COVID-19 Support Programme — Rs 80 milliards de la BoM pour la MIC

Harvesh Seegoolam : « The contribution that the Bank of Mauritius
is making to the State (Rs 60 billion) will be raised from the market »

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Le conseil d’administration de Mauritius Investment Corporation Ltd
présidé par Lord Meghnad Desai

Les deux derniers instruments de la Banque de Maurice sous le Covid-19 Support Programme nécessiteront des déboursements de Rs 140 milliards, soit au-delà de la barre de 25% du produit intérieur brut (PIB). En effet, le gouverneur de la Banque de Maurice, Harvesh Seegolam, a annoncé hier, qu’en sus des Rs 60 milliards du One-Off Exceptional Support for Fiscal Measures au gouvernement, Rs 80 milliards (deux milliards de dollars américains) en provenance des réserves de la Banque centrale seront nécessaires pour le guichet d’aide aux entreprises sous la Mauritius Investment Corporation Limited. Tout en récusant le terme d’helicopter money, il a fait comprendre que pour les Rs 60 milliards au gouvernement, la Banque de Maurice aura recours au marché public pour obtenir le montant requis.
« Nous sommes prêts à faire tout ce qui est possible pour sauver notre économie », a déclaré Harvesh Seegolam, qui a donné l’assurance que le Fonds monétaite international (FMI) est tenu informé des mesures prises par la Banque de Maurice. La contribution de Rs 60 milliards vise à assurer la stabilisation économique. «C’est la BoM qui financera cette contribution en émettant ses propres instruments (bonds) pour un montant de Rs 60 milliards. La Banque Centrale a recours à cette émission, avec pour motif qu’il y a et qu’il y aura une liquidité en roupies abondantes sur le marché. Ces opérations monétaires favoriseront des conditions ordonnées sur le marché monétaire », dit-il. Il a précisé que les bons du Trésor qui seront émis seront en roupies et non en devises étrangères. Il se dit confiant que durant les deux ou trois prochains mois, il y aura suffisamment de liquidité « to meet the Rs 60 billion that will be raised from the market ».
Abordant l’autre volet majeur de ce programme, soit la Mauritius Investment Corporation Ltd, le gouverneur de la Banque de Maurice est d’avis que « cet organisme soutiendra, accélérera le développement économique et construira une base de valeur pour les générations actuelles et futures de notre pays ».
Deux milliards de dollars
MIC Ltd, qui est en cours de création, sera une filiale à part entière de la Banque de Maurice avec pour mission d’aider les entreprises importantes et viables à Maurice, qui sont en difficulté financière à cause de la pandémie. « Ces entreprises représentent une menace directe pour la stabilité financière. Je dois souligner ici que si cela n’était pas fait, les entreprises auraient des difficultés à honorer leurs obligations financières, ce qui aurait un impact négatif sur le secteur bancaire. Le risque que les citoyens perdent leur emploi est élevé. À cet égard, MIC investira dans de grandes et moyennes entreprises ayant un chiffre d’affaires annuel minimum de Rs 100 millions. MIC Ltd investira également dans des entreprises orientées vers le renforcement de l’autosuffisance en ce qui concerne les produits de première nécessité. Elle investira également dans des entreprises qui permettront à Maurice de devenir une économie axée sur l’innovation. Finalement, elle soutiendra ‘the development of return-generating key strategic assets and projects’ », s’appesantit-il.
Deux milliards de dollars en provenance des réserves de la Banque centrale seront mis à la disposition de la MIC. Elle investira et gérera ces fonds en vue de créer une base de valeur pour les citoyens mauriciens. « En investissant rapidement une partie de nos réserves dans notre pays en ces temps difficiles, nous investissons et construisons l’avenir de Maurice, permettant ainsi un développement économique ordonné et équilibré », affirme-t-il.
Harvesh Seegoolam avance que malgré l’utilisation d’un montant total de deux milliards de dollars, les réserves de la BoM « still remain at an adequate level which is well above the international norm ». Il souligne que MIC investira dans des sociétés éligibles par le biais d’un certain nombre d’outils d’investissement, notamment des instruments de capitaux propres et de quasi-fonds propres. Il a donné l’assurance que la transparence, la bonne gouvernance et l’indépendance seront les maîtres mots de MIC.
Cette filiale de la BoM sera gérée par un conseil d’administration présidé par Lord Meghnad Desai, membre de la Chambre des Lords du Royaume-Uni et économiste de renom. Le conseil comprendra également le premier sous-gouverneur, le deuxième sous-gouverneur et deux administrateurs non exécutifs.
Deux comités seront institués. Le comité sera responsable de l’investissement et sera composé d’experts indépendants. L’autre comité sera responsable de la gestion des actifs générés sous la MIC. Cette dernière travaillera en étroite collaboration avec les banques commerciales pour atteindre ses objectifs. « MIC will publish its audited financial statements and an annual report covering its activities during its financial year. The financial statements will be consolidated with that of the Bank », a laissé entendre Harvesh Seegoolam.
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Arvin Boolell, leader de l’opposition : « Encore un cadeau au gouvernement »
« S’il y a une seule consolation, c’est que le gouvernement n’aura pas à imprimer de nouveaux billets. Toutefois, je me demande pourquoi c’est la Banque de Maurice qui a recours au marché public pour obtenir de l’argent à un taux de 2,5%. Cela aurait dû être le rôle du gouvernement. Encore une fois, c’est un cadeau offert au gouvernement, après les Rs 11 milliards obtenues du Special Reserves Fund. En vérité, c’est un “triangage” légal afin de donner l’impression que le niveau d’endettement du gouvernement reste dans les limites internationales et éviter d’être “downgraded”. Cette façon de procéder du gouvernement est inacceptable et les instances internationales ne sont pas dupes », dit Arvin Boolell, qui rappelle que le 23 mars dernier, la Banque de Maurice avait émis des bons du Trésor de l’ordre de Rs 5 milliards et que ce projet n’a pas abouti. « S’ils n’ont pas réussi à lever Rs 5 milliards, comment feront-ils pour recueillir Rs 60 milliards. C’est un “gimmick”, un trompe-l’œil », dit-il. Arvin Boolell a également commenté la nomination de Lord Desai à la présidence de Mauritius Investment Corporation Ltd. « Il n’est pas la personne idéale. On aurait pu nommer quelqu’un de spécialisé dans le domaine du Private Equity ou en Investment Banking. Par ailleurs, la BoM doit donner les attributions précises de la MIC et procéder avec un manager expérimenté, qui a une expérience en termes de gouvernance. Ces techniciens existent à Maurice », ajoute-t-il. Arvin Boolell a souligné l’importance d’un exercice de “due diligence” rigoureux pour les entreprises bénéficiaires. « Ces compagnies ne devraient pas payer de dividendes. De plus, les opérateurs mauriciens doivent rapatrier leurs capitaux se trouvant à l’étranger. Selon la MRA, quelque USD 100 millions se trouvent dans des banques à l’étranger », conclut Arvin Boolell.
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Xavier-Luc Duval : « Colourable device »

« Tout laisse croire que la Banque de Maurice nous prend pour des idiots. Le gouverneur nous annonce cet après-midi qu’il empruntera Rs 60 milliards du marché local pour les donner ensuite gratuitement au gouvernement. Mais comment la BoM compte-t-elle rembourser cet emprunt, sauf en imprimant des roupies en grande quantité ? Donc, retour à la planche à billets ! Nous ne sommes pas dupes. Et en plus, gare au “crowding out effect” sur le secteur privé », dit Xavier-Luc Duval, leader du PMSD.
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Reza Uteem : « Pas le rôle de la BoM de faire de l’Investment Banking »

Pour Reza Uteem, du MMM, la décision de la Banque de Maurice (BoM) d’injecter Rs 80 milliards dans MIC Ltd est pour le moins scandaleux. « Déjà, on avait trouvé que le montant de Rs 60 milliards était énorme. Cette fois, on constate que ce sont 2 milliards de dollars que la BoM compte investir. J’avais déjà parlé de l’État “Gargantua”. Je constate que mes propos constituent désormais un “understatement”. C’est monstrueux. Pour gérer un tel montant, il faut des comptables et un personnel adéquat pour effectuer des “due diligence” des compagnies. Déjà, la BoM éprouve des difficultés pour gérer les 14 ou 15 banques mauriciennes. On se demande donc comment elle fera pour superviser toutes les compagnies dans lesquelles la MIC compte investir. La Banque de Maurice n’a pas les compétences, ni le personnel requis pour faire de l’investment banking. Ce n’est pas son rôle de faire de l’”investment banking” », observe Reza Uteem, avant de dire que Lord Desai « ne connaît pas suffisamment le contexte mauricien pour présider une telle entreprise ».
S’agissant de la contribution de Rs 60 milliards au gouvernement, Reza Uteem considère qu’il est « bon de constater que la BoM a clarifié les choses et qu’elle n’imprimera pas de billets de banque, ce qui aurait eu un effet catastrophique sur le coût de la vie » en raison de la dépréciation de la roupie. « Est-ce que la Banque centrale arrivera à trouver Rs 60 milliards sur le marché local ou aura-t-elle recours aux investissements étrangers ? Toujours est-il que la BoM va s’endetter pour sauver le gouvernement, qui, lui, veut éviter de s’endetter. On se demande aussi si c’est un prêt que la BoM fait au gouvernement ou c’est un don ? On se demande finalement comment la BoM remboursera cette dette », se demande Reza Uteem.

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