CUISINE: Délicieux moutouk

L’autre soir, je me suis réveillée en sursaut et en sueur. J’avais fait un cauchemar. J’étais parmi les « pauvres » passagers du luxueux Costa Allegra, regroupés sur le pont du bateau qui était en passe de couler dans l’océan Indien. J’étais désespérée, croyant que je ne toucherai plus jamais terre et que les créatures des abysses se régaleraient de mon cadavre. Mon coeur battait fort et en ouvrant les yeux, j’ai remercié le ciel… Ce n’était qu’un mauvais rêve.
Si j’avais effectivement été parmi les croisiéristes désillusionnés du Costa Allegra, incertaine de mon sort pendant trois jours, sur ce bâtiment sans eau, sans électricité et surtout… surtout sans repas gastronomique, j’aurais été malheureuse, dépressive, suicidaire et hystérique. Je suis une gourmande. J’adore manger. J’aime les plats généreux, riches et savoureux. Les pâtes, je les préfère quand elles sont noyées dans une sauce au fromage, et mes sandwiches sont fourrés jusqu’au débordement. J’suis un bec sucré, moi. Desserts ou pâtisserie allégés ? Très peu pour Serena. Ce n’est plus un secret, je suis une fanatique du chocolat. Je craque devant un fondant, coulant à souhait. À mon avis, la gourmandise est le plus délicieux des péchés.
Mon cauchemar était sans doute prémonitoire. Une croisière ? Non merci ! Pourtant, j’y avais sérieusement songé. Je rêvais de faire escale dans les ports des pays les plus visités, et m’offrir une échappée dans les restaurants et les cafés pour découvrir les spécialités et les petites curiosités alimentaires du monde que j’aurais rajoutées à ma liste. Et en parlant de curiosité, la mienne a souvent été payante. Si je n’avais pas fait preuve de bravoure – sans prétention, la témérité est une de mes qualités – je n’aurais pas goûté à ce qui est, à mon avis, un des meilleurs gajaks de ma vie !
Je vous raconte. Il y a cinq ans, j’étais en vacances à Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo. Drôle de destination, me direz-vous. Mais je vous assure, le pays du bonobo vaut le détour. Je ne me lassais pas des poissons de l’immense fleuve Zaïre et des plats traditionnels les plus originaux. Mes hôtes, Robert (paix à son âme) et son épouse Espérance, natifs de la RDC, avaient organisé une sortie aux abords du fleuve. Entre la découverte du village des pêcheurs et les activités bruyantes sur l’eau, il était temps de faire une pause. Je me souviens encore de la voix grave de Robert, qui nous proposait de nous rafraîchir autour d’un verre. En route pour le campement où nous étions attendus, j’ai remarqué des enfants qui se baladaient en balançant un sac en plastique rempli de ce qui me semblaient être des chenilles géantes, gluantes et remuant, comme en quête de liberté.
Je demandais à mes hôtes : “C’est pour en faire des appâts ?” Ma question a eu pour effet de provoquer le sourire de mes amis. “C’est pour être mangé ma jolie”, me répondait Robert en m’expliquant leur provenance. Ces larves géantes, pareilles à des méga moutouks, sont recueillies dans le tronc pourri des sagoutiers et sont très appréciées. Je pensais en mon for intérieur : “Moi, Serena, manger des moutouks ? Jamais au grand jamais !”
Installés devant nos boissons, il ne nous manquait qu’un bon gajak. Quand notre plat de gnocchi rôtis est arrivé, j’ai été surprise par le décalage de la situation. Des gnocchi, et rôtis, sous l’Equateur ! Bon, si c’est comme ça, on n’y peut rien et on y va franco. Moi : “Dis donc Espérance, ces gnocchi sont plutôt croustillants ! Mais qu’est-ce qu’ils sont trop bons !” Elle : “Gnocchi ? Pas du tout la Mauricienne ! Ce sont les larves que tu as vues tout à l’heure. On leur a arraché la tête, enlevé toute la matière gluante de leur estomac, et fait frire dans une huile pimentée.” J’étais déjà à mon énième moutouk…
SERENA
———————————————————————————————————————————
Cuisine du monde
Cette semaine, nous vous proposons de faire un voyage gourmand sans bagage et sans passeport. Ce tour du monde vous fera découvrir des plats réalisés dans les cuisines russes, béninoises, canadiennes et brésiliennes. Les ingrédients sont disponibles sur le marché local, il ne vous reste qu’à essayer ces recettes, et de goûter à des spécialités de nos très lointains voisins.
———————————————————————————————————————————
Pirojki (Russie)

