CONFÉRENCE : Il faudrait proposer une heure par semaine de formation humaine aux enfants, selon Thérèse Hargot 

La sexologue Thérèse Hargot est actuellement à Maurice pour une série de conférences sur la sexualité. La première, ouverte au public, a eu lieu hier dans le hall du Collège Lorette de Rose-Hill. Le thème abordé était « Comment parler à une jeunesse sexuellement libérée ». Tabous, pornographie, liberté sexuelle étaient les mots-clés de sa conférence. Dans une salle comble de parents venus chercher des réponses à leurs questions, la jeune sexologue a proposé des solutions pour offrir à la nouvelle génération une éducation plus saine.
« Comment parler à une jeunesse sexuellement libérée » était le thème choisi pour la première conférence sur la sexualité animée par Thérèse Hargot, une sexologue belge habitant Paris, et organisée par l’Action familiale, en collaboration avec le Service diocésain de l’Éducation catholique (SEDEC). Les parents étaient nombreux hier soir dans le hall du Collège Lorette de Rose-Hill pour assister à cette conférence. Dans son introduction, la jeune sexologue a mis l’accent sur la pornographie avec un message simple : « La pornographie impose aux jeunes enfants ce qu’ils doivent faire sexuellement au lieu de leur permettre de développer leur sens de l’imagination. Leur rapport au réel est troublé. Il faut être clair, plus ils sont jeunes à regarder ces vidéos, plus ils deviendront dépendants. » Elle s’est également demandé ce que fait le gouvernement pour que les enfants n’aient pas à faire face à ce fléau. « Il y a des lois pour tout cela, mais le problème, c’est qu’elles ne sont pas appliquées. Il est important que vous vous battiez pour que cela change », dit-elle surtout à l’attention des parents présents. Loin de tenir un discours aux idées conservatrices, Thérèse Hargot conseille qu’une des valeurs qu’il faut transmettre aux enfants, c’est l’estime de soi. « À un certain âge, les jeunes commencent à se poser des questions existentielles : “Est-ce que je suis beau/belle ? Suis-je quelqu’un de respectable ? Suis-je à la hauteur ?” Et s’ils n’ont pas la réponse à ces questions, ils vont chercher les réponses dans leur sexualité. »
Cette situation, poursuit-elle, qui touche de plus en plus de jeunes, pourrait être évitée si les adultes prenaient le temps de fournir les réponses à ces questions. « Il faut en permanence, et ce depuis le plus jeune âge, aider au développement personnel de l’enfant pour qu’il ait une bonne estime de lui-même. Se sentir désirable et beau l’aidera à prendre son temps avant de s’adonner à une expérience sexuelle car il n’en ressentira pas le besoin », explique-t-elle, avant d’ajouter qu’il n’y a pas d’âge pour parler de la sexualité. Tous les gestes du quotidien permettront de donner des informations sur la valeur de chaque partie du corps et sur la manière dont les émotions sont prises en compte. « Je vous donne un exemple simple : quand vous changez la couche d’un bébé, vous êtes déjà en train de lui envoyer un message. Si vous le faites avec dégoût, l’enfant assimilera que cette partie du corps est mauvaise, ce qui entraînera une frustration. Mais si vous le faites avec respect, il comprendra que c’est une partie intime qui faut respecter. Si vous donnez le bain à plusieurs enfants en même temps, c’est aussi une bonne manière de leur expliquer qu’ils ne peuvent toucher le corps de l’autre », explique Thérèse Hargot au public. Et de préciser l’importance de créer un rapport de confiance entre parents et enfants. « Pour cela, il faudrait prendre le temps de discuter avec son enfant lors d’un trajet en voiture ou pendant le dîner. »
Éduquer, pas informer
Par la suite, l’oratrice dira qu’aujourd’hui, « tout est à revoir en termes d’éducation sexuelle ». Un enfant n’a pas besoin d’être informé, mais plutôt d’être éduqué : « Je pense qu’il est primordial de proposer dans toutes les écoles des cours de formation humaine au moins une heure par semaine. Aujourd’hui, les cours proposés à l’enfant, qui se pose des questions, consistent à distribuer des préservatifs ou des pilules comme réponse. Si un enfant veut s’informer, croyez-moi, il trouvera tout ce qu’il faut dans la cour de récréation ou sur Internet. Il faut éduquer un enfant en allant plus loin dans notre démarche, soit en répondant à leurs questions existentielles. » Pour qu’un enfant assimile certaines choses, la sexologue a vivement conseillé aux parents de ne pas les répéter plusieurs fois et de le laisser prendre son temps pour comprendre les informations reçues. Elle poursuit : « N’oubliez pas qu’un enfant, c’est comme une éponge. Il absorbe tout ce qu’il ressent. Si vous ne reflétez pas la bonne énergie à votre enfant, votre discours sera erroné par rapport à ce que vous dégagerez comme énergie. » La jeune femme a ensuite donné la parole aux parents présents dans la salle, bien qu’ils fussent assez timides.
D’autres conférences de Thérèse Hargot auront lieu : le 5 avril, de 18 h 30 à 20 heures, à l’École du Nord, sur le même thème ; le 7 avril, de 18 h 30 à 20 heures, dans le hall du Couvent de Lorette de Curepipe, sur le thème « L’impact de la pornographie sur la société aujourd’hui » ; le 10 avril, de 18 h 30 à 20 heures, la conférence visera les jeunes entre 20 et 30 ans, mariés, célibataires ou en couple, dans la salle polyvalente du Lycée des Mascareignes, à Helvétia, sur le thème « Fidélité : l’amour durable, est-ce possible pour moi ». Lors des conférences, Thérèse Hargot vendra également son livre, Une jeunesse sexuellement libérée (ou presque), à Rs 750. L’entrée est gratuite.

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