COMMISSION JUSTICE ET VÉRITÉ: Un nouveau chapitre de notre Histoire, a déclaré Mgr Piat

La proposition symbolique de la Commission Justice et Vérité pour un pardon national en vue de laver l’opprobre de l’esclavage et de l’engagisme fait débat. En principe, un résumé du volumineux rapport en quatre tomes plus deux CD de la commission présidée par le Pr Alexander Boraine devrait être abordé au cours des délibérations du conseil des ministres du jour en attendant de voir le gouvernement proposer un plan d’action pour l’adoption des recommandations. Prenant connaissance des propositions, le diocèse de Port-Louis se déclare de son côté prêt à être partie prenante de la démarche nationale de pardon.
En réponse à la Private Notice Question du leader de l’opposition Paul Bérenger à l’Assemblée nationale mercredi, le Premier ministre Navin Ramgoolam a soulevé le caractère délicat de la proposition pour une « national apology ». Les premières discussions au conseil des ministres du jour devront baliser la marge de manoeuvre sur cette question d’importance historique.
« We have to look at it very carefully. That is why I am saying that we will have to look in detail what they are saying and who should apologise to whom », a soutenu le Premier ministre après avoir rappelé que « first of all, both the President and myself, we are, ourselves, originated from indentured labourers. This is where our origin is, so, we should be the one who should be getting apologies. Unless he meant it in the sense that on behalf of the State that we are doing it, but not myself apologising for something I have been a victim myself and both the President as well has been a victim ».
Réagissant à la soumission du rapport de la Commission Justice et Vérité (CJV), Mgr Piat souligne dans un communiqué émis par le diocèse de Port-Louis que « quand des offenses graves et étendues ont été faites à des groupes humains dans le passé et que les conséquences se font encore sentir aujourd’hui, il est important de faire la vérité pour rétablir la justice. On a longtemps cru que l’oubli et le silence pouvaient guérir ».
Rappelant que le diocèse de Port-Louis avait mis à la disposition de la CJV ses archives et que les membres de l’Église catholique ont apporté leur concours aux travaux, Mgr Piat affirme qu’« en tant que responsable de l’Église catholique, il est disposé à participer à cette démarche nationale de pardon ». Le communiqué du diocèse de Port-Louis fait état du fait qu’entre 1722 et 1835 et même après « l’Église catholique n’avait pas protesté contre le Code Noir, qui faisait partie de la législation en vigueur dans le pays. Le Code Noir considérait les esclaves comme des meubles et les obligeant à adopter la religion d’État, le catholicisme. Il est un fait historique également qu’à cette époque des membres de l’Église étaient propriétaires d’esclaves ».
L’Église catholique en 1985, lors du 150e anniversaire de l’abolition de l’Esclavage, feu Mgr Jean Margéot avait déclaré que « zordi kot nou pe fer labolision lesclavaz, legliz rekonet avek imilite ki sertin so bann mam, dan listwar, pa finn reagir kouma bizin pou kas lasenn bann dimounn ki ti ape gagn kraze ». Pas plus loin qu’en 2006, Mgr Piat reconnaissait « l’offense terrible faite à nos frères et soeurs humains ».
« La CJV ouvre un nouveau chapitre de notre Histoire sur fond de réconciliation nationale. Elle nous invite à définir un nouveau contrat social pour que chaque citoyen(ne) de notre République soit reconnu(e), respecté dans sa dignité et dans ses droits », fait ressortir le diocèse de Port-Louis, qui rend également hommage au travail accompli sous l’épiscopat du cardinal Jean Margéot.
« L’Église s’est engagée dans ses institutions (Caritas, JOC, LOAC, écoles, paroisses, entre autres) à faire un travail de réparation envers les créoles descendants d’esclaves. Mais plus encore, depuis les années 90, le réveil des créoles au sein de l’Église, ce sont les descendants d’esclaves qui sont devenus les protagonistes de ce travail de réparation. Des travaux de recherche et diverses initiatives sur l’identité créole, l’inculturation, la traduction de la Bible en créole, la liturgie en créole, la lutte contre l’exclusion et la pauvreté… ont été menés dans une perspective d’empowerment. Un chemin de libération et d’espérance s’est ouvert mais la route de la réparation est encore longue », concède le diocèse de Port-Louis.

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