CREDIT RATING: Moody’s accorde une notation « stable » à Maurice

Les perspectives quant à la capacité des autorités mauriciennes à émettre des obligations et à l’État mauricien d’augmenter ses plafonds d’emprunt et de dépôts bancaires en devises étrangères sont jugées stables par l’agence de notation internationale Moody’s. Celle-ci a informé le gouvernement mauricien ce matin qu’elle maintenait sa notation de Baa2 pour les « Government Bonds » et de Baa1/P-2 pour les emprunts et les dépôts bancaires en devises. La notation « stable » attribuée à Maurice conforte le vice-Premier ministre et ministre des Finances Xavier-Luc Duval qui, dans un premier commentaire au « Mauricien », s’est déclaré « extrêmement satisfait » de la note accordée par Moody’s compte tenu de la conjoncture économique internationale difficile, en particulier de la crise qui sévit dans la zone euro, notre principal marché.
« The Baa2 ratings of the government of Mauritius reflect the demonstrated resiliency of the economy and public finances to shocks, despite its small size and a relatively high level of public debt », souligne d’emblée Moody’s dans son rapport pour expliquer les raisons derrière l’attribution de la note en question. Moody’s considère qu’au niveau de la capacité de Maurice à attirer des crédits étrangers, les points forts du pays sont : a) une économique dynamique et raisonnablement diversifiée, b) un environnement stable et favorable à l’investissement, c) un « pragmatic and competent policy-making ».
Moody’s observe cependant que parmi les défis à relever par Maurice, il y a le haut niveau de la dette publique comparativement à ceux existant dans des pays comptant plus ou moins un même niveau de développement et la petite taille de l’économie mauricienne et sa vulnérabilité à la demande globale. En général, Moody’s trouve que la force économique de Maurice est modérée car, malgré sa taille limitée, l’économie mauricienne est très diversifiée et que le pays fait des efforts pour prendre avantage de ses liens historiques avec l’Inde et maintenant la Chine en vue de se positionner comme une plateforme d’investissement pour l’Afrique.
L’agence de notation internationale estime que la capacité institutionnelle du pays est également modérée sur un plan global. Elle souligne que le pays obtient régulièrement de bonnes notes dans des rapports internationaux concernant la qualité de ses institutions et son environnement des affaires. Elle rappelle que Maurice se retrouve au 23e rang dans le dernier classement « Doing Business » de la Banque mondiale. Moody’s considère toutefois que la dette publique de Maurice est élevée en comparaison à celles des pays se retrouvant dans la même catégorie mais elle s’empresse de préciser que « its affordability has improved » grâce notamment aux efforts pour élargir l’assiette fiscale et améliorer la collecte de revenus. Selon Moody’s, le déploiement du plan de stimulation budgétaire (aussi connu comme le stimulus package) pour contrer les effets néfastes de la crise n’a pas donné lieu à une détérioration importante des finances publiques.
Résilience
« The rating outlook is stable. The resiliency of the Mauritius economy to the financial crisis as well as the government’s pragmatic policy response have validated the assumptions that underpin the country’s investment grand status », écrivent les analystes de Moody’s. Pour ces derniers, une amélioration de la notation de Maurice dépendra de la consolidation de la base économique du pays accompagnée d’une réduction soutenue de la dette publique afin que les fondamentaux puissent être rapprochés de ceux des pays faisant partie du même groupe que Maurice ou encore ceux qui sont légèrement mieux notés.
Moody’s observe que le gouvernement est en train de poursuivre une stratégie de transition de l’économie mauricienne : soit d’une économie basée sur des secteurs d’exportation de sucre et de textile employant une main-d’oeuvre peu qualifiée à une économie des services employant des gens hautement qualifiés. « Although this transition from low to higher skilled activites is happening faster than often perceived, the effects on the country’s wealth will only be felt gradually over time », estiment les analystes.
Pour Moody’s, ce qui pourrait influencer la notation de Maurice à la baisse, c’est la vulnérabilité du pays aux changements dans la demande globale, notamment chez les principaux partenaires commerciaux, ceci en raison de la force dépendance de l’économie nationale sur l’exportation. « Should external demand fail to recover sufficiently, another shock could lead to a substantial deterioration of the debt metrics. Such a scenario could exert downward pressure on the rating », prévient l’agence.
