COVID-19 : L’hôtellerie appréhende « une phase critique »

À partir de la semaine prochaine, la hantise des chambres d’hôtels vides plane sur cet important secteur économique

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Le recours à la fermeture temporaire d’enseignes au niveau des plus importants groupes hôteliers à l’agenda des consultations

La fermeture des frontières de Maurice avec l’Europe, principal marché pour le tourisme, à partir de ce minuit, pèsera lourd dans l’hôtellerie. En anticipation à la prolifération des chambres d’hôtels vides dès la semaine prochaine au plus tard, des Majors de ce secteur économique, notamment des Stakeholders de l’Association des Hôteliers et Restaurateurs de Maurice (AHRIM), ont déjà notifié l’hôtel du gouvernement qu’ils appréhendent une « phase critique » et qu’ils « ne pourront soutenir le fardeau économique dans la conjoncture ».

Face à la menace d’une fermeture des établissements hôteliers, probablement sur une base temporaire de deux mois, les consultations ont été intenses hier du côté du Prime Minister’s Office et du ministère des Finances entre les acteurs du privé, notamment Business Mauritius et l’AHRIM, afin de trouver « une formule soutenable et acceptable pour tous ». Le mot d’ordre à l’hôtel du gouvernement est que malgré les forces majeures découlant de la pandémie du Covid-19, « bann aktivite bizin kontinie » afin de ne pas compromettre les capacités d’une reprise éventuelle.

Les modalités de soutien « additionnel » de l’hôtel du gouvernement restent toutefois à être définies, les discussions se poursuivant aujourd’hui et ce, pour tenter de trouver des solutions avec le ministère du Travail, invité aux échanges de haut niveau. Au ministère des Finances, l’on appesantit sur le fait que « si gouvernman pe donn fasilite dan labank, pa kapav sa fwa-la met dimounn deor. It defeats the whole purpose ».

Les premiers détails de la mise en oeuvre du plan de soutien Padayachy indiquent que pour les opérateurs dans l’hôtellerie impactés par le Covid-19 le barème financier s’arrête à Rs 25 millions, Rs 15 millions pour le secteur manufacturier, Rs 5 millions pour les Export-Oriented Services dont les BPO, Rs 1 million pour l’agriculture ou encore Rs 500 000 pour les Petites et moyennes entreprises (PME). « Les banques commerciales devraient traiter les demandes de soutien sur une case-to-case basis et ce, en fonction du Business Plan et de la situation économique dans laquelle se trouvent les demandeurs », ajoute-t-on officiellement.

Au sein des plus importants groupes hôteliers, le Contingency Plan, qui attend d’être avalisé formellement, prône une réduction d’établissements opérationnels à compter de la semaine prochaine vu la réduction potentielle dans le nombre de clients de l’étranger. New Mauritius Hotels, Sun Ltd et Lux Island Resorts se penchent sur les enseignes hôtelières susceptibles de fermer de manière temporaire et stratégique en vue d’atténuer les dégâts financiers.

Dans certains groupes, des établissements devaient être hors circuit cette année pour des travaux de rénovation. Qui dit fermeture d’hôtels dans les mois à venir dit également réduction du personnel. Dans un premier temps, le personnel temporaire et contractuel devrait être mis en chômage technique. Cette mesure devrait être accompagnée par des restrictions au chapitre de la politique salariale et des Fringe Benefits, que ce soit en termes d’allocations diverses.

Un opérateur hôtelier, contacté par Le Mauricien, fait état de ce projet d’aller vers « une fermeture temporaire ». « La majorité des établissements hôteliers des grands groupes pourrait fermer de manière temporaire, chaque groupe ne gardant qu’un ou deux hôtels en opération, car il n’y aura pas d’arrivées touristiques dans les prochaines semaines vu que nous dépendons à plus de 60% du marché européen. Ça ne vaut pas la peine d’opérer des hôtels vides », fait-on comprendre. Actuellement, seuls des touristes d’Afrique du Sud, de Turquie et d’Australie, par exemple, peuvent encore se rendre à Maurice. « Les charges fixes d’un hôtel varient entre Rs 20 millions et Rs 30 M par mois », confie un hôtelier. Ces charges comprennent la masse salariale et les “contractual agreements”, entre autres, alors que le manque à gagner serait de l’ordre de Rs 80 millions par établissement. Dans ces mêmes milieux hôteliers, on fait comprendre qu’un « hôtel vide est plus coûteux » qu’un hôtel fermé.

Mais qu’en sera-t-il des employés permanents dans la conjoncture?  « Ils ne seront pas licenciés. Cependant, nous allons épuiser leur “local leaves” durant cette période. La situation est critique, ils sont au courant et comprennent qu’ils devront faire un effort en la circonstance et, au lieu de perdre leur emploi, nous devrons rogner sur leur congé en cette période difficile. Vu la gravité de la situation, nous pensons qu’ils seront solidaires et joueront le jeu. Donc, ils resteront chez eux aussi longtemps que l’hôtel sera fermé », rassure-t-on.

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