Débordements du système de tout-à-l’égout à Rose-Hill – Dégoûtés, les riverains réclament Rs 10 M à Larsen & Toubro

Nando Bodha: “ll n’y aura plus d’inondations avec la nouvelle diversion prévue pour demain”

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Quand il y n’en a plus, il y en a encore. Malmenés durant la première semaine de novembre par un cocktail malodorant, les habitants de la rue Sir Virgil Naz à Rose-Hill pensaient pouvoir prendre un grand bol  d’air frais au cours de la deuxième. Or, ils ont été servis à nouveau, mardi, par un reflux des matières fécales après de fortes averses. Les résidents crient leur ras-le-bol et ont décidé, jeudi, de retenir les services de Me Assad Peeroo pour réclamer Rs 10 millions à la compagnie Larsen & Toubro pour ces inconvénients.

La pression de fortes averses a fait sauter la couverture d’égout située au cœur de la rue Sir Virgil Naz avec pour conséquences que les cours et certaines maisons ont été submergées. “Révoltant, dégoûtant, incompréhensible!”: les qualificatifs peu flatteurs ne manquent pas pour qualifier ces évènements sans précédent. Témoin de la scène, Saninah Caunhye souligne avoir dû attendre deux heures avant de pouvoir rentrer chez elle “avec dégout et un mal de crâne pas possible.” La portion de rivière derrière de sa maison offre un spectacle de désolation, sous l’influence de déversements d’eaux usées, de détritus et d’herbes sauvages. S’insurgeant à l’effet que les autorités ont délaissé le nettoyage de ce coin “merveilleux” depuis plusieurs années, Saninah Caunhye craint de ne plus pouvoir inviter des gens chez elle pour “kass enn pozz pou pran lair deor”, surtout pendant cette période estivale. Elle rappelle les “efforts déployés mardi et mercredi  par les travailleurs de la WMA et la CWA qui ont vite fait de pomper l’eau fétide”, et souhaite qu’il en soit de même à l’avenir pour le nettoyage des cours d’eau.

Dans cette ruelle menant vers la rivière se trouvent plusieurs habitations où résident pour la plupart des personnes âgées. L’une d’elle, une octogénaire dont la maison a été construite par son père dans les années 1930, est sortie de sa réserve pour se confier à Week-End. “J’ai enfilé mes bottes et j’ai moi-même tenu à balayer toute cette malpropreté qui s’est déversée dans ma cour, car l’eau risquait d’entrer dans ma maison”, raconte-t-elle, au bord des larmes.

Plus loin, au sein d’une zone de plusieurs pâtés de maison, Mohamed Ali Atchia et Abdool Ally Hossen, nous montrant les traces de décrue sur les murs et la couleur brunâtre de l’eau encore présente dans la cour, semblent être au bout au rouleau. “Est-ce vraiment la fin de tout ce bazar ou va-t-on encore devoir subir ces cochonneries si jamais la pluie tombe à nouveau?”, se demande le premier nommé. Le second veut, lui, connaître la vérité: “J’entends plusieurs versions concernant ce sinistre, mais comment est-ce possible qu’on puisse en arriver là quand l’on sait que ce projet coûte des milliards?”

Présent sur place, vendredi, un officier du ministère de l’Environnement s’est confié à Week-End sur toute la question: “Le problème, j’en suis persuadé, est que deux tuyaux de sewage, l’un venant de la rue Virgil Naz et l’autre de l’arcade Sunassee se raccordent à St-Martin via Vandermeersch. Ainsi, après les fouilles, du ciment injecté à l’intérieur du trou béant a pénétré dans les tuyaux déjà cassés, provoquant le refoulement inévitable de cette eau fétide.” L’officier estime que cette situation a très peu de risques de se répéter, “le nécessaire ayant déjà été fait.”

“Du ciment a pénétré dans les tuyaux et refoulé l’eau”
Face à la vague de contestation, le maire des villes-sœurs, Ken Fong, baskets blanches aux pieds, a vite fait, mardi, de se rendre sur place pour mesurer l’ampleur des dégâts et tenter de rassurer et apporter son soutien aux riverains. Le Premier ministre adjoint Ivan Collendavelloo et le CEO de Metro Express Ltd, Das Motanah, lui ont emboîté le pas, jeudi. L’assurance donnée par ces derniers à l’effet que “la situation est sous contrôle et que la CWA et la WMA ont définitivement enrayé le problème” est accueillie avec circonspection par les résidents qui, en cette phase difficile, restent très soudés.

