Déconfinement : À quel point sommes-nous prêts ?

Si le couvre-feu a très certainement porté ses fruits et que durant cinq jours consécutifs, la semaine dernière, le pays a enregistré zéro cas de Covid-19, avons-nous pour autant passé le pic ? À quel point sommes-nous prêts pour le déconfinement ? À en croire le Dr Deoraj Caussy, épidémiologiste et ancien conseiller en épidémiologie et virologie au ministère de la Santé, « à ce stade, on ne peut dire qu’on a atteint le pic ». Il estime le nombre de cas potentiels à environ 20 000. « Quand on enregistre zéro cas, c’est impératif de s’assurer qu’il n’y ait pas de cas qui couvent dans la population ».

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Il souligne qu’un tiers de personnes contaminées ne montre aucun symptôme et juge impératif « d’étendre l’envergure de notre surveillance ». La date du déconfinement doit être guidée, selon l’épidémiologiste, par le paramètre épidémiologique, soit « zéro décès, pas de nouveaux cas pour au moins 14 jours et des tests effectués sur 10% de la population, soit 2 000 tests par jour d’une façon aléatoire ».

De son côté, l’économiste et observateur social, Kugan Parapen, remarque que le télétravail prendra de l’ampleur après la levée du couvre-feu. Il considère que ce concept comporte bien des avantages tant pour l’entreprise que pour la société en général même si « Maurice n’est pas à 100% prête pour le travail de la maison pour l’instant » compte tenu de toute la problématique de la connectivité à Internet. Dans un autre ordre d’idées, il estime que les entreprises devront faire preuve de flexibilité à la reprise sachant que la capacité du transport public sera diminuée de 50% environ, distanciation sociale oblige. D’un point de vue économique, il se dit sceptique quant à un ‘V-Recovery’ et trouve que Maurice est plus vulnérable que d’autres pays à cause de l’ouverture de son économie.

Pour le COO de Business Mauritius, Pradeep Dursun, « le ‘new normal’ sera tout sauf comme par le passé ». Selon lui, le « ‘work from home’ a donné des résultats assez probants ». Il pense tout autant que même après le déconfinement, certaines entreprises adopteront ce concept. Il souligne que « le déconfinement n’est pas une fin en soi mais un commencement à composer avec la menace qui est omniprésente ». Si la solution idéale, dit-il, serait qu’avec « le soutien de l’État, on sauvegarde les emplois », il ne peut s’empêcher de passer outre cette réalité : « certains secteurs passeront par des moments difficiles. Cela sous-entend qu’il y aura des restructurations ». Les deux grands axes sur lesquels se focaliser dès lors, selon lui, sont la préservation des emplois et la préparation de la relance des entreprises.


DR DEORAJ CAUSSY (Epidémiologiste) : « Impératif d’étendre notre surveillance »

La semaine dernière, après plusieurs jours de zéro cas de Covid dans le pays, certains appréhendaient une levée du couvre-feu avant le 4 mai. Serions-nous prêts pour un déconfinement avant cette date ?

Je suis un scientifique sanitaire de santé publique et en cette capacité je vois le confinement comme un pilier clé de la santé publique. C’est une étape principale qui consiste à mitiger l’impact néfaste de la pandémie en achevant trois objectifs : 1) casser la chaîne de transmission, 2) protéger les vulnérables, 3) éviter une surcharge de patients avec des complications de COVID-19 dans les hôpitaux et ne pas effondrer le système de la santé. Alors avant la levée du confinement, il faudra évaluer si on a atteint ces objectifs. Les données épidémiologiques ne montrent pas catégoriquement qu’on a atteint un pic et qu’on a cassé la chaîne de transmission. Si on n’est pas à ce stade, il est inutile de sortir du confinement qui pourrait entraîner de graves conséquences sanitaires car la population croirait que le danger ne nous guette plus et pourrait montrer des comportements très risqués.

La semaine dernière, pendant cinq jours consécutifs, il n’y a pas eu de nouveau cas de Covid-19. Dans la mesure où les tests ne sont pas effectués sur la population entière, peut-on être sûr vraiment qu’il y avait eu zéro nouveau cas ? N’y a-t-il pas une possibilité que d’autres cas couvaient dans la population ?

