COLLOQUE DU CIEC: « Immobilisme et tabou ne sont plus d’actualité pour le kreol » a déclaré Arnaud Carpooran

« La langue créole ne connaît plus l’immobilisme et le tabou d’autrefois », a déclaré ce matin le Professeur Arnaud Carpooran, président de la Creole Speaking Union et membre du comité organisateur, lors de la cérémonie de lancement du 13e colloque international du Comité international des études créoles (CIEC). Évoquant la dynamique des langues, il a rappelé les récents développements dans la diversité culturelle ainsi que les recherches scientifiques à ce sujet. Ce sont les ministres Choonee et Jeetah qui ont donné le coup d’envoi à l’Université de Maurice de cette rencontre, qui durera cinq jours. Le thème de cette année : « Langues créoles, mondialisation et éducation ».
Le colloque du CIEC, organisé en collaboration avec l’Université de Maurice et le ministère de la Culture, réunit depuis ce matin des participants des quatre coins du globe (France, Angleterre, Antilles, Guyane, Guadeloupe, États-Unis, Sri Lanka, Seychelles, La Réunion, entre autres) afin qu’ils exposent à cette occasion leurs travaux sur les langues créoles. C’est la deuxième fois depuis 1992 que Maurice accueille le CIEC, qui est organisé chaque quatre ans. Daniel Véronique, membre du Comité, a souligné les points communs entre les thématiques abordées ainsi que le caractère pluridisciplinaire de cet événement. « Suivant la tradition inaugurée à Nice en 1976, les colloques du CIEC s’intéressent d’abord aux langues créoles françaises et à leurs environnements multilingues et à la culture des formations sociales où ces langues sont utilisées. Cependant, des contributions portant sur d’autres langues créoles et d’autres aires créolophones sont également encouragées », dit-il. Daniel Véronique a également présenté les projets et objectifs du CIEC et parlé des effets de la mondialisation dont le résultat est le déplacement de populations créolophones vers des zones économiques développées.
Pour Arnaud Carpooran, le thème du colloque cette année intervient à un moment particulier dans la reconnaissance de la langue à Maurice. Faisant référence aux récents développements dans le système éducatif, il devait évoquer la diversité culturelle et les recherches scientifiques dans ce secteur. Rappelant sa première participation au colloque du CIEC à Saint-Gilles, île de La Réunion, il y a dix ans, M. Carpooran a souligné l’importance de la question de la politique linguistique à Maurice. « Il y a dix ans, une dynamique avait déjà commencé à se dessiner sur les langues créoles, principalement à Maurice. Aujourd’hui il n’est plus question d’immobilisme et de tabou autour de cette langue ».
Rejoignant ses propos, Sudursun Jugessur, Pro-chancelier et président du conseil d’administration de l’UoM, a déclaré que la langue « représente l’expression et l’essence de chaque individu ».
Rajesh Jeetah, ministre de l’Éducation tertiaire et de la Recherche, a évoqué le support du gouvernement au développement du kreol morisien et rappelé la publication du Diksioner Kreol Morisien, soit le premier dictionnaire de langue créole dans le monde. Pour sa part, Mookhesswur Choonee, ministre des Arts et de la Culture, a fait référence aux nombreuses langues utilisées à Maurice et rappelé l’importance de l’utilisation de la langue maternelle comme outil de communication.
Seront abordés au cours de ce colloque, la mondialisation et ses effets sur les langues et cultures créoles ; les langues créoles et l’éducation ; et les littératures et cultures des pays de langue créole. La cérémonie s’est achevée avec la remise du Diksioner Kreol Morisien à Daniel Véronique par Ramesh Rughooputh, vice-chancelier de l’UoM.

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