Coups de massue

Deux polémiques viennent cette semaine perturber la bonne marche de l’entraînement Rousset, qui vient à peine de prendre les rênes du championnat des entraîneurs. Ainsi va la vie des courses et Gilbert Rousset, très perturbé par l’affaire du doping de Maxamore, aurait bien fait l’économie de ces coups de massue à l’orée de sa carrière. D’abord, il y a l’histoire de son cheval Mambo Rock, vainqueur de la dernière épreuve samedi dernier et qui a été boosté par un élément extérieur. Il s’agit d’un sac contenant des glaçons qui a été posé sur sa tête pour tenter de lui faire prendre un bon départ, ce qui a été le cas. A priori, il semblerait qu’il n’y ait pas grand-chose à redire, excepté que l’on peut regretter que le public n’en a pas été informé.

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Mais cette histoire, qui pourrait paraître banale, prend une autre dimension lorsqu’elle est confrontée aux Rules of Racing, en l’occurrence le chapitre 209B (a) modifié qui vient encore plus enfoncer le clou, car il rend coupable la personne qui a effectué cet acte répréhensible par le code des courses si les permissions nécessaires n’ont pas été obtenues : « Without prejudice to the generality of Rule 209A, a person shall be guilty of a corrupt or fraudulent act or practice where he- (a) uses or has in his possession any type of device, apparatus or improper contrivance or any other means capable of affecting the performance of a horse in a race, barrier trials or at trackwork, by delivering an electric shock or otherwise. »

Étant donné que le Chief Stipe n’en a pas été mis au courant avant l’épreuve et que cela n’a fait l’objet d’aucune demande officielle avant la course, il est clair que le rule 209B n’a pas été respecté et ne peut relever du seul avis du juge au départ. D’abord, tout doit être fait selon les règles et les Racing Stewards sont là pour appliquer et faire appliquer les règles, et informer le public. Il est inacceptable qu’on ait voulu tenter le jour des courses « any means capable of affecting the performance of a horse in a race » sans l’avoir essayé à l’entraînement, comme le dit fort justement le commentaire d’un ex-professionnel des courses qui trône ces jours-ci sur Facebook : « The fact that ice was tried on that occasion means the horse had an issue. The fact that the ice worked means that it benefited the horse and the horse’s performance has improved because it won. The rules say « that any means capable » is an offense. »

Tout cela montre bien qu’une enquête des Racing Stewards doit être officiellement ouverte pour situer les responsabilités. Qui a donné les instructions ? À qui ? Pourquoi le Chief Stipe n’a-t-il jamais été informé, alors que tout ce qui relève du déroulement d’une journée de course doit lui être obligatoirement communiqué à tout moment ? Quand la décision a-t-elle été prise ? N’y avait-il pas un risque de tenter cela le jour de la course ? Qui aurait pris les responsabilités si le cheval avait réagi autrement à cette intervention externe ?
Et le public dans tout ça ? Facebook, toujours, demande : « What about the punter who had ruled the horse out because he thought that it would be difficult in the stalls and break badly ?… This is a clear case of a few people having shared inside information. That is also against the rules ! There must be a level-playing field for all stables and their horses. Were all stables given the opportunity for same treatment ? To give a horse a better start needs to be notified to the public. Finally, if a change of race tactics must be notified to stewards prior to the race or even if you want to leave the parade ring early, surely trial of something new should have been notified as well. »

Il y a parfois au Champ de Mars une facilité à agir avec désinvolture sur des issues qui sont susceptibles de voir des millions de roupies changer de main ou pas. Rien que cela mérite que chaque maillon de la chaîne du MTC agisse avec professionnalisme et que la primauté du Chief Stipe, qui doit tout savoir sur tout et qui doit être respecté par tous, soit une réalité de tous les instants, pas seulement dans la salle des commissaires de courses, où ses compétences sont incontestables. Il lui appartient de s’imposer une fois pour toutes comme le boss au-dessus de la mêlée.

En attendant, pour Gilbert Rousset, il y a aussi l’affaire du doping de son cheval Maxamore, facile vainqueur de l’épreuve, où il en était le grandissime favori. Une demande de confirmation pour l’échantillon B a été faite par l’entraîneur, comme le lui permettent les règlements. Il faudra donc encore attendre avant d’en savoir plus sur les circonstances de ce cas de doping à produit illicite, c’est-à-dire totalement interdit. À moins qu’il ne soit établi avec certitude de la culpabilité de l’œuvre d’un outsider dont il faudra alors connaître les motivations et surtout qui lui a fourni le produit dopant en question qui, comme on le sait, n’est pas accessible à tous. L’entraîneur Gilbert Rousset est très touché par cette affaire, car le spectre d‘une lourde suspension pèse sur ses épaules. Il a d’ailleurs adressé à ses membres un courrier de son état d’âme sur la question.

Le produit illicite, le Stanozolol, est un stéroïde anabolisant qui s’est révélé au monde lorsque le brillant sprinteur canadien Ben Johnson en avait été testé positif en 1988 aux Jeux Olympiques de Séoul. Ce produit a encore fait parler de lui à de multiples reprises à travers le monde, mais plus récemment en Angleterre, en 2013, où l’entraîneur dubaïote Mahmood Al Zarooni a écopé d’une suspension de huit ans puis a été banni après avoir déclenché le plus grand scandale de dopage dans l’histoire de l’hippisme britannique.

Le dopage est un phénomène mondial qui a été largement évoqué à l’Asian Conférence de Séoul la semaine dernière, avec en tête d’affiche le dopage génétique qui est défini par l’Agence mondiale antidopage comme étant « le transfert d’acides nucléiques ou de séquences d’acides nucléiques » et « l’utilisation de cellules normales ou génétiquement modifiées ayant la capacité potentielle d’améliorer la performance sportive d’un cheval. La détection du dopage génétique est particulièrement difficile du fait que le produit du gène injecté ne diffère pas de celui du gène endogène, mais les chercheurs ont mis au point différentes méthodes, encore lourdes certes, mais efficaces pour démasquer les contrevenants. »

Pour terminer, nous souhaiterions revenir sur la question de deuxième jockey de l’écurie Perdrau, car il nous revient que du côté des Racing Stewards, on n’ait pas connaissance de deuxième jockey attaché à des établissements. Pourtant, dans le cas évoqué dans Turf Magazine la semaine dernière, c’est Kersley Ramsamy qui confirme lui-même avoir pour employeur Yannick et Alain Perdrau dans une vidéo-info réalisée par… l’équipe du MTC le 8 mai dernier après la victoire d’Emaar : « Monsieur Preetam Daby enn grand merci ki li fine donne moi l’opportunité et comment mo redire mo remercier monsieur Alain Perdrau et Yannick qui donne moi permission pren sa la monte la et laisse moi monter en dehors. »
J’en attends des commentaires du Chief Stipe Stephane de Chalain, car les faits révélés sont d’une gravité extrême du fait que, dans les deux cas, il y a un parallélisme suspect entre l’évolution des cotes et les résultats des deux courses. Des mesures doivent être prises pour que ce type de situation ne se répète pas, pour protéger les turfistes et l’intégrité des courses. Nous espérons que, comme pour nous, ce soit votre priorité absolue !

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