CYCLISME : Mathieu Le Blanc, Monsieur Coéquipier

Les championnats nationaux de cyclisme ont sacré dimanche Mathieu Le Blanc, 19 ans, du VCJCC-Bank One. Une victoire assez étonnante, surtout quand on sait qu’il vient battre au sprint Hugo Caëtane, particulièrement redoutable dans cet exercice.
« Franchement, le rôle de coéquipier ne me déplaît pas. » On l’a en effet connu comme un des plus fidèles lieutenants de Yannick Lincoln, leader incontesté et incontestable du club curepipien. On pourrait donc penser que ce titre de champion de Maurice, enlevé à 19 ans seulement, est la juste récompense pour ce coureur qui a presque tout connu depuis le début de sa carrière il y a cinq ans.
Quand il avait choisi pour le vélo, c’est surtout parce que son papa, André, en faisait aussi. Changeant de catégories et suivant le mouvement, il passe en juniors. Là, pour sa première année, il peine à suivre le rythme. Une tendinite le tient éloigné quelque temps des pelotons.
Puis, en 2011, il subit une transformation quasi radicale. On le voit animer des courses et prendre des responsabilités. Le petit garçon timide qu’il était est devenu un solide coéquipier et un potentiel leader. Mieux : il voit Yannick Lincoln se transformer en coéquipier pour lui permettre d’enlever deux courses l’année dernière.
Ces performances le propulsent tout de suite parmi les six meilleurs coureurs du pays. Et il vise même une place pour les JIOI. Finalement, il ne fera pas le déplacement aux Seychelles. « À ce moment, ils avaient besoin de quelqu’un pour le chrono par équipes. Et comme ce n’était pas mon point fort, la déception est partie assez vite », souligne-t-il. Pour rappel, il a été champion de Maurice du contre-la-montre individuel chez les juniors l’année dernière.
Celui qui se décrit lui-même comme un jeune comme les autres, qui aime faire la fête avec ses amis, « sans en abuser », et les courses de chevaux — il y va depuis qu’il est tout petit, selon ses dires —, vient tout juste de passer son bac. « Du coup, je ne me suis pas trop entraîné ces derniers temps. » Il a sans doute carburé à la motivation. Et demandez-lui comment il définirait ses qualités de cyclistes : la réponse pourrait surprendre. « On dira que je suis un coureur complet. Plutôt rouleur. »
Dimanche, en passant la ligne d’arrivée devant Hugo Caëtane, son expression en disait long : il était incrédule et content à la fois. « Déjà, Hugo était très fort », concède-t-il. Et cette victoire de dimanche est une façon de « remercier tous ceux qui sont derrière nous, les sponsors, les parents, la famille. »
Est-il conscient qu’il a mis fin à une longue traversée du désert pour le club curepipien ? « Je ne savais pas, mais ça fait plaisir que ça soit tombé sur moi », sourit-il.
Dans quelques jours, il sera à la ligne de départ de L’Étoile de l’océan Indien. « C’est un objectif. Mais après, il faudra gérer, il reste encore du temps avant les championnats d’Afrique en novembre. » Le reste, il l’attend.
Comme beaucoup de coureurs de sa génération, l’idée de passer pro lui a effleuré l’esprit. « Mais il faut savoir ce qu’on pourra faire et ce qu’on ne peut pas faire. » Les Mauriciens ont pourtant du potentiel. « Mais nous ne sommes pas assez nombreux. Et pour arriver à ce niveau, il faut qu’il y ait un plus large réservoir de coureurs », explique le tout nouveau champion de Maurice.
Maintenant qu’il a écrit une première ligne à son palmarès, il a le regard tourné vers l’avenir. « Je n’ai que 19 ans. J’ai encore tout à faire. » Un chemin qu’il espère être long dans ce monde du vélo…

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