Coup d’état constitutionnel allégué : Sir Hamid Moollan approché par l’avoué Gilbert Noël

Le doyen du barreau : « J’ai accepté l’offre faite par Gilbert Noël sous condition »

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Le secrétaire de la State House, le PS Seebah : « L’ancienne présidente avait son équipe au Château du Réduit »

Bien que tant attendue, la version des faits du doyen du barreau, sir Hamid Moollan, QC, devant la commission d’enquête instituée pour faire la lumière sur la décision de l’ancienne présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim, de communiquer proprio motu une commission Sobrinho, a été rapide, soit pas plus d’une vingtaine de minutes. Il a laissé entendre au juge Asraf Caunhye ainsi qu’à ses deux assesseurs, Nirmala Devat et Gaitree Jugessur-Manna, qu’il n’aurait jamais présidé cette commission d’enquête annoncée par l’ex-présidente de la République le 16 mars dernier si le conseil des ministres n’avait pas donné son feu vert. Les autres témoins convoqués par la commission Caunhye, notamment le “Permanent Secretary”, Motichand Seebah, le représentant de la Barclays Bank, Jaysen Nundoosingh et le Directeur des services de douane, Vivekanand Ramburrun, ont également été brièvement auditionnés hier.

Appelé à la barre hier pour son audition dans le cadre de la commission d’enquête Caunhye pour voir comment l’ancienne présidente de la République, avait été amenée à porter son choix sur lui pour présider la commission d’enquête mort-née sur les affaires d’Alvaro Sobrino, sir Hamid a fait ressortir que c’est l’avoué Gilbert Noël qui l’avait appelé pour lui faire parvenir l’offre de l’ancienne locataire de la State House.
Asraf Caunhye : C’est bien cette lettre que vous aviez reçue le 16 mars ?
Sir Hamid Moollan : Je dois l’avoir dans mon dossier (Il fouille dans ses papiers et confirme)
AC : Qu’est-ce qui s’est passé le 16 mars ?
SHM : J’étais chez moi et j’ai reçu un appel de l’avoué Gilbert Noël. Il m’a informé que l’ancienne présidente allait mettre sur pied une commission d’enquête sur l’affaire Sobrinho et qu’elle souhaitait que ce soit moi qui préside les travaux. Je lui ai dit que je n’avais aucun problème “provided that all formalities are fulfilled”. Il m’a dit que la présidente voulait me parler. Je lui ai dit que ce n’était pas nécessaire mais il me l’a quand même passé.
AC : Qu’est-ce que Madame Fakim vous a dit ?
SHM : On a échangé des civilités. L’appel a été rapide et j’ai compris que les procédures étaient enclenchées.
AC : Et puis ?
SHM : Un peu plus tard mais bien avant midi, j’ai reçu la lettre de ma nomination comme celui qui allait présider cette commission d’enquête émanant de la State House. Et j’ai adressé une lettre au Premier ministre, Pravind Jugnauth, lui relatant ce qui s’était passé et que j’avais été nommé pour présider cette commission Sobrinho.
AC : Vous ne vous êtes pas posé la question de savoir comment c’est l’avoué Gilbert Noël qui vous a contacté et non pas l’Attorney General ?
SHM : Oui, mais je n’allais pas savoir qui conseillait qui et c’est bien pour cela que j’avais insisté que les “formalities be fulfilled”.
AC : Que saviez-vous de l’affaire Sobrinho ?
SHM : C’est ce que disait la presse, mais sinon je ne m’intéressais pas à cette affaire.
AC : Auriez-vous accepté de présider cette commission d’enquête sans l’aval du Cabinet ?
SHM : Non, je n’aurais jamais accepté.
AC : Quand avez-vous envoyé cette lettre au Premier ministre ? Est-ce de votre résidence que vous lui avez écrit ?
SHM : J’ai faxé la lettre à ma secrétaire pour rédiger proprement et je crois que la lettre est partie après la prière du vendredi.
AC : Me Yousuf Mohamed avait pris contact avec vous ?
SHM : Le vendredi, je suis au bureau après la prière. Yousuf Mohamed est venu me voir et il était d’avis que la présidente ne pouvait instituer cette commission d’enquête sans l’aval du conseil des ministres.
AC : Quand avez-vous pris note de ce qui s’est passé ?
SHM : Lorsque c’est devenu public et que le Premier ministre m’a répondu pour m’informer qu’il y avait eu “serious breach of the Constitution”.
Prenant le relais à sir Hamid Moollan, le directeur des douanes, Vivekanand Ramburrun, a déposé une liste détaillée des articles que l’ex-présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim, a importés. La liste comprend un trophée provenant des Emirats arabes unies, des produits cosmétiques, tels que des mascaras, shampooings et parfums. Puis, c’était au tour du “Secretary to the President”, le “Head of Administration” de la State House, Motichand Seebah, de répondre aux questions. Il a affirmé qu’il avait été envoyé au Réduit le 15 mai 2017. « I was told by the then president that she had a special team that was headed by Mrs Seechurn », a-t-il laissé entendre.
AC : Deux communiqués ont été émis par la State House, le 14 mars 2018 et 16 mars 2018. Aviez-vous rédigé ces communiqués ?
Motichand Seebah : I was not aware of these communiqués, I was not involved in the drafting of these communiqués, I only came to know of this on radio.
AC : Quelle est la procédure à suivre en ce qui concerne la rédaction d’un communiqué ?
MS : Tous les communiqués doivent avoir la signature de la présidente et selon les procédures, ma supervision et mon autorisation sont importantes avant qu’ils soient publiés dans la presse. Pour les situations nécessitant un avis légal, la présidence se dirige vers le State Law Office et le bureau de l’Attorney General.
AC : Ces procédures ont-elles eu lieu pour les deux communiqués ?
MS : Je n’étais pas impliqué.
Le “Permanent Secretary” a aussi expliqué que les procédures n’avaient pas été respectées concernant l’administration de la page Facebook de l’ex-présidente. Rachna Seenauth, du “special team” d’Ameenah Gurib-Fakim, également responsable des travaux de maintenance du bâtiment de Réduit « was rarely doing the job of maintenance », a laissé entendre le haut fonctionnaire.
Au tout début de la séance d’hier, Jaysen Nundoosingh, “Head of Wealth and Premier Banking” de la Barclays Bank, a affirmé qu’Ameenah Gurib-Fakim avait demandé, le 23 mars 2017, à la banque d’annuler la carte de crédit que lui avait attribuée Planet Earth Institute (PEI) car elle l’a utilisée à plusieurs reprises « par inadvertance parce que la couleur de la carte portait à confusion ». Le courriel de l’ancienne présidente donnait des instructions pour rembourser une somme de Rs 2,2 millions à PEI. Le juge Asraf Caunhye a alors voulu savoir si les deux cartes avaient les mêmes “PIN Codes”. Et le représentant de la Barclays Bank a expliqué qu’un client pouvait changer de code à n’importe quel moment.
Les auditions de la commission Caunhye se poursuivront jeudi prochain.

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