CONFÉRENCE : Le diabète est une maladie des vaisseaux sanguins, a déclaré le Dr Mahesh Kumar

« Le diabète n’est pas seulement une maladie du sucre, mais aussi celle des vaisseaux sanguins », a déclaré le Dr Mahesh Krishna Kumar, cardiologue interventionnel, lors d’une conférence à Apollo Bramwell Hospital vendredi soir. Les spécialistes de l’établissement de Moka, néphrologue (spécialiste des reins), ophtalmologiste, cardiologue, ont tous insisté sur un diagnostic et un traitement précoce du diabète pour éviter les complications vasculaires lors de l’évolution de la maladie pendant 10 à 20 ans.
Les spécialistes soutiennent que le traitement du diabétique doit être personnalisé, en tenant compte de l’âge du patient et des facteurs associés de morbidité. Le Dr Kumar explique que « le contrôle de la glycémie (taux de sucre dans le sang) n’est pas suffisant ». Le traitement du diabète comprend de multiples étapes, explique-t-il. Il faut parallèlement traiter l’hypertension, le tabagisme, l’excès de lipides (graisses sanguines), le cholestérol, l’obésité et recommander la pratique d’une activité physique. Un nouveau traitement qui empêche la réabsorption du glucose dans l’organisme indépendamment du pancréas est prometteur, indique le Dr Suleiman Shimjee, diabétologue. L’une des conséquences les plus dramatiques du diabète est la cécité, qui, contrairement à la cataracte, touche des personnes en âge de travailler, fait ressortir le Dr Zia Carrim, ophtalmologue. Ce dernier ajoute que 30 000 à 40 000 Mauriciens souffrent de rétinopathie diabétique et 4 000 patients sont affectés de manière sévère et deviennent même aveugles. Lors de la Journée mondiale du diabète, une “sugar clinic”, pour la prise en charge du diabète, a été lancée à Apollo Bramwell.
« Lorsque le diabète est diagnostiqué et traité tôt, l’on constate dix ans plus tard qu’il y a moins de complications vasculaires et de crises cardiaques », affirme le Dr Suleiman Shimjee, diabétologue et endocrinologue. Dans le monde, dit-il, 46 % des diabétiques ne sont pas diagnostiqués. « Le diabète est une maladie progressive, et l’état prédiabétique (glucose intolerance) doit aussi être dépisté », dit-il, avant d’ajouter : « Sans l’éducation du patient la confusion est inévitable. Une meilleure compréhension du diabète et les nouveaux traitements permettent d’éviter une grande proportion des complications ». De plus, le Dr Shimjee explique qu’un nouveau médicament, un inhibiteur des récepteurs du glucose, indépendamment du pancréas, empêche la réabsorption du glucose dans l’organisme. Cette thérapie élimine le sucre dans les urines. Elle réduit le taux de sucre dans le sang, fait perdre du poids, abaisse la tension artérielle et peut être prescrite à n’importe quel stade du diabète.
Nouveaux traitements
Selon le Dr Mahesh Krishna Kumar, cardiologue interventionnel, il y a quatre fois plus de maladies cardio-vasculaires chez les diabétiques. Celles-ci sont responsables de 60 % à 75 % de la mortalité chez les diabétiques. Il affirme qu’« un traitement personnalisé protège le coeur des patients, car le diabète endommage les gros vaisseaux (coeur) comme les petits vaisseaux (yeux, reins) ». Le Dr Zaher Gendoo, néphrologue (spécialiste des maladies du rein) explique, pour sa part, que le diabète entraîne une maladie progressive des reins si le taux de sucre sanguin n’est pas contrôlé. « Le diabète est la cause principale des dialyses dans la plupart des pays développés », affirme le néphrologue, « parce qu’il détruit les vaisseaux capillaires des reins après une évolution de 15 à 20 ans de la maladie ». Le spécialiste explique aussi que « le diabète est l’un des premiers facteurs de maladie chronique du rein dans nos sociétés en raison de l’incidence croissante du diabète de type 2 avec l’âge. D’autres facteurs sociaux et nutritionnels (fast-food, vieillissement de la population) sont aussi en cause ». Par ailleurs, le Dr Gendoo indique que « l’incidence de la maladie rénale progressive s’accroît chaque année à cause d’un diagnostic tardif. 30 % des patients vont développer une insuffisance rénale ». L’hypertension est également un facteur aggravant.
Les symptômes de la maladie rénale – migraine, malaise général, mousse dans les urines, jambes enflées – apparaissent quand la maladie est déjà avancée, explique le néphrologue. Le diagnostic se fait au moyen d’analyses sanguines et d’imagerie aux ultrasons. Le dépistage précoce permet, dit-il, de recommander tôt le patient au néphrologue. « Une personne qui est diabétique depuis 20 ans a 50 % à 75 % de risques de développer une rétinopathie diabétique », explique le Dr Zia Carrim, ophtalmologiste. Cette maladie, qui affecte les petits vaisseaux de l’oeil, est irréversible, explique-t-il. « Un patient, âgé de 40 ans, qui perd un oeil, cela ne devrait pas arriver dans un pays comme Maurice », dit-il. La prévention de la rétinopathie passe par celle du diabète et de ses complications, un diagnostic précoce et une intervention médicale rapide. « La maladie est à un stade avancé quand les symptômes sont présents ». Or, il y a des traitements efficaces comme le traitement intravitréal et la vitrectomie. « Les patients doivent être bien conseillés par leur médecin traitant pour qu’ils ne perdent pas confiance en eux face à la complexité du traitement. » L’ophtalmologiste se prononce pour la constitution d’un registre national de rétinopathie et la formation d’opticiens pour détecter la maladie.

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