Collectif des femmes pour le changement : « Inacceptable qu’une femme de 80 ans soit victime ! »

« C’est inacceptable qu’une dame de 80 ans soit violée ! » C’est ce qu’ont déclaré, outrées, les membres du Collectif des femmes pour le changement, lors d’un point de presse ce matin au siège de la FPU (Federation of Progressive Unions), à Rose-Hill. Elles ont par ailleurs dénoncé le fait qu’aucune autorité ne soit venue en parler alors qu’en une seule nuit, il y a eu trois cas de viol rapportés, dont celui de la vieille dame. Le collectif plaide pour des amendements à la Constitution notamment au sujet du consentement de la victime invoqué par le violeur présumé et au sujet de la présomption d’innocence. Elles invitent par ailleurs les femmes à venir en nombre au meeting du 1er-Mai à Beau-Bassin.
« Ce n’est pas possible qu’il y ait autant de viols sur des femmes et des enfants ! », s’est indignée Patricia Babet, membre du collectif. Quand une femme est violée, selon elle, elle « doit être écoutée, comprise, encadrée » et non du statut de victime devenir l’accusée « alors que le violeur retrouve la liberté ». Le viol, ajoute-t-elle, « est la pire violence qui soit sur une femme avec la force physique de l’homme et son instinct animal ». C’est ainsi que les membres proposent qu’une protectrice des femmes violées soit nommée parmi les femmes juges, cela par principe de rotation. « Cette protectrice doit suivre l’enquête en fonction d’une procédure préétablie et en collaboration avec l’avocat de la victime. Sans cette disposition, la victime ne se sentirait pas protégée. »
Les membres du collectif estiment qu’au moyen de l’ADN, il est facile d’identifier le violeur « dans presque tous les cas de figure ». Et, une fois identifié, le violeur ne peut s’en échapper. « Soit il accepte son crime, soit il plaide le consentement de la victime et fait une déposition contre son accusatrice. » Dans lequel cas, « il doit expliquer comment il la connaît et en quelle circonstance l’acte a été celui dit des relations consenties ». Par ailleurs, souligne le collectif, « toute autre raison justifiant son acte ne peut qu’aggraver son cas : vengeance, pulsions, droit marital, jalousie, provocation alléguée, dogmes religieux, désir dit naturel… » Pour les membres du collectif, « un viol reste un viol. La justification doit aggraver le crime et non l’alléger. C’est le premier des changements à apporter à nos lois. Il n’y a absolument aucune justification pour imposer un acte sexuel ».
Le deuxième amendement proposé par le Collectif des femmes pour le changement concerne le concept de présomption d’innocence en faveur de l’accusé. « Cette présomption d’innocence ne doit être appliquée que dans un seul cas : quand l’enquête policière ne repose que sur la déclaration de la victime, que son allégation n’est pas soutenue par un rapport médico-légal confirmant l’acte sexuel et quand l’accusé a un alibi ayant trait au lieu et à l’heure du viol allégué. Pas autrement », soutiennent les représentantes du collectif.
De plus, plaident-elles, les lois qui régissent la séparation et le divorce de même que la prostitution et la sodomie devraient être « repensées ». Souvent, disent-elles, les femmes sont victimes d’une agression subie pendant de longues années. « Il y a des milliers de femmes qui subissent le viol chaque jour par consentement. Dans la plupart des cas, elles n’aiment plus leurs époux. »
Pour Ruby Mauree, le viol est une « forme de mort forcée ». Il est temps « que les femmes le disent quand elles sont victimes au lieu de le cacher parce que le sujet serait tabou ». Elle s’est indignée qu’en une seule nuit, trois femmes ont été violées et « on n’entend rien de la ministre de la Femme. Les autorités devraient analyser d’où vient le problème. On dit que les criminels sont malades. Mais, il faut les soigner ».
Patricia Babet a d’autre part plaidé pour qu’il y ait un nombre équitable de femmes et d’hommes à l’Assemblée nationale de même que dans le judiciaire. « Kan zom met lalwa, zot pa kon realite ban madam. »
Margaret Savrimuthu a de son côté dénoncé le harcèlement subi par des femmes au travail. « Patron pa kontan, met deor. Pena enn lalwa li protez kont sa. »
Rehana Gafoor s’est quant à elle appesantie sur l’importance de la transmission des valeurs dès l’enfance. « Nous lançons un appel aux autorités pour une solution durable. C’est une longue bataille », a-t-elle reconnu. Elle a invité les Mauriciens, particulièrement les femmes, à « venir dire non à la violence » au meeting organisé par la FPU-FTU-MPM le 1er mai à la Place Taxi, à Rose-Hill.

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