COUR — AFFAIRE BHOYROO: Jugement fixé au mardi 28 février

Accusé d’avoir utilisé une arme à feu pour résister à son arrestation, Diop Kondo Bhoyroo a comparu hier devant la cour intermédiaire. Le magistrat Raj Seebaluck a écouté trois témoins à charge dont le chef inspecteur Tuyau. Les policiers maintiennent que le constable Jerry Léonore n’a pas tiré sur l’accusé car il n’était pas sur les lieux au moment de la fusillade. Diop Bhoyroo, sous serment, nie tout en bloc. Le jugement est prévu pour le mardi 28 février.
L’avocat du State Law Office Me Madeven Armoogum a appelé ses trois derniers témoins hier dans l’affaire qu’intente le Directeur des poursuites publiques à Diop Kondo Bhoyroo pour « using a firearm to resist arrest ». Le magistrat Raj Seebaluck siégeant en Cour intermédiaire a entendu le constable Ramcharran qui était présent à l’hôpital lorsque Diop Bhoyroo avait été touché par une balle lors de son arrestation le 30 octobre 2008. Un employé du centre hospitalier lui a remis les effets personnels de l’accusé dont une lettre tachée de sang. L’officier de police a produit les pièces à conviction en cour.
Le chef inspecteur (CI) Tuyau de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu) a été appelé à témoigner. Il était responsable de l’intervention avec le surintendant de police Mooroogan maintenant à la retraite. Le policier a expliqué qu’il a été informé par le constable Manoovaloo de la Major Crimes Investigation Team (MCIT) que les frères Bhoyroo parlaient avec Sachin Beem. Les deux hommes, recherchés dans le cadre de l’affaire de séquestration et de meurtre de leur cousin Judex Bhoyroo, ont alors quitté leur ami pour aller en direction de la montagne. « Quand ils sont arrivés à notre niveau, nous sommes sortis de notre cachette, équipés d’une torche je leur ai demandé de se rendre », a déclaré le CI Tuyau. Les deux hommes auraient alors pris leurs jambes à leur cou.
« Ils ont laissé leurs sacs et ont couru vers la montagne », a affirmé le chef inspecteur. Il a soutenu avoir dit une nouvelle fois aux jumeaux de se rendre mais ils auraient couru de plus belle. « Diop Bhoyroo s’est tourné et a pointé son arme vers nous avec sa main droite… J’ai alors demandé au sergent Beessoo de lui tirer dessus pour le désarmer », a ajouté le responsable de l’unité. CI Tuyau a également déclaré que l’accusé a dit alors qu’il pointait le fusil que « mo touye zot… » Diop Bhoyroo a été touché à l’épaule gauche pendant que son frère se sauvait. Le sergent Beessoo devait alors prendre le revolver qui était sur le sol. Le responsable de l’intervention a également dit qu’il connaissait le constable Léonore mais a précisé que celui-ci était dans le back-up team sous la supervision du SP Mooroogan à Ferney.
L’avocat de Diop Bhoyroo, Me Rex Stephen, dans son contre-interrogatoire a dit au CI Tuyau qu’il n’a pas mis dans son statement que « the accused was warned for a second time ». Le policier a répondu qu’il a omis de le mettre parce qu’il était fatigué. « We spent a day and a night without sleeping… We were tired. »
Me Stephen : L’accusé n’était pas armé…
CI Tuyau : Je maintiens qu’il était armé
Me Stephen : Si je vous dis que votre équipe l’a encerclé et sans aucune justification, vous lui avez tiré dessus…
CI Tuyau : Non
Le sergent de police Beessoo a ensuite été appelé par le ministère public. Il a donné une version similaire de celle du chef inspecteur. Il a soutenu avoir tiré sur Diop Bhoyroo sous l’ordre du CI. « Beessoo tire… Dezarm li », aurait crié le haut gradé de l’Adsu. Après avoir tiré, le revolver de Diop Bhoyroo est tombé et le sergent s’est empressé de donner un coup de pied pour que l’arme soit hors d’atteinte. Il l’aurait ensuite ramassée « barehanded ».
Me Rex Stephen a ensuite appelé Diop Bhoyroo à la barre des témoins. Il a nié avoir eu sur lui une arme à feu et avoir tenté de s’échapper. « Je précise que je n’étais pas armé », a-t-il soutenu. L’aîné des Bhoyroo a déclaré qu’il ne savait pas qu’il était recherché par la police.
Il a ensuite été contre-interrogé par Me Medaven Armoogum. L’avocat de la poursuite lui a dit que la lettre tachée de son sang est un « plan » pour quitter Maurice en bateau. L’accusé a répondu que la lettre n’est pas à lui et que ce n’est pas son écriture. Les jumeaux étaient en liberté conditionnelle à cette période et devaient se présenter au poste de police le plus proche tous les jours.
Me Armoogum : Pourquoi ne vous êtes-vous pas présenté au poste de police comme convenu ?
Diop Bhoyroo : Cette affaire est terminée… Je ne répondrai pas à cette question
Me Armoogum : Vous aviez de la nourriture avec vous… Ou ti pe al fer piknik 9 h aswar lor montagne ?
Diop Bhoyroo : Ce n’est pas vrai…
Me Rex Stephen a, dans sa plaidoirie, expliqué qu’il n’y a pas eu de fingerprint exercise. Selon l’avocat, le sergent Beessoo n’a aucune raison valable d’avoir pris le revolver à main nue. Il a soutenu qu’il y a des zones d’ombre dans cette affaire. L’homme de loi a ajouté que même s’il n’y a pas de contradiction entre les policiers cela ne veut pas dire que tout est vrai.
Me Armoogum a soutenu dans son réquisitoire que Diop Bhoyroo n’est pas crédible et que l’accusé a « cooked a story ». Il a souligné que les policiers sont crédibles dans leur version des faits.
Le jugement du magistrat Raj Seebaluck est prévu pour le mardi 28 février.

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