DÉCÈS SOUS POLICE CUSTODY D’IQBAL TOOFANY : L’avocat du sergent Persand demande l’arrêt de l’enquête judiciaire

Me Samad Goolamally, représentant les intérêts du sergent Persand, désormais accusé de Murder, a, vendredi matin, en Cour de District de Bambous, demandé, par le biais d’une motion, l’arrêt de l’enquête judiciaire. Il souhaite, à la place, la tenue d’une enquête préliminaire pour statuer les causes du décès d’Iqbal Toofany, 42 ans, mort alors qu’il était en état d’arrestation. Une décision sera prise avant le 26 mars. Par ailleurs, détenu depuis vendredi soir, le constable, Gaiqui, devrait, en présence de son avocat, Me Neelkant Dulloo, être confronté demain aux charges qui lui sont reprochées. Il a été examiné, hier matin, par un médecin de la police sur d’éventuelles traces de blessures ayant une connexion avec le décès d’Iqbal Toofany.
C’est aux alentours de 14h, vendredi après-midi, que les cinq policiers dont le sergent Persand, et les constables Laboudeuse, Gaiqui, Ragoo et Nouma ont été convoqués d’urgence à Central Criminal Investigation Division (CCID) aux Casernes Centrales. Assistés de leurs hommes de lois respectifs, ils ont été informés qu’à la lumière du rapport du Forensic Science Laboratoty (FSL) complémentaire au rapport d’autopsie du Chief Medical Police Officer (PMO), le Dr Gungadin, que la charge provisoire de Torture by Public Official a été révisée en Murder. Les cinq policiers ont tous nié avoir battu et torturé Iqbal Toofany, encore moins d’avoir un lien avec son décès.
Sans compter la version du Star Witness, qui a été entendu par le Central CID, vendredi soir, et qui a participé à une descente sur les lieux au poste de police de Rivière-Noire. Détenus dès lors dans des endroits différents pour éviter “tampering with evidence”, ils ont comparu tous les cinq, vendredi matin, en Cour de District de Bambous. Une comparution qui s’est déroulée sous haute tension dans la mesure où une foule hostile de badauds s’était déplacée pour les accueillir.  Hystériques de colère, les badauds scandaient des slogans peu élogieux tels “assassins, criminels!” La foule était d’autant plus remontée du fait que les cinq accusés ont comparu sans avoir été menottés. ?La police a eu toutes les peines du monde à calmer la foule qui s’est même acharnée sur un véhicule de la CCID. Le calme est finalement revenu après que les cinq accusés aient quitté les lieux sous forte escorte policière et bien encadrés par la Special Supporting Unit (SSU).
Par ailleurs, l’enquête judiciaire, démarrée depuis deux semaines en Cour de District de Bambous sous la présidence du magistrat Dangeot, a révélé que deux des quatre caméras de surveillance à la jonction de Cascavelle ne fonctionnaient pas dans la nuit du 1er au 2 mars. C’est Me Erickson Moneepillay, avocat de la famille Toofany, qui avait présenté une motion pour que les enregistrements soient produits en Cour. Ces enregistrements sont cruciaux dans la mesure où ils permettent de visionner le mouvement des véhicules à l’heure où Iqbal Toofany a été arrêté dans les parages de la Balise Marina.
L’officier de police Jaufeerally dépêché par le Commissaire de police, Mario Nobin, a soutenu que la caméra pointant vers Bambous et Flic en Flac était inopérationnelle en raison des orages et de la rupture de la ligne de communication de Mauritius Telecom entre flic-en-Flac et les Casernes, à Port-Louis.
Rappelé à la barre des témoins, le CI Roshan Kokil du CCID a déclaré que, dans le cadre de l’enquête de police en cours, il n’avait pas encore introduit la requête pour obtenir les enregistrements vidéo à la jonction de Cascavelle. Il a confirmé qu’il n’avait pu visionner les enregistrements des caméras de surveillance à l’hôpital Victoria lorsque son équipe s’y était rendue le 11 mars puisque, suivant la procédure, les données sont effacées après cinq jours.
Il a, de plus, ajouté que la caméra de vidéo surveillance se situant à l’entrée de l’hôpital était, par ailleurs, en panne depuis 3 mois.
Interrogé quant aux raisons ayant poussé un officier à sécuriser la casualty card d’Iqbal Toofany, le CI Kokil a répondu que, dans tout cas d’autopsie, la casualty card est temporairement remise à un officier de police afin que le médecin légiste puisse auparavant avoir une idée de l’identité du défunt. Après avoir précisé que la casualty card se trouvait désormais en sa possession à des fins d’enquête, Me Roshan Santokhee, représentant du DPP, a demandé que des certified copies soient produites en Cour. Le CI Kokil a, par ailleurs, informé la Cour que l’heure à laquelle le patient avait été admis à l’hôpital avait été overwritten, de sorte que l’heure initiale, soit 10h25, apparaisse comme 10h35.
Me Erickson Moneepillay a demandé que les certified copies des daily books et les occurrence books des postes de police de Rivière-Noire, de Bambous et Rose-Hill soient produits.
L’enquête judiciaire sous la présidence du magistrat Daniel Dangeot reprend le mercredi 25 mars à 12h30.
Pour rappel, Iqbal Toofany avait été arrêté lors d’un contrôle de routine par des membres de l’Emergency Response Team (ERS) au volant de sa nouvelle voiture. Comme la vignette d’assurance et la plaque d’immatriculation ne correspondaient pas, et au vue de la découverte de plusieurs objets, dont une scie et trois téléphones portables, Iqbal Toofany, 42 ans, a alors été remis à la CID de Rivière-Noire pour enquête aux petites heures du matin du 1er mars. Il est décédé le lendemain matin alors qu’il se trouvait aux urgences du Princess Margaret Orthopaedic Centre avec des ecchymoses sur le corps. Ses proches dénoucent vivement la brutalité de la part des policiers en service dans la nuit du 1er au 2 mars.

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