De l’hymne des Jeux des îles 2019

PAUL DOMINGUE

Pour donner un éclat suprême à ces Jeux des Îles 2019 dans une vraie communion d’amitié et d’hospitalité à tous les sportifs venant des îles voisines et à toutes les délégations, le ministre de la Jeunesse et notre Premier ministre, avec sa vision patriotique pour le pays, engagent tous nos athlètes et le pays à s’y joindre allégrement dans une atmosphère accueillante et festive avec d’innombrables vivats aux réalisations sportives des athlètes jusqu’à faire battre dans le cœur du monde les brillantes merveilles de notre pays et faire s’y accoler un désir pressant de nombreux territoires à s’y rendre.
Quoique entendu à la télé par une sonorisation point idéale, l’hymne des jeux, interprété par le Police Band dans son auditorium, ne paraît pas avoir été choisi par un jury averti, et c’est bien dommage puisqu’il sonne un peu lourd et sans éclat dans une structure orchestrale apparemment mal conçue.
Pour revenir à cet auditorium, baptisé, depuis peu, « Philippe Ohsan Auditorium », c’est la stupéfaction, car, sans aucune méchante critique envers quiconque, on peut bien se demander si ce tripotage d’appellation, nullement avenant, ne va pas dans le futur faire bégayer l’Histoire. En faisant un adroit clin d’œil au lointain passé de l’histoire de ce Police Band, bien établi dans le pays depuis de si nombreuses décennies, il ne faut pas escamoter les facettes historiques autour de sa fondation, vers les années 20, ou même plus, sous la tutelle administrative anglaise. Comme elle voulait se débarrasser de la « Police montée » qui existait dans le pays en ce temps-là, on eut l’heureuse initiative de la remplacer par un Band dont la création fut confiée à un de ses membres, Mr ROLFE, excellent musicien anglais, qui, pour sa réalisation, recruta quelques rares instrumentistes dans le pays. Comme le nombre ne fut guère suffisant, il eut cette idée géniale d’avoir recours à d’excellents instrumentistes « cingalais » qui vinrent à Maurice pour se joindre à cette petite poignée d’ici et formèrent l’ossature instrumentale essentielle d’un Band. Sous la direction éloquemment experte de ce génial ROLFE, le premier Bandmaster, ce Band devint subséquemment une branche de la Police sous l’appellation de « Mauritius Police Band » et régi selon les normes administratives de la Police. Ce fut un merveilleux exploit musical de grande valeur historique et ses prestations dirigées par ce grand monsieur ROLFE prirent un essor populaire qui perdure jusqu’à nos jours. Après le départ de Mr ROLFE, ce fut le Bandmaster Cox, un Anglais, qui nous arriva pour prendre la relève, suivi d’un autre collègue, tous deux des diplômés, formés à la prestigieuse école de Londres, la « Royal Military School of Music ».

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Après leur départ, ce fut Philippe Ohsan, un ex-membre de la Police, qui fut envoyé à Londres pour un short course à cette école de musique et qui retourna au pays après quelques mois pour être nommé bandmaster à la tête du Band qui était resté trop longtemps sans direction. Il fit de son mieux avec un accent plaisant, et fut, à sa retraite, remplacé par Freddy Lorens, le chef inspecteur du Band, en attendant la formation professionnelle d’un vrai Chef d’Orchestre mauricien. Étant déjà un membre du Band et pianiste avec, en toute humilité, des qualités musicales reconnues, je fus alors choisi pour des études professionnelles à cette prestigieuse école où j’eus l’honneur, après avoir complété mes études, d’être diplômé et de décrocher le Professors’ First Prize à l’examen final. À ma retraite, un autre membre du Band, monsieur Sadaseeven VEEREN, fut à son tour envoyé à Londres pour les mêmes études et nous revint, lui aussi, diplômé, et nommé Bandmaster. Malheureusement, durant son bandmastership, le complexe du Band fut complètement détruit par un incendie mais on est grandement redevable à VEEREN pour son professionnalisme et en apportant assidûment aux constructeurs d’un autre complexe, de précieux conseils artistiques pour une conception idéale d’un grand auditorium. Aussi, sans aucune méchante critique envers quiconque, inclus mon prédécesseur, ce serait faire un drôle de nez à cette belle histoire de la fondation de notre POLICE BAND, en n’attribuant pas plutôt à cet édifice l’appellation de « ROLFE AUDITORIUM », comme il se doit, manifestement.

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