DAFT PUNK : Deus ex machina

Après huit ans d’absence, Daft Punk crée l’événement avec la sortie de Random Access Memories, assurément l’un des albums les plus attendus de l’année. Loin de leur mouvance electro-house, le duo de robots rend hommage à l’âge d’or du disco-funk. Un nouvel opus qui réunit notamment Nile Rodgers, guitariste de Chic et légende du funk, et Giorgio Moroder, le pape incontesté du disco européen des années 70.
Numéro 1 des charts officiels et des ventes de single en Europe, Get Lucky, le nouveau single des Daft Punk, bat le record de One More Time, leur plus grand titre depuis douze ans. Qui ne se souvient pas de ce hit planétaire à l’aube du deuxième millénaire ? Ou encore des clips vidéos relatant l’histoire d’un groupe de rock extraterrestre, illustrés par le créateur du dessin animé Albator ?
Autant dire que les Daft Punk, avec leur album Discovery, furent alors un phénomène générationnel, et ses créateurs parisiens, Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo, des visionnaires de l’apogée de notre cyberculture.
Entre leur total look robotique, leurs sonorités electro exaltantes, et leur charisme de savants fous qui résonne jusque dans l’étymologie de leur nom (signifiant “punk stupide” en français), on peut tout de même se poser la question suivante : les Daft Punk sont-ils des génies créateurs ou des extraterrestres ?
Évolution.
Le parcours du duo français a commencé bien avant Discovery. Derrière les masques, il y a Thomas et Guy-Manuel, qui se sont rencontrés en classe de quatrième, il y a quinze ans. Le premier baigne alors dans la musique car son père a produit les groupes Gibson Brothers et Ottawan. Le second penche pour le graphisme, ses parents travaillant dans la publicité. Le rock les rassemble et ils forment un groupe, Darlin’, en 1992, et un critique anglais les qualifie de punks stupides (daft punk). Le nom reste et s’amplifie. Des sonorités rétro-futuristes de Da Funk et Around the World est née la légende des Daft Punk en 1993. Leur motto : ne jamais refaire la même chose. Ils ont réinventé la techno avec l’album Homework (1997), disque qui donnait au genre son premier album d’envergure; ont remis au goût du jour la disco synthétique des années 1970 avec Discovery (2001), avant de revenir à l’immédiateté du rock avec Human After All (2005), disque mal reçu à sa sortie, mais qui a pourtant fait beaucoup d’émules.
Human after all.
Jusqu’ici, Daft Punk misait fortement sur les synthétiseurs et l’échantillonnage d’autres artistes pour créer quelque chose de nouveau. Ce qui a un temps causé la controverse auprès des artistes auxquels ils ont emprunté des samples. Mais pour la première fois chez les robots, R.A.M est entièrement joué avec de vrais instruments qui peuvent, à la première écoute, dérouter quand on connaît les beats symétriques et de samples de Daft. Le disque exclut effectivement l’utilisation de boîtes à rythmes pour privilégier des batteurs qui frappent avec une précision imparable mais avec d’infimes variations qu’aucune machine ne peut reproduire. Toujours robot, mais human after all. Les collaborateurs sur R.A.M appelés en renfort sont comme des boutons de console, des samples qui prennent vie, à la simple et géniale différence qu’ils sont dotés d’une conscience musicale, le tout sous la supervision des deux chefs d’orchestre masqués.
Âge d’or.
Pour retrouver la magie de ce son qui a parcouru les États-Unis du milieu des années 1970 jusqu’à Thriller (1982), le duo a suscité la collaboration de deux des plus grands musiciens de l’époque. Les riffs de guitare du mythique Nile Rodgers, membre du groupe phare des années 80 Chic et producteur de tubes comme Upside Down de Diana Ross ou Let’s Dance de David Bowie, entraînent R.A.M dans un vieux funk à la saveur disco, comme entendu sur le single Get Lucky.
Le nouvel album accueille également le claviériste Giorgio Moroder, l’un des pionniers de la musique electro et qui s’est surtout fait connaître pendant la période disco avec Donna Summer, dont il était son producteur et compositeur. Il a aussi collaboré avec Bowie, Eurythmics ou encore Elton John. Les amateurs du genre le reconnaîtront aussi via les bandes originales de Midnight Express, Flashdance ou Scarface, dont il a signé les musiques.
Collaborateurs.
On retrouve également le génie du piano Chilly Gonzales, qui avait déjà travaillé avec le groupe et qui avait fait l’unanimité avec une reprise de Something About Us; Julian Casablancas, le chanteur des Strokes, qui retrouve sa voix grave d’antan, ou encore l’icône “hip-pop” Pharrell Williams, le nom le plus surprenant de la liste. S’ajoutent aussi le guitariste Paul Jackson Jr (récurrent collaborateur de Michael Jackson, des Temptations ou encore de Whitney Houston), le producteur house Todd Edwards, le pionnier Noah Benjamin Lennox (alias Panda Bear), DJ Falcon (qui a déjà travaillé avec Thomas Bangalter sous le pseudonyme Together), et enfin l’auteur-compositeur Paul Williams (à l’origine de plusieurs succès des Carpenters, au début des années 70).
R.A.M s’annonce déjà grandiose, les deux robots réitèrent l’ère disco-funk d’Earth Wind and Fire, d’Ottawan ou encore de Jean-Michel Jarre, adulée par la jeune génération. Quelques victimes sur les dancefloors à prévoir à la sortie de l’album, le 21 mai.

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