CONSEIL DES MINISTRES : Heritage City à l’heure de la remise en question

Le paragraphe 181 du discours du budget, prononcé par le ministre des Finances, Pravind Jugnauth, avec une Equity Participation de Rs 2,7 milliards pour les trois ans à venir de la part du gouvernement, n’aura survécu à peine une semaine. Ce paragraphe a trait au projet de Heritage City avec Pravind Jugnauth parlant de « new urban space for present and future generations » et comprenant la construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale et de ministères clés, dont le Prime Minister’s Office. Le fait inéluctable demeure que la première réunion du conseil des ministres post-budgétaire d’hier matin a constitué plus qu’une remise en question de cet ambitieux projet d’infrastructure à Bagatelle. Les conclusions de ces échauffourées entre ministres ont littéralement signé la sentence de mort du projet de Heritage City, avec le ministre des Services financiers, Roshi Bhadain, qui avait la responsabilité de ce dossier, prenant les devants et demandant au Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, de ne pas aller de l’avant (voir plus loin les détails du point de presse du ministre en début de soirée d’hier).
Des recoupements d’informations effectués par Le Mauricien auprès des sources concordantes indiquent que le coup de grâce fut porté jeudi après-midi, quand la thèse des risques potentiels d’un éclatement du Bagatelle Dam fut brandie par un des apparatchiks du pouvoir lors d’une dernière tentative de lobbying auprès du Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, contre le projet de Heritage City avant la réunion du conseil des ministres d’hier. Dans un premier temps, l’entourage du Premier ministre indiquait que face à cette menace évoquée et des risques de voir quelque 14 millions de mètres cubes se déverser sur Heritage City et la région d’Ebène, sir Anerood se serait laissé tenter par une descente des lieux avant de se prononcer.
Toutefois, ce scénario n’a pu être mis à exécution vu que les événements se sont précipités durant les discussions lors de la réunion du conseil des ministres. Le ministre Bhadain ou encore le Premier ministre ont dû faire face à une avalanche de questions sur différents aspects de ce projet en discussions au sein du gouvernement depuis environ neuf mois déjà. Ainsi, le Deputy Prime Minister et leader du PMSD, Xavier-Luc Duval, qui fut un des rares membres du gouvernement à ne pas avoir assisté à la présentation du projet par les consultants de Stree Consulting, mardi dernier au Prime Minister’s Office, a fait preuve de diplomatie dans son approche.
Xavier-Luc Duval a fait comprendre qu’il ne trouve rien à redire quant au projet de développement des terres de Bagatelle. Sa principale objection demeure que le siège de l’Assemblée nationale ne peut se déplacer hors de Port-Louis pour se retrouver à Phoenix. On devait lui faire comprendre qu’il y a une différence entre Phoenix et Bagatelle. Le vice-Premier ministre et ministre des Services publics, Ivan Collendavelloo, ne s’est pas fait prier pour faire état de sa position inconfortable dans la conjoncture.
De son côté, le ministre de l’Infrastructure publique, Nando Bodha, s’est fait apostropher pour son réveil tardif quant au volet de l’infrastructure routière menant à Heritage City alors que le ministre des Finances, Pravind Jugnauth, s’est interrogé sur le G to G Agreement entre Maurice et Dubayy avec le contrat alloué à Stree Consulting de Dubayy alors que ce pays n’est pas sur la liste des bailleurs de fonds du projet.
Devant la tournure des événements, il était devenu évident que le consensus sur le projet de Heritage City était loin d’être acquis au sein du conseil des ministres, avec pour principe cardinal la Collective Responsibility, et très bientôt le rideau tiré officiellement sur l’épisode Heritage City même si le projet de Hermes Smart City, prévue à quelques fossés de cannes plus loin, attend le feu vert des autorités au coin de la rue…

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