DÉBUT DU QUINQUENNAT : La tâche titanesque du nouveau pouvoir

DR DIPLAL MAROAM

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Les urnes ont parlé et après tout le tintamarre, place maintenant à l’action. Même si le gouvernement n’a pas obtenu de l’électorat un chèque en blanc pour pouvoir modifier la Constitution comme bon lui semble – et c’est tant mieux ainsi –, il possède néanmoins toute la latitude voulue pour mener à bien son programme de développement qui sera bientôt présenté par le président de la République ou l’actuel président par intérim. À propos, qui sera désigné chef de l’État ? Alors que tous les grands partis avaient annoncé lors de la campagne leur éventuel candidat à ce poste, Pravind Jugnauth, lui, n’en a pipé mot. Pourquoi toute cette opacité autour de la plus haute fonction constitutionnelle du pays ? D’ailleurs, sous le précédent gouvernement, de nombreux postes de responsabilité n’avaient pas été remplis.

Il convient de souligner que la réussite de toute administration ou organisation dépend, dans une grande mesure, de la détermination de son chef à prendre les décisions qui s’imposent au moment opportun. Le choix d’un membre d’une équipe qui s’avère inapproprié à un certain niveau de responsabilité doit essentiellement être rectifié sur le champ. Si, lors de sa dernière mandature, le PM n’avait manifestement pas souhaité susciter trop d’animosité ou de controverse au sein de son effectif et de l’électorat en révoquant un membre inefficace, le succès de ce quinquennat qui démarre reposera, d’abord et surtout, sur sa résolution et son habileté de passer des décisions à l’action. Pourquoi, après tout, attendre la fin du mandat pour sanctionner un ministre ou PPS en l’excluant de la députation alors que le remaniement demeure toujours un moyen disponible pour recadrer l’orientation d’une administration ?

Autre dossier brûlant qui attend un traitement en urgence mais qui a été trop longtemps négligé est l’ordre et la sécurité au sein de la société, conditions sine qua non pour le développement et le progrès. La refonte de notre système de police doit débuter par la permission accordée enfin au commissaire de partir à la retraite et la révision de tout l’organigramme et des responsabilités allouées au sein de l’institution. Le statu quo n’est plus une option. L’ex-juge Lam Shang Leen a fait des recommandations importantes en ce qu’il s’agit du combat contre la drogue mais il est malheureux que le manifeste de L’Alliance Morisien en fasse abstraction complète. Au sein de la police comme dans la fonction publique et le secteur du travail dans son ensemble, l’urgence aujourd’hui est la restauration de la conscience professionnelle. Dans quel pays au monde doit-on recourir aux ondes des radios privées pour la résolution des problèmes administratifs ou autres liés à la pension, l’eau, aux drains bouchés, droits des consommateurs, nuisances sonores, au ramassage d’ordures, etc – le nouveau député, seul rescapé orange du No 15, Gilbert Bablee, en sait quelque chose –?

Et il est évident que l’absence d’une Freedom of Information Act – qui a disparu d’ailleurs du radar de L’Alliance Morisien – n’arrange guère la situation, les fonctionnaires étant très frileux de communiquer une information ne serait-ce que la plus superficielle, ne relevant en aucun cas de la confidentialité. Même l’Audit, institution de la haute hiérarchie de l’administration publique, n’est pas épargné par ce verrouillage complet de l’information. Cependant, même avec les contraintes qu’il dit parfois rencontrer pour obtenir les renseignements nécessaires pour rédiger son rapport, le directeur parvient toutefois à faire la lumière sur les gaspillages de l’argent de l’État et les manquements dans les procédures officielles au sein des départements et ministères.   

La lutte contre le gaspillage des ressources publiques justement – autre urgence à laquelle le nouveau gouvernement doit promptement s’atteler. Et il va sans dire qu’un frein à ces malversations et gaspillages – qui reviennent d’année en année dans le rapport et s’élevant à des centaines de millions de roupies – aiderait à financer les nombreuses mesures de séduction annoncées lors de la campagne concernant la pension, le salaire minimal, la taxe municipale, etc. Bref, une tâche titanesque attend le nouveau pouvoir et les méthodes du passé pourraient s’avérer totalement inopérantes durant ce nouveau quinquennat. Cependant, il convient de reconnaître que la nomination enfin d’un ministre des Finances à plein-temps en la personne de Renganaden Padayachy, constitue la rectification d’un sérieux manquement qui n’a que trop duré.

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