CNT : Mobilisation et grogne des employés

La décision visant à allouer la desserte partielle de six routes desservies par la Corporation Nationale de Transport à d’autres opérateurs du transport en commun continue de susciter de vives appréhensions au sein du personnel. L’heure est actuellement à la mobilisation. Après une assemblée d’urgence, hier, l’employé de la CNT Gérard Anthony a décidé d’entamer une grève de la faim au dépôt de Bonne-Terre ce matin. Le principal syndicat des employés du transport public, l’Union of Bus Industry Workers (UBIW), a saisi la Cour suprême d’une injonction alors qu’une nouvelle assemblée des employés de la CNT est envisagée pour cet après-midi en vue de passer en revue les développements et de décider des actions syndicales.
Ainsi, suite à une décision de la National Transport Authority (NTA), depuis ce matin, la CNT doit accommoder des bus venant d’autres compagnies pour assurer le service comme suit :
huit bus de la United Bus Service (UBS) sur la route 141 Bord Cascade/Port-Louis, en passant par Henrietta ;
deux bus de la UBS sur la route 52 Médine/Port-Louis en passant par Bambous ;
six bus de Rose-Hill Transport Ltd (RHT) sur la route 122 Camp-Levieux/Curepipe ;
trois bus UBS et six bus RHT sur la route 6 Rivière-des-Galets/Curepipe ;
sept bus de la Bus Owners Cooperative Syndicate Ltd (BOCSL) sur la route 27 Rivière-du-Rempart/Port-Louis ;
cinq bus de la BOCSL (Sud) sur la route 197 Rivière-des-Galets/Port-Louis.
La presence de ces autobus sur ces lignes est très mal accueillie par les employés de la CNT à l’image de ce chauffeur et receveur assurant le premier trajet entre Médine et Port-Louis tôt ce matin. En voyant le premier autobus de la UBS, le panneau affichant Médine en tant que destination sur la route de Rivière-Noire à la hauteur de Camp-Benoît effectuant le premier voyage entre Port-Louis et Médine, le receveur, avec un pincement au coeur à peine dissimulé, lâchait à l’égard du chauffeur : « Eta tonn trouve UBS inn mette 52 ek pe roule. »
Tout au long du reste du trajet jusqu’à la gare du Nord, la conversation entre ces deux employés de la CNT était axée sur « cette humiliation pour la CNT d’avoir à céder une partie de son réseau à d’autres ». « Bizin fer enn zafer lor lagar. Pa pou kapav les sa kontinye », ne cessaient-ils de répéter. Dans les milieux de la direction de l’UBIW, l’on ne cache pas le fait que des efforts ont dû être déployés ce matin pour éviter un débrayage de la part des employés de la CNT pour manifester contre « le démembrement délibéré de la CNT ».
Néanmoins, l’UBIW a initié une série de démarches en vue de renverser cette décision, qualifiée de « préjudiciable contre les intérêts de la NCT et des employés ». Dans un premier temps, l’UBIW a saisi la Cour suprême d’une demande d’injonction contre la mise à exécution de cette décision de la NTA. Les services de Me Ravi Rutnah ont été retenus par le syndicat pour cette action légale, qui devait être logée dès aujourd’hui.
D’autre part, Imzad Beeharry et Wakil Lalloo, respectivement président et négociateur et Technical Advisor de l’UBIW, ont sollicité l’intervention du Premier ministre, Navin Ramgoolam, en vue de renverser cette décision du tandem Bachoo/Soonarane. Ils sollicitent une réunion d’urgence avec le gouvernement pour aborder cette situation de crise dans le secteur du transport en commun. Ils réclament un gel de cette réallocation des lignes aux dépens de la CNT car ils sont d’avis que cette mesure avait été entérinée « without any consultation on the said issues and without any advertisement to follow the legal procedure ».
La principale préoccupation de l’UBIW concerne le sort des 2 500 employés avec cette « première étape du démembrement de la CNT ». « In this context the UBIM make a special request with you to have a very close regard on the security of those employers », soulignent les dirigeants de la CNT dans la lettre.
Entre-temps, un employé de la CNT, Gérard Anthony, très actif sur le plan syndical, a annoncé une grève de la faim à partir d’aujourd’hui au dépôt de Bonne-Terre. Il compte protester contre la décision de réallouer des lignes desservies par la CNT et dénoncer la mauvaise gestion et la mauvaise planification.
“Comment expliquez-vous que dans les six dépôts de la CNT, il y a pas moins de 80 autobus, qui ne sont pas en état de rouler faute de réparations et de pièces de rechange. Enough is enough. Kakène bizin assume so responsalité. Management incompétent et saki bizin lev paké allé, bizin allé. Passagers ek popilasyon pa kapav paie lepo kassé pu inkompétans”, a déclaré à Le-Mauricien le gréviste de la faim.
Dans les milieux proches de l’UBIW, d’autres développements sont annoncés avec une nouvelle assemblée des employés de la CNT pour cet après-midi. En marge de la grève de la faim, des employés de la CNT dénoncent le fait que “les lignes plus rentables ont été réallouées à d’autres compagnies.” Ils avancent que les compagnies bénéficiaires de cette décision de la CNT ne sont pas en mesure d’assurer leur service normal sur les routes qui leur ont été attribuées. Ils prennent à témoin les longues à Rose-Hill ce matin pour le service Express sur Port-Louis par manque d’autobus et à Curepipe également.
Dans une tentative calmer les inquiétudes des employés, le directeur général de la CNT, Robin Soonarane, et le vice-Premier ministre et ministre des Infrastructures publiques, Anil Bachoo, avancent que « cette mesure est temporaire en raison d’un manque d’autobus ». Ils ajoutent que la situation devrait retourner à la normale avec l’acquisition de nouveaux autobus.
La tension reste palpable à la CNT d’autant plus que lors de la réunion spéciale d’hier, des employés syndiqués à l’UBIW ont réclamé la démission du vice-Premier ministre et ministre des Infrastructures publiques, du General Manager de la CNT et de trois autres hauts cadres, considérés comme étant responsables de la détérioration de la situation. Ils ont fait comprendre qu’il y a eu « une asphyxie délibérée de la CNT ».

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