COVID-19 – Monde du travail : La première vague de licenciements/fermetures

Le ministère du Travail lance un appel aux employeurs en vue de reconsidérer le renvoi de 346 employés avec les 46 premières fermetures

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A la fin de la semaine, soit un mois après l’imposition du couvre-feu sanitaire pour lutter contre le Virus Sans Frontières et à deux semaines d’un éventuel déconfinement graduel à compter du 4 mai, la première vague de licenciements et de fermetures pour cause de COVID-19 a été enregistrée. Devant cet état de choses, le ministère du Travail et des Relations industrielles tente d’endiguer cette brèche dans la sphère du travail en faisant appel aux employeurs concernés en vue de revoir leurs décisions dans la conjoncture. En sus de cela, l’inspectorat du Travail consigne déjà une série de doléances d’employés, qui n’ont pas reçu leurs salaires en dépit du Government Wage Assistance Scheme (GWAS), opéré par la Mauritius Revenue Authority.

Du 6 au 17 avril, les différents bureaux du ministère du Travail et de l’Emploi dans les différents coins de l’île ont déjà enregistré 346 cas de licenciement, 46 fermetures d’usines et 149 cas de compression du personnel. Avec en toile de fond « les premières braises de la crise économique couvant sous les cendres du coronavirus ». Au cours de cette même période, 943 plaintes officielles pour non-paiement des salaires ou paiement partiel des salaires de mars ont été déposées officiellement au ministère alors que 188 cas de non-paiement de salaire et 103 cas de paiement partiel ont aussi été signalés aux autorités sans toutefois faire l’objet de dépositions formelles.

Dans l’immédiat, la consigne aux inspecteurs du ministère du Travail est d’établir les contacts avec les employeurs, principalement ceux à la tête de petites entreprises, avec pour objectif de faire appel pour une révision de cette décision. En tout cas, dans ces derniers cas de licenciements du jour au lendemain, la raison évoquée ne relève nullement que des problèmes économiques et financiers découlant de la pandémie de COVID-19, notamment comme tel est le cas pour cette employée d’une firme de décoration intérieure en pleine période de confinement.

« Due to the present prevailing economic situation, the company is no more able to sustain your employment. Please consider this as an official termination letter. We want to thank you for your efforts here and we want to wish success in your future challenges », écrit sèchement le patron à ses employés alors que le couvre-feu sanitaire imposé par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, contraint tout un chacun à “Res Lakaz”.

De sources officielles, Le Mauricien a appris que 38 petites entreprises justifient le recours au licenciement pour des raisons financières. Ainsi, jusqu’ici, suite à des consultations, le ministère du Travail a pu convaincre ces employeurs à ne pas aller de l’avant avec leur décision au vu de la mise à exécution du Wage Assistance Scheme, permettant ainsi de repousser 188 cas de licenciement durant la période précitée.

En parallèle, le ministère du Travail demande aux salariés, se retrouvant sous le coup d’une compression de personnel pour raisons économiques de rapporter les cas de licenciement ou d’autres problèmes liés aux relations industrielles en vue de permettre une médiation. Des lignes téléphoniques dédiées gérées par des hauts cadres du ministère du Travail sont à la disposition des travailleurs à cet effet. Ainsi du 6 au 14 avril, le ministère du Travail a enregistré pas moins de 4 270 appels téléphoniques venant de salariés inquiets de leurs emplois.

Au ministère du Travail et des Relations industrielles, on met l’accent sur le fait que le ministre de tutelle, Soodesh Callichurn, suit de près ce dossier extrêmement délicat ; les hauts cadres du ministère sont appelés à apporter leur contribution pour convaincre les employeurs à ne pas procéder à des licenciements durant cette période de confinement sanitaire.

Le principal argument, brandi par le ministère, demeure l’extension du Government Wage Assistance Scheme et le paiement des salaires des employés jusqu’à hauteur de Rs 25 000 pour le mois d’avril et le paiement par la Mauritius Revenue Authority se faisant à partir de demain sur la base des dossiers soumis par les opérateurs économiques.

Interrogé à ce sujet, hier, Mariaven Caremben, Senior Adviser du ministre du Travail en matière de relations industrielles, rappelle que le gouvernement a décidé d’appliquer deux conditions pour mener à bien ce projet. « Ainsi, si l’employeur n’a pas payé ses travailleurs malgré le fait qu’il ait obtenu un versement de la part du gouvernement pour le mois de mars et que durant la même période il a procédé à la mise à pied de l’employé en dépit du confinement, la Mauritius Revenue Authority exigera formellement le remboursement des montants, qui ont été crédités à son compte ». Il devait profiter de l’occasion pour lancer un appel aux employeurs de reconsidérer les cas de licenciement faute de quoi le ministère du Travail soumettra la liste de toutes les entreprises qui ont fermé leurs portes et qui ont licencié des travailleurs ou ayant décidé de procéder à la compression du personnel à la Mauritius Revenue Authority pour les besoins de remboursement.

« Le gouvernement a décidé de soutenir les entreprises afin de préserver l’emploi. Ainsi les entreprises, qui ont décidé de licencier également en avril, ne percevront pas cette assistance financière du gouvernement », a-t-il déclaré.

Si pour l’instant, le ministère du Travail fait face à ces premières décisions de licenciement économique venant des petites entreprises, la position devant intervenir après le 4 mai, avec une éventuellement levée par étapes du Lockdown économique, est attendue avec de graves appréhensions à ce sujet.

« Il est un fait que les grosses pointures de l’industrie touristique ou encore les opérateurs dans le réceptif sans compter le personnel de multiples restaurants à travers l’île n’ont pas encore dit leur dernier mot face à la crise dans ce secteur économique, devant durer jusqu’au mois de septembre au plus tôt. Mais il n’y a pas que le tourisme qui souffre des retombées catastrophiques du COVID-19, le secteur du commerce et la construction, sans oublier la manufacture, sont touchés. Tout dépendra du Recovery Plan qu’adoptera le gouvernement et les mesures pour soutenir l’emploi. Ce n’est nullement de la fiction ou de la spéculation. Le ministre des Finances, Renganaden Padayachy a, lui-même, parlé d’un bond de dix points dans le taux de chômage pour atteindre les 17,5% en moins d’une année. Il n’y a aucun lieu de se leurrer sur le plan des licenciements avec le mois de mai », fait-on comprendre dans des milieux avisés.

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