Couvre-feu : polémique sur les frais de scolarité au pré-primaire

Depuis le couvre-feu sanitaire, soit la mi-mars, les enfants sont contraints de rester à la maison afin d’éviter tout risque de contamination. Problème : s’il est prévu que les écoles rouvrent leurs portes le 1er août, d’ici là, les parents devront malgré tout régler les frais de scolarité de leurs enfants, soit pour la période avril-juillet. Ce que ceux-ci trouvent « illogique ».

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Même si leurs enfants sont à la maison depuis la mi-mars, ces parents ne comprennent pas pourquoi ils doivent s’acquitter des frais de scolarité de leurs enfants. D’autant qu’ils devront le faire pour toute la période précédant la reprise scolaire, soit le 1er août. Réagissant à une lettre adressée par la direction d’une école pré-primaire de Triolet, où son enfant est scolarisé, une mère de famille se dit révoltée. « Je ne comprends pas pourquoi il faut payer les frais de scolarité et les autres frais habituels alors que mon enfant est à la maison depuis le couvre-feu », dit-elle au Mauricien. Certes, son enfant reçoit ses devoirs à travers un réseau social, mais cette mère de famille avance être malgré tout obligée d’aider son enfant au détriment de son travail. « Pourquoi nous demander de payer alors que c’est nous qui faisons le plus gros travail tous les jours ? » se demande-t-elle.

Pour elle, les parents ne devraient pas non plus avoir à payer les frais habituels, car la situation actuelle, selon elle, « est différente de celle de janvier ». Son fils, dit-elle, est en outre scolarisé par des enseignants à la retraite, qui sont recrutés par l’école. « Ces ‘profs’ obtiennent déjà une pension du gouvernement, une autre à laquelle ils ont droit après leur carrière dans l’enseignement et, maintenant, un autre salaire grâce à leur emploi dans cette école privée », fait-elle encore ressortir.

Un autre parent, dont l’enfant est dans la même école, abonde dans le même sens. « Plusieurs parents ne travaillent pas pendant cette période de couvre-feu. Certains ont vu leur salaire être réduit de moitié et d’autres ont carrément perdu leur emploi. Face à une telle situation, où peuvent-ils trouver l’argent pour régler les frais de scolarité alors que leurs enfants ne sont même pas allés à l’école ? » se demande-t-il. Pour lui, les écoles pré-primaires ne devraient pas non plus exiger des parents que ces derniers paient les frais de transport et de nourriture. « Le ministère de l’Éducation doit prendre des actions car de nombreuses familles éprouvent des difficultés financières en ce moment », ajoute-t-il.

Un autre parent dont l’enfant est admis cette fois dans une école pré-primaire des Plaines-Wilhems affirme, lui, régler les frais de scolarité et de transport de son enfant par virement bancaire « pour éviter les tracasseries de fin de mois ». Toutefois, depuis que son enfant est à la maison, il ne comprend pas pourquoi il doit s’acquitter des frais de scolarité et des frais additionnels, comme le demande l’école. Il dit ainsi avoir remarqué que l’école « a réduit de Rs 1 000 les frais de scolarité ». Un montant qu’il qualifie toutefois de « ridicule » alors que l’école, selon lui, « a dû enregistrer une baisse conséquente s’agissant de ses factures » d’eau, d’Internet et d’électricité. « Cette somme est très faible, alors que l’école bénéficie du Wage Assistance Scheme. L’école est d’ailleurs fermée depuis plusieurs semaines », dit-il.

De plus, il estime « anormal » que l’école réclame encore les frais de transport des enfants alors que ces derniers sont à la maison. « On ne nous a pas dit quel montant payer, mais uniquement une somme raisonnable », déplore ce parent. Pour lui, les parents « connaissent leurs responsabilités », en l’occurrence de payer mensuellement les frais de scolarité lorsque leurs enfants vont à l’école, « mais cette exigence de l’école n’a pas de sens ». Ce père de famille affirme en outre être obligé d’accompagner son enfant pour ses devoirs. « Les parents ne sont pas formés pour ce travail et n’ont pas d’expérience dans le domaine de l’enseignement. Les enseignants ont moins de responsabilités, car les parents font le plus gros travail », observe-t-il, rappelant qu’il reçoit les devoirs de son enfant sur son téléphone portable « tous les jours ».

Un autre parent est d’avis, lui aussi, que « les frais de scolarité devraient baisser considérablement ». Certes, il concède que « nous vivons une situation sans précédent », mais ces frais, selon lui, devraient néanmoins être réduits. « Les salaires des enseignants de ces écoles sont payés par le gouvernement. Les enfants ne vont pas à l’école, et ne consomme donc rien à l’école. » Il fait par ailleurs ressortir que le contrat signé entre les parents et l’école « concerne uniquement son éducation », ajoutant que les leçons en ligne « ne remplacent pas un enseignant, car les parents doivent mettre leur travail de côté pour remplacer ces enseignants ».

Dans des courriels échangés entre parents d’une école pré-primaire d’un quartier huppé de la circonscription de Belle-Rose/Quatre-Bornes (No 18), ceux-ci font ressortir que l’école en question « ne devrait pas réclamer tous les frais habituels », soit du même montant. « Nous concédons que nous avons signé un contrat avec l’école, mais il faut aussi comprendre que nous avons des contraintes financières. Ce sera très difficile de pouvoir régler tous les frais si on ne comprend pas que la situation que nous vivons est compliquée », explique ainsi une mère de famille, précisant qu’elle s’acquitte du paiement mensuel par virement bancaire. Et de dire avoir déjà demandé à sa banque de « déduire le montant de mon compte jusqu’en décembre » de cette année. « Mais je ne prévoyais pas qu’on serait frappé par une pandémie. Je crois que les responsables des écoles pré-primaires doivent comprendre que les parents ne sont plus dans la même situation financière maintenant », dit-elle. Un autre parent est du même avis. « Mon fils n’est pas allé à l’école depuis 23 semaines et l’école m’a contacté pour le paiement. Je ne comprends pas pourquoi je dois payer la totalité de la somme habituelle », dit-il.

Comme nos intervenants, la majorité des parents ne comprend pas en effet cette situation. D’autant que si rien ne change, ils devront continuer à s’acquitter des frais scolaires jusque le mois d’août alors que leurs enfants seront alors encore à la maison. Raison pour laquelle ils insistent pour que les frais baissent. « Beaucoup de parents devront bientôt reprendre le travail. Nous serons dans l’obligation de chercher des personnes pour surveiller nos enfants. Il faudra donc qu’on trouve encore de l’argent pour payer ces personnes, alors que notre situation financière n’est plus la même », lancent les parents.

Dans une lettre adressée aux parents, une école du Nord explique que les frais de scolarité ont baissé de Rs 1 000 pour le mois de mai. L’école, qui recrute une vingtaine d’enseignants à la retraite, précise aussi que ces derniers ne sont pas éligibles au Wage Assistance Scheme, mais qu’ils doivent « malgré tout être payés ». Raison pour laquelle, explique la direction de l’établissement, « les parents sont appelés à régler tous les frais de scolarité impayés pour les mois précédents ». Quant aux frais de transport, les parents sont appelés à payer « une somme raisonnable ». Et de conclure que ces derniers pourront par ailleurs effectuer leurs paiements après la levée du confinement.

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