Ingrédients
20 g de levure de boulanger
1/2 cuillère à café de sel
12 cl de lait
15 cl d’huile
500 g de farine
Du beurre et de la farine pour la plaque de cuisson
1 chou moyen, finement émincé
1 cuillère à soupe d’huile
2 gros oignons hachés
2 oeufs durs hachés
1 bouquet d’aneth haché
125 g de beurre salé en dés
Préparation
Dans un récipient, mélangez la levure avec le sel et le lait. Ajoutez l’huile, la farine et pétrissez quelques minutes.
Mettez le chou dans une grande casserole d’eau bouillante salée et laissez-le bouillir pendant 10 minutes. Égouttez-le et essorez-le dans un torchon.
Versez l’huile dans une poêle et faites suer les oignons.
Mélangez le chou, les oignons, les oeufs et l’aneth. Incorporez aussitôt le beurre. Étalez la pâte sur 2 ou 3 mm d’épaisseur. Découpez des formes circulaires de 10 à 15 cm de diamètre. Mettez un peu de farce au milieu de chaque morceau de pâte, repliez, pincez les bords pour les souder. Disposez les pirojki sur une plaque beurrée et farinée et mettez au four (th 7-8, 250°C) pour 5 à 7 minutes. Baissez le four (th 6, 210°C) et laissez cuire encore 5 à 7 minutes. Pour que les pirojki soient bien dorés, badigeonnez un peu de lait ou un jaune d’oeuf légèrement battu sur la pâte avant d’enfourner.
Les pirojki peuvent également être cuits en friteuse.
———————————————————————————————————————————
Vatapa (Brésil)

Ingrédients
1 oignon
20 g de gingembre frais
2 gousses d’ail
1 petit piment
450 g de tomate en boîte
1/4 de tasse de cacahuètes grillées et pelées
2 cuillères à soupe de noix de coco râpée
2 cuillères à soupe d’huile d’olive
1 petit citron
2 cuillères à soupe de feuille de coriandre fraîche
1 pincée de paprika
2 cuillères à soupe de crème de coco en boîte (non sucrée)
10 cl de fumet de poisson
500 g de crevettes moyennes cuites, pelées et décortiquées
300 g de filet de poisson
Sel et poivre
Préparation
Pelez et émincez l’oignon, l’ail et le gingembre.
Émincez très finement le piment. Coupez en gros morceaux les tomates en réservant le quart du jus. Mixez finement les cacahuètes. En réserver le quart pour la garniture. Faites revenir l’oignon avec une cuillerée d’huile d’olive dans une grande sauteuse jusqu’à ce qu’il soit transparent. Ajoutez la moitié des tomates avec le quart du jus réservé et la crème de coco. Faites cuire pendant 2 minutes. Ajoutez les 3/4 des cacahuètes broyées, une cuillerée à soupe de noix de coco râpée, une cuillerée à soupe de feuilles de coriandre fraîche. Poursuivez la cuisson pendant encore 2 minutes.
Mixez le tout. Reversez dans la sauteuse, ajoutez les restes de tomates et le fumet de poisson. Portez à ébullition et laissez mijoter à découvert, jusqu’à épaississement pendant environ 15 minutes. Salez légèrement, couvrez et gardez au chaud.
Salez et poivrez les filets de poisson. Faites chauffer une cuillère à soupe d’huile d’olive dans une poêle et faites cuire le poisson.
Ajoutez les crevettes et la sauce bien chaude. Laissez mijoter pendant 2 minutes.
Décorez avec le reste des cacahuètes broyées, de la noix de coco râpée et de la coriandre. Servez sur un lit de riz.
———————————————————————————————————————————
Tarte au sirop d’érable (Canada)

Ingrédients
1 pâte brisée
50 g de farine
150 g de cassonade (sucre roux)
30 cl de sirop d’érable (Maple Syrup)
2 oeufs
3 cuillères de crème fraîche épaisse
80 g de beurre
125 g de cerneaux de noix
Préparation
Préchauffez le four à 180°C.
Étalez la pâte brisée sur un moule beurré et chemisez le fond avec la pâte. Mélangez dans un saladier la cassonade, la farine et les oeufs battus.
Faites fondre le beurre et ajoutez-le au mélange ainsi que la crème, le sirop d’érable et les cerneaux de noix grossièrement concassés (passés rapidement au mixeur).
Mélangez bien. Versez la préparation sur le fond de la tarte et faites cuire pendant 30 minutes à 180°C.
———————————————————————————————————————————
Mouton à l’arachide (Bénin)

Ingrédients
1,5 kg de collier de mouton
150 g de pâte d’arachide
3 c. à soupe d’huile d’arachide
2 oignons
3 gousses d’ail
5 tomates
6 carottes
1 petit chou blanc
4 patates douces
50 g de poisson sec
1 piment
Thym
Sel
Poivre
Préparation
Mettez un litre d’eau à tiédir. Prélevez une louche d’eau chaude pour délayer la pâte d’arachide, puis versez la pâte délayée dans l’eau et continuez la cuisson à feu doux, le temps de préparer les légumes. Pelez et hachez les oignons et pilez l’ail. Lavez et épépinez les tomates puis concassez-les. Pelez, lavez, et coupez les autres légumes. Dans une marmite, faites revenir le collier de mouton dans l’huile chaude. Lorsque les morceaux sont bien dorés, ajoutez les oignons et l’ail et laissez-les blondir.
Ajoutez les tomates, le thym, le morceau de poisson sec, le piment, le sel et le poivre. Versez la pâte d’arachide sur la viande, et ajoutez les légumes sauf les patates douces. Faites cuire environ 1 h à feu moyen en remuant de temps en temps pour éviter que la sauce n’attache au fond de la marmite. Ajoutez alors les patates douces et continuez la cuisson pendant une quinzaine de minutes. Le plat est prêt lorsque la sauce a une consistance veloutée. Servez le plat de mouton à l’arachide avec du riz blanc.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -