Culture vivrière : Les griefs des planteurs de Crève-Cœur

Une vingtaine de planteurs de légumes de Crève-Cœur ont fait part à Mahen Seeruttun, ministre de la Pêche, des difficultés auxquelles ils font face depuis de nombreuses années. Le manque de main-d’œuvre, la concurrence étrangère et l’absence d’encadrement sont les principaux facteurs qui affectent ces planteurs. Effectuant une visite jeudi après-midi dans cette région pour constater de visu les problèmes qui affectent ces planteurs dans leurs plantations d’ail et de gingembre, le ministre leur a rappelé les mesures prises par le gouvernement pour augmenter la production de ces deux condiments.

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Selon Roshan Bheekhoo, planteur à plein-temps depuis ces dix dernières années, les planteurs font face à plusieurs problèmes concernant l’ail et le gingembre qui nécessitent beaucoup de temps et de délicatesse. « Les oiseaux picorent les bourgeons d’ail ou ceux-ci sont séchés par le soleil », dit-il. La culture du gingembre, selon le planteur, nécessite peu d’eau et si le terrain sur lequel il est cultivé ne répond pas aux normes, le gingembre ne pousse pas. Concernant son prix, il dira qu’il est très bas alors que sa production demande beaucoup de temps. « Il faut au moins un an pour récolter le gingembre. Et on ne peut pas cultiver sur cette terre à nouveau. Il faudra attendre encore », ajoute-t-il. Selon lui, le planteur doit vendre ses produits directement aux clients, et non les vendre à d’autres marchands de légumes. Les cyclones, les maladies, le manque de pesticides pour protéger les bourgeons, les voleurs et les singes qui viennent en grand nombre sont les principaux éléments qui découragent les planteurs.

Les singes pénètrent aussi dans des champs d’ananas, dira Roshan Bheekhoo, pour dérober les fruits encore verts. « Nos plantations de betteraves subissent le même sort », dit-il. N’ayant pas pu protéger son arbre à litchis car il devait protéger ses plantations de betteraves et de raves, il regrette que les chauves-souris ravagent tous les arbres fruitiers. De plus, les patates douces qu’il attendait pour la fête de Divali ont été dévorées par les singes. « Les singes viennent par centaines et nous constatons une augmentation depuis quelque temps », dit-il. Les chauves-souris et les singes, selon les planteurs, leur causent des pertes conséquentes.

Roshan Bheekhoo est rejoint dans ses propos par Shyam Dhookit, planteur de la région depuis plus de 30 ans. Selon ce dernier, il faut continuer à exporter les singes pour protéger les cultures. Leur plantation de manioc a été ravagée par les singes. Pour les deux planteurs, même si des plans existent pour qu’ils puissent continuer leurs activités, les procédures sont souvent très longues. De ce fait, ils préfèrent travailler dans leurs champs. « On nous dit qu’il existe des facilités mais jusqu’à présent, je n’ai pas pu changer de véhicule. Chaque fois que je frappe à la porte des autorités concernées, on m’envoie ailleurs », dit Shyam Dhookit. Le manque de main-d’œuvre est un problème important qui affecte les planteurs. « Nous n’avons pas de relève », disent-ils avec regret.

Effectuant une visite un peu plus loin dans la région, Rajmun Sujeebun, qui possède au moins 52 ans d’expérience dans la culture de l’ail, demande au gouvernement d’encourager les planteurs. Âgée de 82 ans, elle regrette que la production d’ail ait baissé à Maurice alors que des terrains existent pour cela. Comparant l’ail local à celui de la Chine, elle souligne que celui de Maurice est de meilleure qualité et permet de garder une bonne santé. Et dit regretter que personne ne prendra sa relève.

« On entend les mêmes choses depuis des années. De ce fait, les planteurs sont découragés et ne veulent plus assister à de telles cérémonies », soutient Roshan Bheekhoo concernant le nombre de planteurs présents à l’occasion de la visite du ministre. « Si tous les planteurs étaient présents, on aurait dû ériger une tente », ajoute-t-il.

Selon Mahen Seeruttun qui a pris connaissance des doléances des planteurs, il y a un marché important pour l’ail et le gingembre même si Maurice est autosuffisant dans la production du gingembre. « Nous pouvons produire davantage et transformer le surplus », dit-il. Et de rappeler qu’il existe des séances de formation destinées aux planteurs à ce sujet. Selon lui, les planteurs sont souvent découragés lorsqu’il y a une surproduction du gingembre qui fait chuter le prix. Et en transformant le gingembre, Mahen Seeruttun fait ressortir que le prix sera stabilisé. S’agissant du problème de la main-d’œuvre dans le secteur agricole, il soutient qu’on peut faire appel à des étrangers. Il a aussi souligné qu’il existait des plans pour l’achat des équipements pour les planteurs. Concernant la production de l’ail qui est moins de 100 tonnes à Maurice alors que la demande est grande, il dira que ce produit est importé de Chine mais qu’il n’est toutefois pas aussi piquant. Mahen Seeruttun a aussi fait ressortir que la séparation des gousses d’ail est la partie la plus difficile pour les planteurs. Ainsi une machine a été achetée pour séparer les gousses. Concernant les prix des semences de l’ail et du gingembre qui coûtent assez cher aux planteurs, il a souligné qu’un fonds avait été obtenu pour subventionner le prix.

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