Même si une amélioration perceptible été observée à partir de jeudi matin, ce sinistre jette un voile d’incertitude sur le déroulement des travaux orchestrés par Larsen & Toubro, auquel les riverains ont servi une mise en demeure pour avoir, disent-ils, “chamboulé leurs activités au quotidien.”  Dans le document déposé au conglomérat indien, ils estiment aussi avoir “subi des pertes financières, ayant dû faire des dépenses supplémentaires.”  Le ministre des Infrastructures publiques Nando Bodha a annoncé à ce propos, jeudi, lors du Construction Industry Procurement Board, qu’un bureau a été mis en place par Larsen & Toubro pour que les citadins puissent expliquer leurs pertes encourues et qu’un représentant de la compagnie évaluera les dommages causés dans l’éventualité d’un accord entre les deux parties. L’autre fait saillant demeure le plan de déviation de  la conduite des eaux usées de la WMA en cours à Rose-Hill. “ll n’y aura plus d’inondations avec la nouvelle diversion car elle permettra la canalisation des eaux usées”, fait ressortir le ministre.

Rupture d’un tuyau en face du marché, vendredi — Des commerces assiégés par l’eau
Les casseroles s’enchaînent sur les sites où se déroulent les travaux du Metro Express à Rose-Hill. Vendredi, sur le tracé de la rue Duncan Taylor en face du marché, un tuyau de la CWA a été endommagé, provoquant une inondation des magasins situés dans les alentours.

Après le manque de sécurité, le couloir situé en face du marché de Rose-Hill où trois personnes ont récemment été attaquées, des magasins ont été inondées après la rupture d’un tuyau d’adduction d’eau. En un clin d’œil, les eaux ont envahi l’emplacement, bloquant l’accès et provoquant l’arrêt de nombreux commerces. Un commerçant confie à Week-End que “cette situation est la goutte d’eau qui fait déborder le vase” et qu’il envisage de quitter définitivement cet endroit si cela se répète. La CWA s’est vue dans l’obligation de couper la fourniture d’eau pendant quelques heures,  avant que la situation ne retourne à la normale.

La MBC et Étienne Sinatambou pointés du doigt

L’objectivité dans l’information diffusée par la station nationale lors du sinistre à la rue Sir Virgil Naz est remise en cause par les citadins. Ceux notamment ayant bienveillamment répondu aux questions des équipes de la MBC. Le ministre de la Sécurité sociale, Étienne Sinatambou a été égratigné pour avoir adopté un ton condescendant envers les habitants lors de sa visite, jeudi.

La MBC, sur qui pèse l’image et la perception d’une station de propagande des différents gouvernements qui se succèdent, provoque le courroux des riverains de la rue Sir Virgil Naz. Ils  dénoncent la teneur des reportages de la station de télévision nationale sur leurs discours durant ces deux dernières semaines. Saninah Caunhye s’insurge contre le fait que “la MBC a délibérément choisi de couper mes commentaires à majorité négatifs à l’égard des autorités ou notre souffrance face à ces évènements, pour privilégier les quelques secondes de discours positifs.” Mohamed Ali Atchia abonde dans le même sens: “En voyant certaines images, j’ai été stupéfait par ce qui paraissait être des montages d’images, histoire de  minimiser l’impact, et qui sont susceptibles de n’être associées qu’aux seules volontés du pouvoir.”

Dans un autre ordre d’idée, les résidents dénoncent les agissements du ministre Étienne Sinatambou qui aurait dû, selon certains, “ne pas mettre les pieds ici si c’était pour agir d’une façon aussi arrogante.” Ces derniers lui reprochent certains propos comme “pa pou capav fer nanien pou linstan, fode atann proze metro fini”, ou pour avoir refusé de suivre une habitante qui voulait lui faire part de ses doléances quant aux problèmes qu’engendrent les détruits dans les rivières. “Je retournerai quand le soleil sera au rendez-vous”, aurait lancé le ministre à la dame.

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