CONTRAT-JACKPOT À RS 10 MILLIARDS BETAMAX : Deux charges pèsent sur le PS Pather

Les premières inculpations dans l’enquête du Central CID sur le contrat-jackpot de Betamax d’un montant de Rs 10 milliards devraient être logées dans les prochaines heures. C’est ce qui ressort de la convocation formelle ce matin, pour interrogatoire “Under Warning”, du Permanent Secretary au ministère des Infrastructures publiques, Kandasamy Pather, en 2009. Tout semble indiquer qu’après une revue complète des éléments du dossier à charge compilé par le ministère de la Bonne gouvernance en collaboration avec le ministère de tutelle, soit celui du Commerce, le Central CID se concentrera dans un premier temps sur le fait d’élucider les rôles et responsabilités des hauts fonctionnaires ayant traité du dossier de Betamax en 2008 et 2009 avant de s’attaquer au volet consacré aux ministres, dont l’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam, ayant donné des directives présumées pour faire évoluer la décision en faveur du groupe Bhunjun avec la mise en opération d’un pétrolier pour le compte de la State Trading Corporation (STC).
L’ancien bras droit du vice-Premier ministre et ministre des Infrastructures publiques Anil Bachoo, le chef de cabinet Kandasamy Pather, qui se trouve depuis ce matin au QG du Central CID, devra s’attendre à être soumis à un feu roulant de questions de la part des hommes de l’assistant commissaire de police Heman Jangi. L’interrogatoire “Under Caution” de cet Acting Senior Chief Executive affecté au ministère du Logement et des Terres se déroule sur deux axes particuliers, en l’occurrence le non-respect des procédures et des dispositions sous la Central Procurement Board Act lors de l’allocation de contrats majeurs par le gouvernement et de “conspiracy” avec d’autres protagonistes pour favoriser la soumission de Vikram Bhunjun au nom de Betonix Holding.
Dans un premier temps, le SCE Pather, qui a retenu les services de Me Atma Murday, a été appelé à définir ses responsabilités en tant que chef de cabinet au ministère des Infrastructures publiques en 2008 et 2009 spécifiquement et également son “involvement” avec la mise à exécution du projet visant à permettre à des opérateurs mauriciens d’assurer le financement et la gestion de pétroliers au nom de la STC. Le premier test de vérité pour ce haut fonctionnaire interviendra quand il sera confronté à une correspondance officielle en date du 4 mars 2008 du ministère des Infrastructures publiques quand Vikram Bhunjun a été invité officiellement à soumettre « a formal expression of interest » pour la gestion et le financement d’un pétrolier.
Le SCE Pather devra justifier le choix du groupe Bhunjun, qui n’avait aucune expérience préalable dans ce domaine de marine, pour un contrat aussi stratégique que l’approvisionnement du pays en produits pétroliers. Les éléments des réponses fournis par ce haut fonctionnaire devront orienter l’enquête vers de hautes sphères de la politique à l’hôtel du gouvernement car « directives have come from higher quarters ».
À partir de cette date fatidique du 4 mars 2008, la machinerie gouvernementale était mise en marche pour faire du groupe Bhunjun un élément incontournable dans le domaine pétrolier. Les recommandations des consultants, nommés par le gouvernement, pour un exercice d’appel d’offres pour le choix de l’opérateur, ne sont nullement tenues en ligne compte. Lors de sa réunion du 19 décembre 2008, le gouvernement attribue un contrat sur 15 ans au groupe Bhunjun.
De nouveau, le ministère des Infrastructures publiques entre en scène avec une lettre de confirmation en date du 12 janvier 2009 adressée au groupe Bhunjun avec copie au ministère du Commerce « for your information and for any action deemed necessary ». Le haut fonctionnaire devra éclairer la lanterne des hommes du Central CID sur les développements dans ce dossier en décembre 2008 et janvier 2009.
Toutefois, la dimension la plus compromettante pour le SCE Pather tournera autour de la période entre mars 2009, avec l’élaboration par Vikram Bhunjun d’un contrat et d’un Implementation Agreement pour le projet, et la fin avril de la même année avec l’Assistant Solicitor General formulant des objections contre le mode de financement proposé et attirant l’attention sur la violation des dispositions de la Central Procurement Act et, surtout, l’absence de toute autorisation du Central Procurement Board.
L’escouade du central CID – comprenant le chef inspecteur Japermal, l’inspecteur Barkatally et le sergent Bundhoo – attend de pied ferme le SCE Pather sur le terrain de la Central Procurement Act vu qu’une menace d’inculpation provisoire pour non-respect de la loi pèse sur ce haut fonctionnaire. À la mi-journée, il n’y avait encore aucune confirmation afin de savoir si la séance d’interrogatoire sera interrompue pour une comparution devant le tribunal de Port-Louis pour les inculpations provisoires ou encore si ce haut fonctionnaire pourra rentrer chez lui avec une remise en liberté sur parole en attendant la conclusion de son interrogatoire.
Au moins deux autres anciens hauts fonctionnaires devront être inquiétés dans le cadre de la Betamax Saga. Dans l’un des cas, la convocation du Central CID s’annonce problématique, car elle concerne l’ancien secrétaire financier Ali Michael Mansoor, qui est en poste au Fonds monétaire international, à Washington. Depuis juillet 2009, suite au bras de fer entre le State Law Office et Vikram Bhunjun au sujet de la teneur du contrat, décision a été prise par l’hôtel du gouvernement à l’effet que les négociations ne devaient être engagées avec le secrétaire financier d’alors, et nulle autre partie.
À partir de ce 22 juillet 2009, le dossier de Betamax a connu une nette accélération avec un amendement à la Procurement Act pour exempter la STC de toute tutelle du Central Procurement Board, la mise sur pied du comité présidé par le vice-Premier ministre, Xavier-Luc Duval, et comprenant les ministres Rama Sithanen, Anil Bachoo et Mahen Gowresso, et l’évaluation du contrat par des consultants du bureau d’experts-conseils de BDO.
L’autre haut fonctionnaire qui devrait se retrouver dans de beaux draps est l’ancien secrétaire permanent au ministère du Commerce Reshad Hosany. Celui-ci, en l’absence de la présidente de la STC, avait présidé la réunion du board de cet organisme le 27 novembre 2009 avec, pour unique item à l’agenda, la signature expresse du contrat pour l’opération du pétrolier Red Eagle du groupe Bhunjun. Après les auditions des fonctionnaires, avec la possibilité de nouvelles inculpations provisoires, le Central CCID abordera le volet politique avec des interrogatoires de Navin Ramgoolam, d’Anil Bachoo, de Rama Sithanen ou encore de Mahen Gowressoo.
De son côté, la Permanent Secretary, Nirmala Devi Nababsing, a été entendue pendant six heures, hier, au Central CID. Elle a soutenu qu’elle n’a fait qu’agir selon les instructions de son ministre, le Premier ministre adjoint, Rashid Beebeejaun. Elle a ajouté que celui-ci avait initié le projet de fret pétrolier et que par la suite, elle ne s’est pas occupée de ce dossier vu qu’elle avait été transférée à un autre ministère. La chef de Cabinet, qui est rentrée che elle, a été priée de se tenir à la disposition des enquêteurs de la police.
L’enquête du Central CID se poursuit.

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