Connectivité aérienne : Un maillon clé pour le secteur touristique

La connectivité aérienne est essentielle au développement du secteur touristique, en particulier pour les destinations long-courriers comme Maurice. Avec la baisse des arrivées touristiques ces derniers mois, le sujet est revenu sur le tapis. Ce vieux débat entre sièges d’avion, destinations et fréquences a toujours été d’actualité depuis ces 15 dernières années.

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La relation intrinsèque entre le secteur touristique et la connectivité représente des défis majeurs, car trouver le bon équilibre – à la satisfaction de l’intérêt national et des différentes parties prenantes – n’est pas chose aisée. Approche disruptive, “market intelligence”, “big data”, collaboration tous azimuts avec le secteur privé… Voilà quelques-unes des recettes qui ont fait leurs preuves à l’étranger.

D’emblée, il faut dire que la question de connectivité aérienne en elle-même est un sujet complexe, qu’il n’est pas facile de maîtriser. Quoi qu’il en soit, avoir une ligne aérienne nationale représente un atout majeur pour une destination, du moins c’est l’avis de Miguel Southwell, ancien general manager de l’aéroport d’Atlanta, aux Etats-Unis. « Il y a des lignes aériennes qui ne font pas de profit. Elles existent et sont maintenues uniquement parce que leur pays dépend d’elles pour survivre économiquement. On peut citer l’exemple de Liat dans les Caraïbes. C’est pourquoi les pays ont tendance à protéger leur ligne nationale. Et même quand ils n’en ont pas, ils tendent à protéger celle qui aurait pu l’être. C’est par exemple le cas pour le Nigeria avec Virgin », argue-t-il.

Le trafic aérien mondial croît de 2 à 3% par an, mais si un pays veut avoir une croissance plus forte, il doit choisir une « stratégie disruptive », selon certains spécialistes de l’aviation. Plusieurs destinations – émergentes notamment – ont opté pour une telle stratégie, ce qui leur a permis de transformer radicalement leur industrie touristique. Parmi elles, on peut citer le Costa Rica et la ville du Cap, en Afrique du Sud. Ces deux destinations se sont positionnées avantageusement en quelques années à peine, transformant ainsi leur industrie touristique. Le Costa Rica a développé son trafic aérien rapidement tandis que Le Cap – qui n’était pas très connu il y a quelques années – est aujourd’hui une des villes les mieux connectées d’Afrique.

« Expert Advisors »

D’abord, le Costa Rica, petit pays d’Amérique centrale, situé entre le Nicaragua et le Panama, avec à peine 5 millions d’habitants, ne comptait qu’un seul vol direct sur l’Europe… Mais une stratégie bien pensée a été mise en place et, entre 2015 et 2018, les arrivées touristiques ont crû plus vite que le nombre de sièges d’avion disponibles. Mauricio Ventura Aragon, ancien ministre du Tourisme du Costa Rica, précise : « Nous avions une stratégie bien huilée, basée sur nos atouts. » Aujourd’hui, grâce à ses deux aéroports, le Costa Rica compte 1 000 vols par semaine en haute saison. Son secret ? « Nous avons misé sur la “market intelligence”.

Nous avons fait des études pour maîtriser et exploiter au mieux toutes les données, liées notamment à la connaissance de nos clients, leurs habitudes, leurs motivations, etc. » argue Mauricio Ventura Aragon, qui met aussi l’accent sur la “strategic alliance” nécessaire entre le gouvernement, les aéroports, le secteur privé et des « Expert Advisors », qui sont nécessaires, dit-il, pour déployer la meilleure stratégie qui soit. « They know the game as it is a very complicated industry. Everybody wants to have more flights to their country. So, how to make an airline choose your country makes the whole difference. You have to be different », dit-il. Et le Costa Rica a réussi son pari.

« Data is an important tool »

Il en est de même pour la ville du Cap, en Afrique du Sud. Paul Van Den Brink, project manager de CTAA (Cape Town Air Access), explique que cette grande ville sud-africaine avait une « poor connectivity with Africa ». Mais le CTAA a opéré un véritable “turnaround” depuis 2012, si bien qu’aujourd’hui, et grâce à une approche collaborative, les chiffres témoignent de l’évolution de cette destination touristique : 16% de croissance des passagers internationaux en 2016, 20% en 2017 et 9% en 2018, et ce sans oublier que le business du cargo a crû de 52% en 2017… Difficile de faire mieux ! Quelle a été la recette du CTAA ? « We have a coordinated and collaborative approach and the CTAA is the single point of contact for airlines. We decided to buy data sources. Data is an important tool for the aviation industry. Some airlines do not even have data and are looking for new routes. And we have developed dedicated marketing programs. We have worked with the whole sector », résume Paul Van Den Brink. La stratégie du CTAA gravite autour de trois axes : “route retention”, “route expansion” et “new routes”. Une stratégie payante puisque, depuis 2015, neuf nouvelles lignes aériennes ont atterri au Cap. Mais il ne faut pas croire que le CTAA dispose d’un budget énorme : « Our budget is limited, so we try to be smart », explique notre interlocuteur.

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