Taux de croissance de 4,3 %
Passant en revue les récents développements au niveau de l’économie mauricienne, Moody’s prévoit le taux de croissance en termes réels à 4,3 % cette année contre 4,5 % en 2010. Elle fait ressortir que ces dernières années ont eu une certaine réussite concernant leur choix de politique macroéconomique. Les mesures budgétaires et monétaires ont contribué au maintien de la bonne performance d’ensemble de l’économie. Le secteur touristique, selon les prévisions de Moody’s, va croître au taux de 7,5 % en 2011 après avoir enregistré un taux de 10,2 % en 2010.
Pour l’année prochaine, la croissance des arrivées touristiques se situerait à environ 3 %. Moody’s fait état de la stratégie de diversification des arrivées touristiques avec l’accent mis sur les marchés de l’Inde et de la Chine. Pour ce qui est de l’industrie textile, elle indique que le taux de croissance de ce secteur tournerait autour de 7 % cette année alors que le secteur sucrier, après une contraction de 3,1% en 2010, va être affecté par une baisse de production cette année. « However, all those key sectors will continue to benefit from renewed policy support in particular from the ongoing fiscal stimulus package. It aims at promoting the diversification of the tourism sector as well as an even stronger resilience to shocks and better competitiveness of the economy », souligne Moody’s.
S’agissant de la politique monétaire, l’agence s’attend à ce qu’elle reste prudente. Tenant compte des risques grandissants auxquels font face les principaux partenaires commerciaux de Maurice et d’un assouplissement au niveau des prix, la Banque de Maurice, précise-t-elle, a réduit son taux directeur récemment. Selon Moody’s, le taux d’inflation pour 2011 atteindrait 6,6 % et descendrait à 5,1 % en 2012. Pour ce qui est du budget, le déficit en 2012 se chiffrerait à 3,8 % du Produit intérieur brut. « Two years in a row, fiscal outcome has been better than budgeted which is worth stressing », souligne Moody’s. Celle-ci parle des investissements de l’ordre de Rs 21,2 milliards dans les infrastructures, de l’abolition de la taxe sur le plus-value (capital gains tax) réalisé sur la vente des biens immobiliers, de la taxe locative municipale et de la taxe sur le transfert des terres.
Moody’s prévoit que la dette publique totale va encore diminuer pour se stabiliser autour de 50 % du PIB. « In Moody’s opinion, the continuation of current robust levels of growth (4% -5% per annum) over the medium term should allow for a gradual further consolidation of public finances. A more pronounced global economic slowdown is likely to affect public finance but to a limited extent as experienced by Mauritius in 2008-2009 », font ressortir les analystes.
L’agence de notation internationale estime par ailleurs que la dette extérieure a augmenté modérément ces dernières années mais que le niveau demeure faible de par les normes internationales. Moody’s fait remarquer qu’il n’y a pas de manque de capitaux domestiques pour financer la dette du gouvernement ni de manque de devises étrangères dans le pays.
———————————————————————————————————————————
XLD : « Confiant en notre bonne approche »
Le vice-Premier ministre et ministre des Finances est très satisfait de la notation « stable » attribuée à Maurice par Moody’s considérant la conjoncture internationale difficile dans laquelle évolue l’économie mauricienne. « Je suis confiant de la bonne trac?e de ligne du Budget 2012 », a souligné Xavier-Luc Duval.
Le Grand argentier se dit réconforté par les commentaires favorables de Moody’s concernant Maurice cela alors que des pays développés sont menacés de « downgrading » par des agences de notation. Moody’s a parlé favorablement de la politique de transformation de Maurice en une plateforme d’investissement orientée vers l’Afrique, du climat des affaires business-friendly, des réformes fiscales annoncées dans le Budget 2012, cela avant même que ces mesures ne commencent à produire des résultats, de la stabilité du taux de déficit budgétaire, de la baisse projetée de la dette publique.
Parlant du climat des affaires, Xavier-Luc Duval s’est réjoui de la remontée des investissements directs étrangers au cours du troisième trimestre 2011. « En arrivant aux Finances, j’ai constat? qu’il y avait de nombreux projets qui ?taient rest?s bloqu?s. Nous avons corrig? tr?s vite cette situation et nous avons donn? notre feu vert ? tous les projets viables. Nous continuerons ? aider tous les entrepreneurs qui ont des projets viables », a indiqué le vice-Premier ministre et ministre des Finances.
Par ailleurs, Xavier-Luc Duval a annoncé que le Joint Economic Group secteur public-secteur privé poursuit son travail sur la facilitation des affaires. Il a indiqué que l’amendement à la Local Government Act contribuerait à éliminer la bureaucratie, surtout concernant l’approbation des permis de construction.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -