CONFÉRENCE LE 19 AVRIL: La violence éducative ordinaire en question

Si l’on appelle cruauté le fait de frapper un animal, agression celui de frapper un adulte, ne pourrait-on pas cesser d’appeler… éducation le fait de frapper un enfant ? Cette question, lancée parmi d’autres par l’Observatoire de la violence éducative ordinaire (OVEO) et par son fondateur Olivier Maurel, sera au coeur d’une conférence publique donnée jeudi 19 avril, à 18 h, à l’Institut Français de Maurice (IFM) par Michel Meignant. Surtout, ce médecin et psychothérapeute, spécialiste du couple, de la méthode EMDR et membre actif de l’OVEO, est l’invité spécial d’une journée d’étude qui permettra de faire le point sur cette question à Maurice, tant dans le milieu familial que scolaire.
La conférence que le psychothérapeute Michel Meignant va donner, jeudi soir à 18 h, à l’Institut français de Maurice, permettra au public de prendre conscience de ce qu’est la violence éducative ordinaire et d’interroger la perception que nous avons de l’enfance, du rôle de l’enfant dans la société et de la façon dont les adultes se pensent en droit de les traiter… Michel Meignant est particulièrement connu à travers ses ouvrages sur « l’amourologie » en référence à son dernier livre, sur la sexualité dans le couple ou encore sur la méthode de thérapie oculaire qu’il a pratiquée avec feu David Servan-Schreiber. Ce docteur en médecine est aussi un membre particulièrement actif de l’Observatoire de la violence éducative ordinaire (OVEO), fondé en France par Olivier Maurel.
Outre Attentat à la vérité, le dernier documentaire qu’il a réalisé en 2011, Michel Meignant a aussi proposé un film sur ce sujet spécifique au titre éloquent : Amour et châtiments. Les psychologues et éducateurs mauriciens pourront voir ce film en préambule aux échanges qu’ils auront avec ce spécialiste et à la journée de réflexion professionnelle du 21 avril, dont l’objectif est de se pencher sur l’expérience de cette violence physique ou mentale infligée aux plus jeunes d’entre nous à Maurice. Cette journée est une initiative de l’Association des praticiens de l’approche centrée sur la personne (APACP) qui regroupe des représentants de la profession à Maurice.
Michel Meignant a réalisé Amour et châtiments avec Mario Viana dans le but de sensibiliser le plus grand nombre à cette question sensible de la violence éducative ordinaire. Intitulée De la violence éducative, sa conférence publique viendra dénoncer un des grands paradoxes de nos sociétés actuelles, qui veut que l’enfant soit dans la plupart des pays, la dernière catégorie d’être humain qu’il est encore permis de frapper. Depuis des millénaires, la méthode éducative qui consiste à frapper et humilier l’enfant en a fait des adultes soumis à la violence, parfois eux-mêmes violents, et convaincus d’être de mauvaises personnes qu’il faut corriger ! En fait, cette méthode éducative aujourd’hui jugée rétrograde expose l’enfant et l’adulte qu’il deviendra et la société dans son ensemble à de graves dangers.
Empathie plutôt qu’humiliation
Olivier Maurel comme Michel Meignant s’appuient sur les travaux d’Alice Miller sur ces questions. L’OVEO s’est fixé pour objectif de révéler le scandale caché de la violence éducative qui légitime sous couvert d’éducation, des cruautés à peine imaginables, que la plupart des gens n’oseraient jamais infliger à un adulte. L’OVEO étudie aussi l’attitude de l’opinion face à ce problème, et dans la mesure de ses moyens, fait pression sur les États pour qu’ils en viennent à interdire toute forme de violence éducative. Il ne s’agit pas ici de s’opposer aux parents et aux enseignants mais au contraire de rejoindre leur désir profond de voir les enfants respectés comme doit l’être toute personne en formation.
L’OVEO vient par exemple d’envoyer une lettre aux candidats à l’élection présidentielle française notamment dans le but que ce pays, qui a signé et ratifié la Convention des Droits de l’Enfant en 1990, passe une loi interdisant la violence éducative ordinaire. L’article 19 de cette convention stipule notamment que l’État doit protéger les enfants de toute forme de violence. Depuis, le Comité de droits de l’enfant des Nations Unies a demandé à tous les États d’interdire clairement par une loi ou un article du code civil toute forme de punition corporelle et d’humiliation infligée aux enfants. L’Unicef, l’Unesco et l’Organisation Mondiale de la Santé se sont d’ailleurs associées à cette démarche. Début avril 2012, 32 États dont 19 pays européens avaient voté une loi de ce type. Par ailleurs, seuls la Somalie et les États-Unis d’Amérique n’ont pas signé la convention des Droits de l’Enfant.

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