CT POWER: Les habitants de Kensington craignent d’être délocalisés

La campagne de sensibilisation initiée par la Plateforme citoyenne dans le sillage du projet de centrale à charbon de CT Power a débuté vendredi à Kensington, Pointe-aux-Sables. Une centaine de résidents étaient présents pour prendre connaissance des risques environnementaux liés à ce projet. Ces derniers craignent d’être délocalisés.
« Vous n’êtes pas seuls dans ce combat. Ne baissez jamais les bras », a lancé Thierry Le Breton de la Plateforme Maurice Environnement (PME) vendredi soir à Kensington lors de la première rencontre avec les habitants dans le but de les sensibiliser aux risques de santé et de pollution associés à une centrale à charbon de 110 MW/h dans la région de Pointe-aux-Caves. Une rencontre qualifiée de « très animée et interactive » par les organisateurs — la plateforme citoyenne.
L’initiative de sauvegarde de l’environnement tend à décourager les principales victimes. « On nous a souvent dit que c’était perdu d’avance, que les promoteurs étaient trop gros ou que c’était une bataille de pot de terre contre pot de fer, mais nous avons toujours foncé avec les moyens dont nous disposons dans notre cellule de 15 personnes », a-t-il déclaré, demandant à ceux présents de ne pas se décourager malgré le manque de transparence autour de l’attribution d’un Environment Impact Assessment (EIA) licence.
Réunissant les Forces vives de Pointe-aux-Sables et d’Albion, la Plateforme citoyenne a lancé vendredi soir sa campagne de sensibilisation — une initiative visant à éveiller la conscience collective concernant ce projet de centrale à charbon. D’ailleurs le choix de Kensington pour cette première réunion est significatif. « Il s’agit de l’une des agglomérations la plus proche du site de CT Power, soit à environ 400 m, juste en face », expliquent les membres de la plateforme. Cette réunion de plus d’une heure a permis à ceux présents de prendre connaissance des risques que comporte ce projet s’il aboutit. Les résidents de cette région décrient le silence des autorités et l’absence de communication de la part des promoteurs. Ces 400 familles craignent principalement d’être délocalisées si la centrale à charbon de 110 MW/h voit le jour. « Y a-t-il des risques que les habitants se trouvant à moins de 1,5 km de la centrale soient délocalisés ? Qu’adviendra-t-il de la valeur de leur terrain ? Qui dédommagera ces personnes qui ont construit leur maison à la sueur de leur front et qui se sont endettées en contractant des emprunts importants auprès des banques ? », se demandent-ils. Et à Georges Brelu-Brelu, président du Mouvement civique de Pointe-aux-Sables, de lancer : « la région de Kensington Place a été morcelée en 1999 alors que la proposition de CT Power, il faut le rappeler, n’a été reçue qu’en 2006 à travers le Board of Investment. Comment est-ce que le gouvernement a pu choisir Pointe-aux-Caves comme lieu potentiel pour accueillir une centrale à charbon alors que des habitations s’y trouvaient déjà et, qui plus est, à moins de 500 m ? »
Pour les résidents, le projet de centrale à Charbon est un nouveau problème qui se dessine à l’horizon, malgré les promesses des promoteurs leur garantissant que leur niveau de vie ne sera pas affecté. Ils évoquent les mêmes promesses qui leur avaient été faites lorsqu’une station d’épuration avait vu le jour à Montagne Jacquot et qui d’ailleurs, disent-ils, dégage toujours une odeur nauséabonde.
Les participants s’interrogent de plus sur l’impact environnemental d’une centrale à charbon. Ils pointent aussi du doigt les zones d’ombre entourant les activités de ce projet, notamment l’approvisionnement en eau pour le refroidissement de la centrale. Et de préciser : « Qui sera responsable de s’assurer de la qualité de l’eau avant qu’elle ne soit déversée à nouveau dans la mer ? » Les habitants s’interrogent également sur la volonté politique de soutenir ce projet, qui disent-ils, va à l’encontre du concept Maurice île Durable (MID). « Que fera le gouvernement si la centrale ne respecte pas les 10 conditions imposées au préalable pour l’attribution de son EIA licence ? Viendra-t-on avec l’argument de sécurité énergétique pour éviter un black-out et expliquer l’incapacité du gouvernement à planifier sur le long terme ? » Pour les animateurs et membres de la plateforme présents vendredi, notamment Georges Brelu-Brelu, Président du Mouvement Civique de Pointe-aux-Sables, Fabiani Balisson, porte-parole de la Plateforme citoyenne et
Thierry Le Breton de la Plateforme Maurice Environnement, il est temps que le gouvernement revoie sa position en ce qui concerne sa politique énergétique et ses responsabilités pour le développement durable. Ils indiquent toutefois ne pas être contre CT Power mais contre le projet de centrale à charbon. Georges Brelu-Brelu s’inquiète, lui, des répercussions de la mise en place d’une centrale à charbon sur les projets d’énergies renouvelables à venir. « Si le gouvernement s’engage dans un projet de centrale à charbon, il se retrouvera à devoir patienter pour encore 12 ans avant de pouvoir investir massivement dans des projets à énergie renouvelable. Cela nous ramènera à 2025. Nous pouvons d’ores et déjà prévoir que les objectifs que nous nous sommes fixé pour une Île Maurice Durable, d’ici à 2025 – 35% d’énergies renouvelables dans notre Energy Mix ne seront jamais atteints, par manque de volonté politique et de vision. »
Cette première réunion avec les habitants de Kensington a conduit à l’engagement social de nombre d’entre eux qui ont proposé leur aide pour d’autres réunions de sensibilisation dans d’autres régions. Prochain rendez-vous : jeudi 30 août à Albion.

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