DÉCISION DU MPC EXPLIQUÉE: Bheenick s’inquiète du niveau d’endettement du secteur privé

Le gouverneur de la Banque de Maurice a exprimé ce matin sa profonde inquiétude devant le niveau d’endettement des entreprises privées aussi bien que des individus, faisant ressortir que les montants des crédits non performants en pourcentage des prêts totaux accordés par les banques commerciales à ces derniers sont en nette hausse. C’est une situation à corriger rapidement, car elle met beaucoup de « stress » sur le secteur bancaire, a fait comprendre Manou Bheenick qui animait une conférence de presse au lendemain de la décision du comité de politique monétaire de la BoM de maintenir le taux directeur à 4,9 %.
La meilleure chose que la BoM puisse faire dans la présente conjoncture c’est de s’assurer qu’il y a de la stabilité monétaire, financière et économique. Le comité de politique monétaire l’a fait en gardant le taux directeur inchangé, a fait comprendre le gouverneur de la banque centrale. Pour Manou Bheenick, les risques de montée de l’inflation aussi bien que ceux de baisse de la croissance économique ont pesé sur la décision « par vote majoritaire claire » des membres du MPC.
Graphiques à l’appui, Manou Bheenick, qui était entouré de ses deux adjoints Yandraduth Googoolye et Iqbal Belath, s’est référé aux données les plus récentes du Fonds monétaire international et d’autres instances internationales pour démontrer que les prévisions de croissance aux États-Unis, dans la zone euro, au Royaume-Uni et dans les grands pays émergents tels la Chine et l’Inde ont été corrigées à la baisse. « La situation externe est très inquiétante. La baisse de confiance des opérateurs économiques mauriciens telle que démontrée par l’indicateur du climat des affaires établi par la MCCI ne me surprend nullement. Il est normal que nos opérateurs partagent ce sentiment de morosité qui plane sur l’économie mondiale », a déclaré Manou Bheenick.
Le gouverneur s’est aussi appesanti sur ce qu’il appelle la poussée inflationniste avec la hausse anticipée des prix des denrées alimentaires et des produits pétroliers. Le taux d’inflation en progression annuelle (year-on-year inflation), qui était à 4,3 % à fin septembre, maintiendra sa courbe ascendante alors que le headline inflation progressera à une vitesse réduite, mais la donne devrait changer car on ne peut retarder une augmentation des prix des produits pétroliers à la pompe.
Malgré les menaces au plan externe et au niveau de l’inflation, l’économie mauricienne démontre une certaine résilience, affirme Manou Bheenick. Beaucoup de secteurs resteront en territoire positif cette année. « 3,3 % de croissance est une performance tout à fait honorable par les temps qui courent », estime le gouverneur de la banque centrale. Il n’y a pas lieu d’être pessimiste, ajoute-t-il, mais ce qui dérange les autorités bancaires c’est l’augmentation de l’endettement des entreprises et des individus. « Il semblerait qu’il y ait une mauvaise utilisation des crédits qui sont mis à la disposition du secteur privé. On est très inquiet des “non-performing loans” des banques commerciales », a-t-il souligné.
Selon Manou Bheenick, les crédits non-performants (ceux que les emprunteurs arrivent difficilement à rembourser) en pourcentage des crédits totaux accordés par les banques sont passés de 4,6 % à 5,6 % au cours du deuxième trimestre 2012. Les secteurs de la construction et du tourisme et l’industrie manufacturière sont les plus lourdement endettés.
Pour la BoM, une baisse même faible du taux directeur n’aurait pas fait de différence. Dans le passé, a soutenu Manou Bheenick, des baisses de taux d’intérêt n’ont pas produit des résultats escomptés au niveau de la croissance économique, de l’emploi et de l’investissement. Ce n’est pas une nouvelle réduction du taux directeur qui fera remonter ces indicateurs de manière décisive.
Manou Bheenick a cependant donné l’assurance que la BoM fera de son mieux pour contenir autant que possible toute appréciation future de la roupie et préserver la compétitivité de l’économie mauricienne.

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