Pour prouver une probabilité de zéro, c’est quasiment impossible dans la science d’épidémiologie. Alors, quelles sont les probabilités et où en sommes-nous ? J’ai estimé que le nombre de cas potentiels pourrait être de quelque 20 000. Si nous dépistons 325 cas sur 20,000 cas potentiels, la sensibilité de notre surveillance est environ 13%, un chiffre qui est faible. La courbe épidémiologique quotidienne démontre que selon la moyenne mobile, on devrait enregistrer 24 cas le 10 avril, 4 cas le 11 avril, et 4 cas le 13 avril. Or on a dépisté, 4, 1 et zéro cas respectivement ces jours-là. Donc, quand on enregistre zéro cas, c’est impératif de s’assurer qu’il n’y ait pas de cas qui couvent dans la population. Rappelons-le, un tiers de personnes contaminées ne montre aucun symptôme. Ces données nous montrent que notre présent système de surveillance tend vers un manque de sensibilité. Donc, il est impératif d’étendre l’envergure de notre surveillance, il faut tester au moins 10% de la population, c’est-à-dire 2 000 cas par jour d’une façon aléatoire, comprenant toute la population cible. Et, si durant deux périodes d’incubation, c’est-à-dire, 14-28 jours, on arrive à démontrer qu’on est arrivé à une diminution visible du taux d’infection au niveau de la population, on peut dire que le confinement a eu l’impact voulu.

Le gouvernement se penche sur un projet de loi avec des mesures et des sanctions strictes pour accompagner le déconfinement. N’empêche, pensez-vous que les autorités pourront faire respecter la distanciation sociale de mise compte tenu des diverses failles qu’on a vues depuis le couvre-feu ? Un déconfinement hâtif, même avec des mesures strictes, ne risque-t-il pas de nous mener vers une deuxième vague de l’épidémie ?

On sait que le virus est présent chez nous et cherche à se propager parmi les personnes susceptibles. Comme je vous l’ai dit, le but principal du confinement est de casser cette chaîne de transmission. Mais, il faut se rappeler que le confinement n’est pas un vaccin. Au bout d’un confinement, il y aura des personnes susceptibles de contracter le virus et tant que le virus n’aura pas contaminé 60-80 % de la population, le risque d’une deuxième vague est une vraie possibilité. Donc, il faudra complémenter la mesure de distanciation sociale par d’autres mesures de santé publique telles que réguler le flux de la population dans les lieux publics ; promouvoir les gestes barrières, porter des masques et décontamination pour ne pas perdre ce gain sanitaire qu’on a acquis avec tant d’efforts.

Pour quel type de déconfinement pencheriez-vous?

Du point de vue sanitaire, un déconfinement terrassé est idéal car cela nous permet d’évaluer au fur et à mesure et ajuster notre politique de santé basée sur la réalité provenant de la population sur le terrain. Aussi, on ne va pas lâcher autant de gens à la fois, avec beaucoup de personnes contaminées et exposer les vulnérables et la communauté en général. La décision sur la date du déconfinement doit être guidée par le paramètre épidémiologique : zéro décès, pas de nouveaux cas pour au moins 14 jours et des tests effectués sur 10% de la population, soit 2 000 tests par jour d’une façon aléatoire. Et une réduction de patients avec les symptômes respiratoires dans les ‘flu clinics’.

Peut-on dire qu’on a traversé le pic ? Ou serions-nous dans l’œil du cyclone ?

À ce stade, on ne peut pas dire qu’on a atteint le pic. Si nous sommes un peu dans ‘l’œil du cyclone’, regardez ce qui est arrivé au Japon, qui a hâtivement levé le confinement. Et même, traverser le pic est très temporel, car le risque ne disparaît pas tout de suite. Prenons l’exemple de Wuhan où l’on commence à enregistrer une deuxième vague.

Quid de la réouverture de nos frontières ?

La réouverture devrait être vers les pays qui ont passé le pic, qui ont un bon système de surveillance à l’arrivée comme au départ. Quand serons-nous prêts ? D’abord, on doit préparer, anticiper et gérer cette épidémie à Maurice, avec toutes les parties prenantes, sanitaires, non sanitaires, gouvernementales et universitaires. En tant que compatriote concerné et comme ancien expert de l’OMS, je suis disponible pour contribuer à une telle réflexion. On ne peut voir Maurice en isolation. Nous sommes impactés par la globalisation dans tous nos secteurs. C’est vrai qu’on ne sait pas tout sur ce virus, mais on sait déjà qu’il est présent et qu’il se propage à une grande vitesse. Aussi longtemps que le virus est existant et il y a des personnes susceptibles, il y a un risque pour Maurice comme pour le monde. Il reste à voir si ce virus se comportera comme le virus de la grippe et sera saisonnier. Si un vaccin ou des médicaments efficaces sont développés, cela pourrait changer la courbe de l’épidémie. Entre temps, ce sont nos comportements, les gestes barrières qui vont influencer nos risques personnels.


KUGAN PARAPEN (Économiste) : « Le ‘Work from Home’ a beaucoup d’avantages »

La réouverture des institutions scolaires ne serait pas la priorité, les enfants et les personnes de troisième âge étant plus vulnérables. Le problème de garde des enfants surgit. Le ‘work from home’ d’un parent devra-t-il se poursuivre selon vous ?

Il y a des éléments dans la conférence de presse quotidienne du National Communication Committee qui laissent à penser que ce concept peut devenir de plus en plus ancré dans la vie des Mauriciens. C’est un concept qui est déjà très présent dans les pays développés, avant même la crise sanitaire. Il ne faut pas oublier que le ‘Work from home’ a beaucoup d’avantages que ce soit pour l’entreprise elle-même que pour la société en général. Il y a moins d’embouteillage. C’est un peu plus flexible pour tout le monde en termes d’efficacité. Il y a un meilleur équilibre entre vie privée et vie sociale si c’est bien fait. Je pense que toutes les compagnies qui ont pu travailler de la maison pendant le confinement seront probablement les dernières à retourner sur le site du travail. Mais, il y a une majorité de personnes qui ne peuvent pas travailler de la maison.

Le télétravail peut-il avoir un impact négatif sur le rendement ?

C’est une question de discipline. Si à la fin de la journée, le travail est bien fait, quelle que soit la condition dans laquelle il est fait, ce n’est pas un problème. A Maurice, il y a quand même ce sentiment que si on laisse l’employé sans supervision à la maison, il ne va pas ‘deliver’. C’est un contrat de confiance entre l’employeur et l’employé. Je ne dis pas que tous les employés qui travaillent de la maison ont la même efficacité mais je pense que les Mauriciens sont des ‘educated hard workers’. Toutefois, le problème reste ceci : comment faire une démarcation entre vie privée et vie professionnelle, surtout pour les parents qui ont des enfants en bas âge qui ne comprennent pas nécessairement ce qui se passe et pensent que les parents sont en vacances. C’est compliqué de trouver un équilibre. La maison, c’est un espace privé. Qu’est-ce qui devrait primer ? La rigueur du travail ? Somme toute, je pense que le ‘Work from home’ est plus flexible que d’être sur le site du travail. Néanmoins, cela dépend du secteur d’activités. Il y a aussi toute la problématique de connectivité à Internet. Je ne pense pas que Maurice soit 100% adaptée pour le travail à la maison pour l’instant. Mais, cet épisode a quand même ouvert les yeux aux possibilités, surtout qu’on connaît les problèmes de circulation le matin et l’après-midi. Peut-être bougerons-nous vers un système hybride avec l’accord de certaines compagnies pour que les employés travaillent de la maison deux à trois fois par semaine. C’est une ‘win-win’situation.

On parle d’un projet de loi avec des mesures et des sanctions strictes après le déconfinement. N’empêche, pensez-vous que les autorités pourront faire respecter la distanciation sociale nécessaire compte tenu des diverses failles qu’on a vu depuis le couvre-feu. Pour quel type de déconfinement pencheriez-vous ?

Il y a beaucoup d’incertitudes aujourd’hui. Aucun pays ne peut se vanter aujourd’hui d’avoir vaincu le coronavirus. On a pu le contrôler mais on n’a pu jusqu’ici l’éradiquer. C’est une période incertaine. Ce n’est pas dans deux mois que le virus disparaîtra complètement. Peut-être y aura-t-il une deuxième vague, une troisième vague. Je pense que des mesures comme la distanciation sociale, comme dans les supermarchés, doivent être appliquées sur les lieux de travail. Qu’il y ait un à deux mètres de séparation entre les postes de travail. Beaucoup de personnes utilisent le transport public pour aller travailler. Il faudrait penser comment faire pour avoir la distanciation sociale dans ce type de transport. Cela diminuera la capacité du transport de 50%. Il faudra donc plus de flexibilité à la rentrée du travail. Je pense que 10-20% de l’économie devrait se rouvrir, là aussi de manière très réglementée. Ce sera comme un ‘test case’. Il faut un cadre légal mais une population est plus réceptive à un consensus qu’à des sanctions sévères.

Au niveau mondial, c’est l’effondrement économique. Quelles sont vos prévisions pour notre pays pour les prochains mois, voire pour les prochaines années ?

Certainement, il y aura une récession cette année. Il y a une incertitude concernant la relance de l’économie. Est-ce que ce sera 100% et immédiatement dans le monde ou ce sera progressif avec des obstacles ? En tant qu’économiste et observateur social, il n’y aura pas de V-Recovery comme beaucoup de personnes le pensent parce qu’une pandémie n’affecte pas que l’économie mais aussi la psychologie de l’être humain. On parle d’effets post-traumatiques. Je pense que cette pandémie a été un traumatisme pour beaucoup de personnes, surtout les moins fortunées. Une personne qui a fait un accident est beaucoup plus prudente par la suite. Donc, le comportement des gens sera différent. Ils seront plus prudents. Pendant les dix, vingt dernières années, l’économie à Maurice s’est fortement libéralisée et est devenue de plus en plus dépendante de l’économie internationale. Le tourisme et l’offshore sont tributaires de la santé de l’économie internationale. On est exposé à pas mal de secteurs cycliques mondiaux. Par rapport aux autres pays, Maurice est plus vulnérable que la moyenne étant donné la nature de notre économie. Maurice n’a pas connu de récession depuis la fin des années 70. Pour la plupart des générations, cette crise est une première. Il faut qu’on sorte grandi de cette crise et la meilleure approche est la solidarité. C’est un peu le rôle du gouvernement aussi de venir avec des mesures de solidarité et non pas couper et trancher en faveur de certains. Le népotisme en temps de crise est mortel.


PRADEEP DURSUN (Business Mauritius) : « Tout faire pour préserver les emplois »

La semaine dernière, après plusieurs jours de zéro cas de Covid dans le pays, certains appréhendaient une levée du couvre-feu avant le 4 mai. Serions-nous prêts pour un déconfinement avant cette date ?

La période de confinement a été annoncée par le gouvernement. Il a pris en considération l’état sanitaire du pays. Après une période de couvre-feu, le gouvernement avait ses raisons, dans l’intérêt national, de prolonger le confinement. Maintenant qu’il y a une amélioration, c’est au gouvernement de jauger la situation et la décision de la date de la levée du couvre-feu lui revient. Au niveau des partenaires sociaux, nous nous attendons à ce qu’il prenne la décision la plus appropriée.

La réouverture des institutions scolaires ne serait par contre pas la priorité, les enfants et les personnes de troisième âge étant plus vulnérables. Le problème de garde des enfants surgit. Ceux-ci, pouvant être des porteurs sains, doivent éviter d’être au contact des grands-parents. Le ‘work from home’ d’un parent devra-t-il se poursuivre selon vous ?

Le ‘new normal’ sera tout sauf comme par le passé. Certainement, on est tous unanimes qu’il y a des pistes qu’on a explorées durant la période de confinement et qui ont donné des résultats assez probants comme le ‘Work from home’. Même après le déconfinement certaines entreprises, là où c’est possible, pratiqueront toujours une certaine dose de ‘Work from home’. Cela sous-entend qu’avec les ‘flexible work arrangements’, l’occasion sera donnée à ces employés qui ont des ‘caring responsibilities’ de mieux concilier leurs obligations professionnelles avec leurs obligations familiales. La ‘new norm’ dans le monde du travail ne sera pas ‘tout le monde doit être dans les entreprises physiquement’. Il y aura un mélange. Il faudra voir si on peut avoir une dose de ‘work from home’. Au niveau des entreprises, on devrait trouver cette flexibilité pour les employés qui ont des responsabilités.

La pratique du ‘work from home’ depuis le confinement a-t-elle été efficace ?

Selon les retours qu’on a eus de nos entreprises membres, oui. Je ne dirais pas une belle réussite mais une expérience assez concluante. Il y a des petites choses à régler. Le couvre-feu a démarré de manière assez subite et les entreprises n’ont pas eu le temps de se préparer d’un point de vue informatique et de logiciel. Mais, à tête reposée, maintenant, on peut s’attaquer à ces dossiers. Une des conditions sine qua non pour une ‘work from home’ efficace, c’est d’avoir une bonne connexion à Internet. Il y a aussi l’aspect de confidentialité et du coût de l’Internet. Si tout cela est bien réglé, cela fonctionnera bien. Je pense que les entreprises qui s’en sont très bien sorties pendant le confinement continueront à promouvoir le ‘work from home’.

On parle d’un projet de loi avec des mesures et des sanctions strictes. N’empêche, pensez-vous que les autorités pourront faire respecter la distanciation sociale nécessaire compte tenu des diverses failles qu’on a vues depuis le couvre-feu ? Ne risque-t-on pas une deuxième vague de l’épidémie avec un déconfinement trop rapide ?

La période de confinement a été quelque chose de nouveau pour pratiquement tout le monde. On n’a jamais vécu une situation similaire. Après un temps de balbutiement, dans l’ensemble on peut dire que cette période de confinement a été plus ou moins bien respectée. Cette pandémie est loin d’être gagnée. Après la levée du confinement, il faudra savoir vivre avec la menace de ce virus. Il y aura un chamboulement dans nos habitudes actuelles. Le ‘new normal’ devra être une approche plus citoyenne et plus solidaire. Il faut se protéger d’abord et de par nos manières de faire, protéger les autres. Que ce soit dans les entreprises, dans le travail ou dans la vie de tous les jours, le Mauricien devra s’adapter à la nouvelle donne : porter un masque, pratiquer la distanciation sociale etc. Le déconfinement n’est pas une fin en soi mais un commencement à composer avec la menace qui est omniprésente. Quand on regarde des pays qui ont été affectés avant nous comme la Chine, le Japon ou Singapour, on voit qu’il y a eu une deuxième vague quand on a baissé la garde. Il y aura donc des choses qui seront mises en place au niveau des ‘work place arrangements’ comme la distanciation sociale. Les entreprises s’organisent car il y aura tout un changement au niveau des habitudes. On espère que très vite tout le monde s’y habituera.

Au niveau mondial, c’est l’effondrement économique. Quelles sont vos prévisions pour notre pays pour les prochains mois, voire pour les prochaines années ? Avez-vous une idée du nombre de licenciements qu’il y aura ?

Avec la tournure des événements, ces dernières semaines, avec la fermeture de l’espace aérien, on a pu constater à quel point le secteur touristique et hôtelier a été affecté. La fermeture des frontières a certainement eu un impact sur une économie ouverte comme la nôtre. Les secteurs tournés vers le tourisme et l’exportation sont les plus affectés. Certaines entreprises ont été en inactivité pendant le confinement ou alors ont très peu travaillé. Pour beaucoup, le problème de ‘cash flow’ surgira. Il y a des ‘loans’ à rembourser, des salaires à payer… On a eu un soutien du gouvernement avec le ‘Wage Assistance Scheme’, qui est une très bonne initiative. Mais, dans l’ensemble, l’État doit être conscient qu’il y a deux grandes thématiques sur lesquelles se focaliser : la préservation des emplois et se préparer pour la relance. La solution idéale serait qu’avec le soutien de l’État, on sauvegarde les emplois. Mais, certains secteurs passeront par des moments difficiles. Cela sous-entend qu’il y aura des restructurations. On ne veut pas parler de perte d’emploi mais peut-être davantage de mise à pied ou inactivité temporaire. Durant cette période de chômage technique, on va peut-être assurer des formations ou explorer la piste de ‘redeployment’ et se préparer pour qu’à la reprise des activités, on puisse reprendre les employés. Les employés sont, rappelons-le, les ‘intangible assets’ et on ne peut les perdre à cause de la crise. On a discuté avec l’État. Il faut avoir son soutien et on va tout faire pour préserver les emplois.

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