DÉFICIENCE MENTALE: Un programme personnalisé et individualisé pour chaque enfant

L’organisation non gouvernementale Joie de Vivre Universelle dispose depuis quelque temps de son propre centre de thérapie à la rue Barthélemy Ohsan, Beau-Bassin. Ce lieu offre des soins à des enfants atteints de déficience mentale en réunissant les différentes thérapies adaptées à leurs besoins sous un même toit. Il a cependant un cruel besoin d’un moyen de transport.
« Nous accueillons des enfants âgés de trois à dix ans ayant une déficience mentale associée à soit une trisomie 21, soit des troubles envahissants du développement (autisme), soit de grands prématurés (nés avant le septième mois de grossesse) ou à d’autres retards mentaux », explique Uma Sooben-Arnauld, fondatrice/présidente/directrice de Joie de Vivre Universelle (JDVU).
La prise en charge de l’enfant, explique Uma Sooben-Arnauld, commence par un entretien avec les parents (ou un des deux parents) et un membre de l’équipe pluridisciplinaire pour son admission dans le centre de thérapie. « Une période d’évaluation et de bilan est proposée à chaque enfant qui souhaite bénéficier de soins à JDVU. L’enfant est suivi par une thérapeute et une psychologue. À la fin de l’évaluation, l’équipe pluridisciplinaire fait un compte rendu, et un “programme thérapeutique individuel” est établi pour chaque bénéficiaire », élabore-t-elle.
Il n’est pas obligatoire, poursuit la directrice de JDVU, que l’enfant aille aux quatre thérapies (psychomotricité, ergothérapie, orthophonie et physiothérapie). « Les thérapies proposées seront déterminées par l’équipe pluridisciplinaire en complément avec les attentes des parents dans la mesure du possible. »
Une fois admis au centre, l’enfant a un emploi du temps fixe chaque semaine. « Cela lui permet d’avoir une semaine rythmée pour ses soins, lui offrant alors des repères dans le temps hebdomadaire. Nous avons constaté que des thérapies régulières jouent un grand rôle dans le progrès de l’enfant et le suivi à la maison qui est très important », indique Uma Sooben-Arnauld. « Pour une bonne prise en charge du jeune, un bilan médical complet et un bilan psychologique sont cependant indispensables », insiste la directrice de JDVU.
Le centre de JDVU dispose de quatre salles de thérapie : psychomotricité/physiothérapie, ergothérapie, éducation spécialisée et trois salles multisensorielles – blanche, noire et de lumières – qui, comme l’explique Uma Sooben-Arnauld « éveillent le sens des enfants ». « Les thérapeutes travaillent en équipe de deux ou de trois », indique la directrice du centre.
Bhavna Sunnassee, l’orthophoniste du centre, explique qu’elle « incite l’enfant à s’exprimer, à travers des photos, par exemple ». Et à Reshma, l’ergothérapeute, d’indiquer : « De par des exercices ciblés, j’essaie de rendre l’enfant autonome dans ses “self-care activities” de tous les jours, comme s’habiller, se brosser les dents, nouer les lacets de ses chaussures… »
Spécialiste de la méthode ABA (voir encadré), Caroline d’Argent se dévoue également aux petits du centre. « Mon travail consiste à mettre en place un cadre qui permet à l’enfant autiste de progresser », explique-t-elle. « Pour le bon progrès de l’enfant, nous insistons qu’il soit accompagné par un des parents ou autres personnes », affirme Uma Sooben-Arnauld.
Reas Elaheebaccus dit avoir observé un énorme progrès chez son fils qui fréquente le centre depuis un mois et demi. « À quatre ans, il a des problèmes de langage mais on note désormais qu’il fait montre de plus d’attention quand on lui parle », explique-t-il.
Si Uma Sooben-Arnauld se dit satisfaite du fonctionnement du centre de thérapie, elle a néanmoins un gros souci : il lui manque un véhicule pour transporter les enfants. « Tous les parents ne disposent pas d’un moyen de transport. Un véhicule nous aurait permis de les emmener au moins de l’église Sacré Coeur au centre », indique-t-elle. À bon entendeur…
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Applied Behavior Analysis
Les enfants qui se développent de façon « normale » apprennent spontanément dans leur environnement (apprentissage du jeu, du langage, des relations sociales). Les enfants autistes sont quant à eux capables d’apprendre mais dans un cadre particulièrement structuré, dans lequel les conditions sont optimales pour développer les mêmes compétences que les autres enfants acquièrent naturellement.
L’Applied Behavior Analysis (Analyse Appliquée du comportement) concerne les règles de mise en place de ce cadre et est fondée sur des principes scientifiques et expérimentaux. Elle se compose essentiellement de deux types d’enseignements :
L’enseignement « structuré », assis au bureau ainsi qu’un apprentissage scolaire classique. L’apprentissage est décomposé initialement en séances, répétées en successions rapides (Essais Distincts Multiples) jusqu’à ce que l’enfant réussisse à répondre correctement sans guidance ou aide particulière.
Chaque essai ou étape consiste en :
1. une demande ou directive donnée à l’enfant pour qu’il effectue une action
2. un comportement ou réponse de l’enfant
3. une conséquence/réaction de l’intervenant
Toute réponse ou ébauche de réponse correcte est renforcée positivement c’est-à-dire suivie immédiatement par quelque chose de plaisant pour l’enfant (jouet, bravo, …) et toute autre chose est ignorée ou corrigée de façon neutre.
L’enseignement « incidental » qui s’applique partout (à l’école, à la maison, à l’extérieur…) et à tout moment. Il s’agit de guider l’enfant :
1. lors d’activités, de jeux, de loisirs afin de l’aider à jouer, à expérimenter et à découvrir son environnement
2. lors des moments propices à l’apprentissage de l’autonomie personnelle comme les repas, la toilette, la propreté…,
3. lors des moments concernant l’autonomie et l’intégration sociale comme les repas en collectivité, les activités de groupe, les sorties en société…
Durant tout apprentissage, il est primordial de toujours tenir compte de la motivation et des intérêts de l’enfant pour qu’il prenne plaisir à apprendre et à découvrir ce qui l’entoure. C’est le moteur même de sa réussite et de ses progrès.
Les parents pourront participer activement en recevant conseils et orientations du psychologue et du personnel encadrant, et éventuellement une formation spécifique pour pouvoir appliquer le programme à domicile dans un but de généralisation, de continuité et de cohérence. 

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