janvier 1968, l’accession de Maurice à l’indépendance en mars 1968, entre autres. « La lettre pastorale de Mgr Margéot traduit bien la préoccupation de l’Église post Vatican II pour l’homme, pour son développement intégral, au sein de sa patrie, comme citoyen du monde à part entière. Il faut aussi reconnaître que les questions soulevées par l’évêque de Port-Louis en 1970 étaient aussi d’actualité ailleurs dans le monde : la corruption omniprésente, à divers degrés sans doute, et le communalisme sous la forme de conflits ethniques, de discrimination raciale, voire d’apartheid » .
Face à ces préoccupations, des initiatives ont été prise par l’Église et par les autorités pour essayer de redresser la barre, souligne Jacques Dinan. Cet engagement civique de l’Église peut se résumer ainsi : fondation de l’Institut pour le Développement et le Progrès (IDP), créations de Credit Unions, institution de Caritas Île Maurice et celle de la Commission Justice et Paix du Diocèse de Port-Louis.
Sur la plan social, il y a eu la fondation du mouvement Action Civique, celle de Transparency Mauritius, et du groupe Democracy Watch, entre autres.
Au niveau de l’État, il y a eu l’institution de l’Economic Crime Office en 2000, qui sera remplacé par l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) en 2002, celle de l’Equal Opportunities Commission en 2008.
Pour se faire un idée de la situation actuellement, le conférencier nous invite à consulter les journaux. « Quasiment chaque jour, les grands titres de la presse écrite et parlée font état de scandales, de cas de corruption, d’arnaque, de passe-droit, de favoritisme, d’atteintes à la dignité humaine et j’en passe ».
Jacques Dinan affirme que l’avertissement émis par Mgr Jean Margéot en 1970 résonne plus fort encore aujourd’hui, 43 ans après. « Petit à petit, la malhonnêteté se répand et finira par déshonorer notre pays. Au nom du bien commun, par conséquent de la vraie charité, il est urgent de réagir contre l’immoralité publique et de protéger ceux qui entendent rester honnêtes ou le redevenir », s’était alors alarmé l’Évêque.
D’où cette proposition du conférencier aux Mauriciens « de bonne volonté » d’instituer un comité pour se réunir et réagir face à cette constante dégradation sociale.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -