- Dans un premier temps, le PMO avait objecté à la participation de l’ancienne présidente de la République en tant que Chief Guest en Inde
- Le projet de dépêcher l’Acting President Barlen Vyapoory, avorté à la dernière minute, pour éviter un « embarras diplomatique »
L’ancienne présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim, se retrouve de nouveau, malgré elle, au cœur d’une nouvelle controverse politique. Son invitation en tant que Chief Guest à la 19e édition de la Conference of Chief Justices of the World, à Lucknow, a rencontré d’abord des objections formelles de la part de Lakwizinn du Prime Minister’s Officer avec une tentative de la faire remplacer officiellement par le président par intérim, Barlen Vyapoory. Mais à la dernière minute, Port-Louis a préféré « backpedal » pour éviter tout embarras de nature politique et diplomatique avec l’Inde. Pour l’une des précédentes éditions de cette rencontre des chefs juges organisée par la City Montessori School, le Minister Mentor, sir Anerood Jugnauth, était le Chief Guest. La séquence des événements, reconstituée par Le Mauricien à partir des recoupements d’informations auprès des sources concordantes, confirme les objections de Lakwizinn du PMO et les embarras autour de cette affaire.
En juillet dernier, l’ancienne présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim, avait été invitée officiellement à cet événement de portée internationale en Inde se déroulant du 14 au 20 novembre. Toutefois, en début de semaine, le Secrétaire au Cabinet, Nayen Koomar Ballah, devait informer la principale concernée, par l’entremise du secrétaire à la présidence, Motichand Seebah, que ce déplacement« has not been approved » et que le gouvernement avait choisi d’y envoyer l’Acting President, Barlen Vyapoory.
Force est de constater que le libellé de l’invitation est des plus explicites et se lit comme suit: « Her Excellency Ameenah Gurib-Fakim, Former President of the Republic of Mauritius, Your Excellency, Please receive our warm greetings from Lucknow !! Thank you very much for your kind words of appreciation. We are extremely delighted to receive your kind consent to attend and address the 19th International Conference of Chief Justices of the World from 14 to 20 November 2018. It would be an honour to have your presence as Chief Guest in the conference. May we request your good office to please provide us the scanned copy of your passport and information as per attached form. We also request you to send your approval for the following travel plan so that we can send your air tickets by email in due course. We eagerly look forward to have the inspiring presence of Your Excellency. Looking forward to hear from Your Excellency. With highest regards, Yours Sincerely, Dr Jagdish Gandhi, Convenor, International Conference of Chief Justices of the World on Article 51 of the Constitution of India and Founder Manager, City Montessori School. »
Par retour de courrier aux organisateurs 11 juillet dernier, alors qu’elle n’est plus présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim répond à cette invitation en précisant ne plus occuper la plus haute fonction de l’État mauricien. « Dear Dr. J. Gandhi, I have just today received your invitation to attend the November conference. I would be pleased to attend and hopefully deliver an address. However I do not know whether you would want a Former President as Chief Guest. Kindly let me know if the invitation still holds », ajoute Ameenah Gurib-Fakim à l’intention des organisateurs.
Le 8 novembre dernier, dans un courriel adressé à Ameenah Gurib-Fakim, le secrétaire à la présidence, Motichand Seebah, l’informe que « le secrétaire du Cabinet et chef de la fonction publique me charge de vous demander de présenter à ce bureau, pour transmission ultérieure au bureau du secrétaire du Cabinet et chef de la fonction publique, les demandes de délivrance de passeports diplomatiques concernant des gardes du corps attachés pour votre sécurité. Il est entendu que vous devrez soumettre à ce bureau, chaque fois qu’ils vous accompagneront lors de visites à l’étranger, des informations relatives aux dates de départ et d’arrivée prévues… »
Dans la foulée, Amenah Gurib-Fakim demande au préposé de la présidence d’initier les formalités pour la conférence de Lucknow. « Dear Mr Seebah I had mentioned the visit to India. I have been invited as chief guest at the chief justice conference to be held at the City Montessori School, Lucknow, between 12 to 18 nov. I shall be accompanied by both bodyguards at no cost to government. Thank you. AGF », fait-elle comprendre.
C’est le 12 novembre, soit en début de cette semaine, que Motichand Seebah revient à la charge pour indiquer que Barlen Vyapoory, l’Acting President, se rendra à cette fonction. « Dear Madam, I wish to inform you that His Excellency Mr Paramasivum Pillay Vyapoory, G.O.S.K., Acting President of the Republic has been invited as Chief Guest at the International Conference of Chief Justices to be held in Lucknow, India. Government has already approved his participation in the Conference. He proposes to leave Mauritius on the 14th November and be back on 22nd November 2018 », a écrit le Secrétaire à la présidence.
Un autre courriel devait suivre pour informer Gurib-Fakim que le gouvernement n’a pas agréé à sa participation à ce voyage. « Further to my email of even date, I have just been informed, in writing, by the Secretary to the Cabinet and Head of the Civil Service that your proposed participation to the International Conference of Chief Justices to be held in Lucknow, India, from 12 to 18 November 2018 has not been approved. I am also informed that, in the event you opt to attend the Conference, you may be accompanied by one bodyguard provided that the latter applies for and obtains leave from the Commissioner of Police », selon Motichand Seebah.
Mais Ameenah Gurib-Fakim se trouve déjà en Inde, à Lucknow précisément, et assiste bel et bien à cette conférence. D’ailleurs, un Pass de Chief Guest lui a été attribué et, de par ses dernières photos sur Facebook, elle y est avec un membre de la VIPSU et participe à la 19e Conference of Chief Justices of the World.
À la toute dernière minute, le projet de déplacement du président de la République suppléant en Inde, proposé par Lakwizinn du PMO a été abandonné.
En tout cas, une situation inédite au sommet de l’État avec un cafouillage diplomatique sans précédent découlant de la crise entre la State House et l’Hôtel du gouvernement que le pays a vécu en mars dernier et qui a entraîné la chute d’Ameenah Gurib-Fakim du Château de Réduit.